Comment la crise financière impacte-t-elle le secteur IT ? "C'est un schéma de rupture qui se met en place en France avec l'ouverture croissante à l'offshore"

nicolas marry (directeur commercial - avanade)
Nicolas Marry (Directeur commercial - Avanade) © Avanade

A quel niveau évaluez-vous l'impact de la crise actuelle sur les sociétés françaises du secteur financier ?

La banque-assurance représente 30% de notre activité. Si, pour l'assurance, on ne ressent aucun impact, il en va autrement pour la banque d'affaires. La tendance est clairement à la baisse des investissements, de l'ordre de 30% pour l'année prochaine. Les banques baissent déjà leur volume de contrats en régie.

Conjointement, nous constatons l'émergence de nouveaux projets au sein des établissements financiers, et notamment dans les domaines de la sécurité des infrastructures, la gestion des identités, le risk management, mais aussi les projets permettant de rapprocher les données du front et du back-office. Les clients privilégient les investissements sur des périodes courtes, dans les domaines métiers et offrant un ROI business.

D'autres tendances émergent-elles en matière de projets IT dans les banques ?

La dernière tendance lourde que nous identifions, c'est la volonté de certaines directions générales de pousser les chefs de projet à faire appel à des projets multisite. Pour cela, elles se tournent plus vers des sociétés positionnées dans l'offshore, disposant de localisations dans plusieurs pays de façon à baisser les coûts.

"Les ambitions de réduction des coûts sont de 30%"

C'est un schéma de rupture qui se met en place en France avec l'ouverture croissante à l'offshore et au nearshore. Avec des ambitions de réduction des coûts de 30%, et parfois plus pour certains acteurs, sans pour autant renoncer aux projets, cette stratégie représente une tendance lourde. Cela se réalise par la création de structures internes implantées notamment en Asie, ou en s'appuyant sur des prestataires présents sur ces zones.

Cette évolution dans les pratiques des banques vous impacte-t-elle ?

Nous avons la chance d'avoir déjà des structures multisite, avec la moitié de nos consultants travaillant dans des pays où nous n'avons pas de représentation commerciale. Il s'agit notamment de l'Inde, des Philippines, de Malaga en Espagne ou de Casablanca.

Si nous faisions moins appel à ces structures pour les besoins des entreprises européennes, c'est en cours d'évolution. Je pense que les sociétés disposant d'implantations offshore sont les mieux parties pour passer la crise.

"La taille des effectifs dans les entités offshore va augmenter"

Nous n'avons donc à l'heure actuelle aucune inquiétude sur notre activité en 2009. La croissance des technologies Microsoft dans les SI des grandes entreprises se poursuit. Avec ce positionnement exclusif sur l'intégration Microsoft, nous ne relevons aucun ralentissement de la croissance.

Votre stratégie de marché reste-t-elle par conséquent inchangée ?

Il n'y a pas de scénario de rupture chez Avanade. Il est question d'évolution. La taille des effectifs dans les entités offshore va augmenter et le renforcement des projets multisite est amené à s'accélérer. Néanmoins, cette année, nous restons sur une tendance équivalente entre les postes créés localement et ceux utilisés dans les structures offshore.

En termes d'offres, avec le lancement des technologies Windows 2008 incluant l'outil de virtualisation de Microsoft, les projets de virtualisation vont encore plus se développer dans le cadre de la rationalisation des datacenters. C'est un domaine que nous allons investir plus encore.

Enfin, la réduction des dépenses dans la banque est accompagnée d'une croissance supérieure dans les autres secteurs, sur lesquels nous réalisons 70% de notre activité. Nos nouveaux investissements, en solutions techniques et en développement commercial, couvriront ces secteurs où les entreprises sont actives dans les projets IT.