Comment la crise financière impacte-t-elle le secteur IT ? "La crise pourrait être, paradoxalement, moteur de croissance"

philippe lemaire (directeur solutions  - telindus)
Philippe Lemaire (Directeur Solutions  - Telindus) © Telindus

Comment ressentez-vous chez Telindus la crise financière actuelle ?

La première réaction a été une réaction de crainte de constater une chute des budgets, surtout dans le domaine bancaire qui représente une part importante de notre activité, de l'ordre de 25%. Il y avait donc un risque réel que la crise affecte notre business de manière négative.

Passé ce premier émoi, et après réflexion, les conséquences ont été relativisées, notamment parce que les banques françaises, sans doute plus régulées que leurs homologues américaines, subissent bien moins les effets de la crise financière.

En outre, cette problématique de régulation, amenée vraisemblablement à s'accentuer, va amener de nouvelles opportunités. Je pense entre autres au renforcement dans les projets de mise en œuvre des réglementations, au conseil, à l'intégration de la sécurité et à l'optimisation du stockage, qui hors crise auraient pu prendre plus de temps.

La crise pourrait donc être, paradoxalement, moteur de croissance ?   

Oui. En matière de sécurisation par exemple, les banques vont devoir renforcer la sécurité, notamment pour l'enregistrement des transactions dans les salles de marché, avec sans doute à la clef la mise en place d'équipements spécifiques qu'il faudra alors intégrer.

"Les réductions budgétaires vont également appeler le déploiement de nouvelles technologies"

Les réductions budgétaires vont également appeler le déploiement de nouvelles technologies destinées à améliorer l'efficacité des équipes. C'est par exemple le cas dans les domaines de l'accès client, des centres d'appels multimédia ou de la visioconférence. En effet, compte tenu de la tendance actuelle de réduction d'effectifs dans les agences bancaires, l'accès à des spécialistes financiers centralisés par le biais de la visioconférence fait sens.

Les communications unifiées, la télévision sur IP, l'affichage dynamique pour la diffusion d'information vers les clients des agences sont d'autres opportunités complémentaires et des investissements. La téléprésence, à l'échelle 1 donc, permet aux dirigeants de communiquer sans de coûteux déplacements. C'est aussi pour les banques l'occasion d'adopter concrètement une démarche Green IT. 

Des opportunités existent, mais les banques sont-elles prêtes à investir ?

Elles ont bien entendu été au creux de la vague au début de la crise, par manque de visibilité sur les impacts pour elles. Mais finalement la demande est toujours là, même si les acteurs de la finance restent prudents. Nous sommes donc relativement optimistes quant à notre activité d'ici à la fin de l'année.

"Tout ce qui est lié au datacenter, fait partie des préoccupations des banques"

Les banques vont se recentrer sur leur métier. L'informatique, qui est pour elle un outil central, devrait être plus naturellement externalisée. C'est une autre opportunité pour nous qui disposons de centre opérationnels et proposons des solutions de management des systèmes. De manière générale, la haute disponibilité, la performance des réseaux, la virtualisation, globalement tout ce qui est lié au datacenter, font partie des préoccupations des banques à l'heure actuelle.

Quelles ont été les décisions stratégiques de Telindus pour accompagner les entreprises durant la crise ?

Depuis plus d'un an à présent, nous avons engagé une réflexion sur le métier de nos clients. Mieux comprendre leurs besoins doit nous permettre d'être plus pertinent et de les accompagner plus efficacement. C'est vrai pour la banque, mais aussi pour le secteur de la santé, très porteur en matière d'amélioration des systèmes d'information. Les aspects liés à la crise s'inscrivent dans cette orientation.

N'avez-vous pas aussi la tentation de la prudence et de l'attentisme ?

Non, pas particulièrement. La prudence a plus souvent des effets négatifs que positifs. Nos clients de la finance rencontrent une crise. Leurs besoins sont par conséquent différents, sachons nous adapter.

Nous sommes donc en pleine période d'évolution de notre offre. En période de crise, il nous paraît bien plus pertinent de diversifier nos prestations. La crise a même joué un rôle d'accélérateur. Nous préparons ainsi une offre autour du datacenter. Prévue initialement pour courant 2009, elle devrait être opérationnelle dès le début de l'année.