"L'Europe d'après" : numérique et souveraine !

Dans le cadre de la Conférence sur l'avenir de l'Europe lancée à l'occasion de la Fête de l'Europe le 9 mai, les citoyens européens sont invités à faire savoir ce qu'ils attendent de l'Europe de demain.

Affirmer son indépendance technologique, renforcer la régulation de la data, adapter la réglementation pour faciliter le passage à l’échelle de projets innovants, établir les conditions d’un marché unique du numérique : les défis sont multiples pour l’Europe digitale. La Commission européenne s’est engagée dans un projet ambitieux d’une Europe numérique au centre duquel la souveraineté est un levier pour l’innovation.

"Reconnecter des citoyens désabusés au projet européen" : cet objectif de la consultation lancée dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe du 9 mai doit aussi s’appuyer sur la capacité de mobilisation portée par le numérique. Si tout ce qui peut être digitalisé sera digitalisé, l’ambition de souveraineté numérique devient un pilier majeur d’une Europe forte car innovante. Ainsi, à l’heure de la construction de la société post-Covid, la nécessaire redéfinition des chaînes de production de notre industrie par exemple, en intégrant la 5G, le big data, l’intelligence augmentée, la robotique, les objets connectés, est une condition sine qua non de la viabilité – mais aussi de la crédibilité – de l’objectif de relocalisation de certaines activités stratégiques. 

Gage de notre indépendance et de notre présence dans la compétition internationale, le numérique est aussi le pilier de la création d’emplois, de l’attractivité et de l’inclusion des territoires. Proposer une alternative européenne aux modèles américains ou chinois est une urgence pour l’indépendance européenne.

Certes, l’Europe accuse un certain retard face aux géants américains et chinois : dépenses en Recherche & Développement, financements pour aider au passage à l’échelle de start-up, entrepreneurs innovants, monétisation plus faible liée à la difficulté de consolider un marché unique, absence de leaders dans des pans entiers de l’industrie… Mais rien n’est joué et l’Europe a toutes les cartes en main pour construire un projet industriel digital, inclusif et responsable.

Soutenir les acteurs européens

Tout d’abord, l’Europe doit s’appuyer sur la force de son socle de valeurs démocratiques associées aux spécificités de sa réglementation. En imposant des règles, normes et certifications, avec des adaptations, elle favorisera l’émergence d’une réelle concurrence tout en garantissant la protection des données personnelles. Ainsi, l’Europe et les États membres doivent réserver une part des commandes publiques aux jeunes pousses du marché intérieur qui actuellement ne peuvent être éligibles par manque de références. Cette adaptation de nos réglementations actuelles est primordiale pour le passage à l’échelle des start-up en plus des financements.

Viser l’excellence

L’Europe doit se positionner offensivement dans les batailles technologiques de demain : investir dans la recherche et prioriser les technologies d’avenir afin de ne pas disperser les moyens disponibles. Par ailleurs, la mise en commun des données non personnelles, et des données personnelles anonymisées, par nos champions industriels permettrait de proposer non seulement des services et solutions haut de gamme mais aussi de nouveaux modèles économiques facilitant l’innovation. L’accès aux données territoriales est également indispensable pour maximiser la collaboration à renforcer entre des acteurs privés et publics autour par exemple des projets d’aménagement de nos villes.

Miser local

Face à une Europe trop souvent divisée, il faut s’appuyer sur les États moteurs, notamment la France et l’Allemagne, pour développer des offres souveraines communes. Favoriser les conditions de la mise en visibilité des pépites développées en local par des entrepreneurs innovants, intégrer en amont la demande pour structurer l’offre constituerait assurément un coup double en permettant aux petites entreprises de se positionner sur des projets industriels et publics, de se faire connaître des décideurs et investisseurs.

Éduquer et former au numérique

Enfin, l’Europe numérique exige de mettre en place un véritable programme d’éducation et d’apprentissage au digital. Les humanités du numérique concerne non seulement l’enseignement initial pour préparer les compétences de demain mais aussi la formation continue. En effet, nous devrions désormais vivre plus de 10 vies professionnelles différentes au cours d’une même carrière. Il est donc essentiel d’accompagner les transitions à venir.

Ces propositions sont issues des travaux de la Commission Souveraineté Numérique menée par l’IDATE DigiWorld en 2020, dans le cadre de son DigiWorld Summit qui réunit chaque année les décideurs politiques et économiques autour des grands enjeux du numérique.