Leçons optimistes d'un confinement digital réussi

Un nombre considérable d'entreprises ont dû massifier le recours au télétravail pour faire face à la crise sanitaire. L'adaptation des nouvelles technos est une victoire de l'Homme plutôt qu'une victoire de la technologie.

En deux jours ou en deux mois, un nombre considérable d’entreprises partout dans le monde ont dû massifier le recours au télétravail pour faire face à la crise sanitaire et protéger leurs collaborateurs. Peu importe le niveau d’habitude en la matière, il a fallu faire bien et, de préférence, vite.

La star, médiatique, de cette période a été la visioconférence, autant pour le débat éternel David start-up contre Goliath géants du numérique, que pour les craintes sur les capacités réseau. En fait, le match n’a pas eu lieu. La start-up a séduit par sa capacité d’innovation, le grand public notamment. Les géants du numérique ont offert robustesse et sécurité aux entreprises. Les uns et les autres améliorant leurs produits grâce au jeu de la concurrence entre eux.

A l’échelle de la société toute entière, d’autres stars se sont révélées. Des métiers de l’ombre sont apparus pour ce qu’ils sont : essentiels. Les caissières, les conducteurs de bus et de métro, les livreurs, tous ceux qui permettent aux activités fondamentales de continuer. Dans l’entreprise, j’ai observé le même phénomène. Comment gère-t-on la paie avec tout le monde en télétravail ? Le paiement des fournisseurs ? L’arrêté des comptes ? Et la question centrale : comment gère-t-on le télétravail généralisé et ses besoins techniques quand tout le monde est en télétravail, y compris les équipes IT ? Les fameuses fonctions support devaient tenir et elles en ont tenu ! Il me semble juste au moment où nous tournons cette page de rendre hommage à ces hommes et ces femmes de l’ombre, le technicien IT, le responsable de la paie, le comptable, dont le rôle n’est pas toujours valorisé à la hauteur de leur importance dans l’entreprise. Cela signifie qu’il faut, même en temps ordinaires, apporter grand soin à la qualité dans ces fonctions et investir sur ces compétences et les technologies qui les font vivre. La crise venue, c’est tout l’édifice de l’entreprise qui repose sur eux.

Je retiens pour ma part trois points essentiels.

Depuis une dizaine d’années, avec la démocratisation du smartphone, la diffusion du haut puis du très haut débit, la digitalisation d’une part croissante de la consommation ou encore les réseaux sociaux, le digital est présent à chaque instant dans le quotidien personnel des Français. L’expérience était acquise pour la plupart d’entre nous, et nous disposions des infrastructures pour passer au télétravail comme d’ailleurs à la télémédecine.

Du côté des entreprises, deux technologies ont été clés : l’identification et le cloud.

L’identification d’abord. Le secret du travail distanciel réussi est la compréhension que la certification de l’identité et l’accès du collaborateur à son espace de travail numérique et à ses outils sont une seule et même chose. Les technologies sont disponibles mais pas toujours déployées. La différence s’est vue immédiatement entre ceux qui ont dû organiser la pénurie sur leurs accès VPN et ceux qui étaient prêts.

Le cloud ensuite. Je ne peux que me réjouir d’avoir choisi de véritables solutions cloud qui permettent à tous nos collaborateurs à travers le monde d’accéder à leurs documents et leurs logiciels. Même si le terme est connu de tous, certaines entreprises ont eu à souffrir d’être encore à l’époque des logiciels installés sur les PC et des données sur le "commun" ou le "réseau". Il faut reconnaître la grande qualité technique des clouds aujourd’hui commercialisés.

La technologie est pleine de promesses. La mobilité, le distanciel, la décentralisation à l’extrême des usages, la visioconférence, tous étaient des horizons depuis au moins 20 ans. C’est aussi dans le même temps, un tapis roulant qui marche à l’envers. Différer des investissements et vous n’êtes pas à l’arrêt. En fait vous reculez. Ces deux réalités conjuguées rendent les investissements technologiques de long terme peu aisés à intégrer à un business plan. Identifier puis implémenter ces technologies critiques est pour moi la tâche centrale de l’aventure digitale et de celui/celle qui en a la charge. D’une part, cela requiert de la clairvoyance dans ce qu’il convient de normer et de standardiser au niveau central, et ce qu’il faut laisser au terrain. D’autre part, il faut avoir gagné, sur la base de son expertise, la confiance de ses collègues de la direction générale pour financer et mener ces chantiers.

Néanmoins, ce qui m’a le plus frappé dans cette période n’est pas le digital. Si cela s’est si bien passé malgré la vitesse et l’échelle de ce passage au télétravail, c’est qu’en réalité cela faisait bien longtemps que les conditions techniques étaient réunies – ou en tout cas disponibles – pour le mener de façon satisfaisante. Le déclic, comme les freins qui le précédaient, relèvent donc du facteur humain. Inquiétant ? Non, plutôt rassurant en fait.  Finalement nous sommes bien plus en contrôle de notre destin digital que nous le pensions. Bonne nouvelle pour tous les techno-optimistes dont je continue de faire partie !