Télétravail : l'infrastructure ne doit plus être perçue comme un centre de coût mais comme un investissement

Le télétravail a-t-il vocation à devenir la norme ? Ou s'agit-il d'une simple parenthèse enchantée ? Car, si d'un point de vue humain, les travailleurs l'ont semble-t-il testé et approuvé ; d'un point de vue technique, sa mise en œuvre pendant la crise sanitaire a parfois relevé du système D.

Au sein des entreprises, quelle que soit leur taille, les infrastructures n’étaient pas prêtes à affronter un tel tsunami. Augmentation exponentielle des besoins en équipements informatiques, des demandes de connexions à distance, des capacités réseaux, ou encore gestion des accès à des données confidentielles, etc. font partie des défis auxquels les services IT ont dû apporter des réponses en un temps record. En France, selon les chiffres du Ministère du Travail, on estime à 5 millions le nombre de personnes à avoir télétravaillé depuis le début du confinement, soit un quart des salariés français. Et une importante partie d’entre eux devrait conserver ce mode de travail pour les mois à venir. Voire plus si affinités. Des entreprises comme Google ou Salesforce ont d’ailleurs ouvertement communiqué sur le sujet et s’en font l’étendard.

En finir avec une vision court-termiste

Quel a été l’impact du télétravail sur les infrastructures (back-office, réseau, disponibilité, environnement hybride, postes de travail…) pendant la crise et quel sera l’impact du télétravail à long terme sur celles-ci ? On peut légitimement et on doit impérativement se poser la question car le système D de la crise - de par son essence même - n’a pas vocation à perdurer. Les digital labs, tant plébiscités par les organisations pour attirer les jeunes talents, ne sont pas en mesure d’apporter une réponse appropriée. Les infrastructures nécessaires à la bonne mise en œuvre du télétravail à grande échelle ne peuvent pas se limiter à de simples extensions numériques des postes de travail.

Pour des raisons financières et de rentabilité court-terme, la transformation digitale concerne toujours en priorité les métiers ; or l’infrastructure doit elle aussi se digitaliser pour permettre aux entreprises d’être "télétravail-ready". Il est aussi urgent qu’elle ne soit plus considérée comme un frein au time to market. Il est tout aussi urgent de prendre en considération que le télétravail ne sera plus réservé à une élite de VIP au sein des entreprises. Alors qu’en temps “normal”, on évalue à 3% la proportion de salariés qui travaillent à domicile au moins un jour par semaine, demain, ce mode de travail sera la norme dans 60 à 70% des organisations. Tous ces changements de paradigme doivent désormais devenir une priorité. La modernisation doit embarquer dans ses wagons l’infrastructure et capitaliser sur des modèles agiles. 

D’un point de vue technique, l’infrastructure ne représente pas un problème en tant que tel. Ce qui va transformer le sprint souhaité en une course de fond, c’est le chantier de mise à niveau de tout ce qui est impacté ou va être impacté par le besoin de télétravail généralisé. Car bien au-delà de la question d’une éventuelle nouvelle vague de confinement, le télétravail ne va cesser de monter en puissance. La crise a été un véritable révélateur des faiblesses et a permis de mettre à nu les fragilités d’une infrastructure qui ne serait pas cloud-native.

Bien plus que de la simple location de data centers

Qui dit télétravail à grande échelle, dit postes de travail mobiles, qui doivent dans la majorité des cas être fournis par l’employeur et enregistrés. Qui dit télétravail dit aussi VPN pour accéder au réseau interne, services pour l’authentification à distance, et sauvegardes des données. Car le télétravail démultiplie les besoins et les contraintes. Il représente également une prise de risque supplémentaire vis-à-vis de ce qui a de la valeur pour l’entreprise comme ses données, et dont il faut se prémunir. L’infrastructure doit supprimer les disparités d’équipements et de performances. Depuis longtemps, les services IT ont identifié les signaux faibles et compris quels étaient les besoins en la matière. Ils savent aussi que les décisions relatives à l’infrastructure concernent et impactent un nombre important d’interlocuteurs au sein de l’entreprise, de départements différents, et que c’est en partie pour cette raison que la métamorphose peut ressembler à un parcours du combattant. Mais l’infrastructure reste cantonnée à une charge financière non prioritaire par les métiers. Ces derniers privilégient le cas par cas et valident des enveloppes budgétaires pour des projets IT ad hoc au lieu de privilégier une approche itérative pour favoriser la scalabilité de leur infrastructure. Pourtant cette dernière s'avérait bien plus rentable dans la durée, notamment dans le cas où d’un nouvel épisode tel que nous venons de connaître, car elle permettrait de fortement réduire les interruptions d’activités dans le secteur tertiaire. Au sein des organisations, seules 26% des entreprises prennent en compte la cybersécurité dès la planification de toute nouvelle initiative business. Les challenges imposés à l’infrastructure sont similaires à ceux imposés à la sécurité dans l’entreprise où seulement 13% des organisations l’envisagent en mode “by design”.