SAP : Leo Apotheker prié de quitter le navire

Après 20 ans de service, le récent directeur général du spécialiste de l'ERP est remercié. Relation avec les clients, communication interne, focus sur la marge et l'innovation : SAP veut revoir toute sa stratégie.

A la surprise générale, Leo Apotheker, 56 ans, quitte SAP. Selon les termes d'un communiqué publié par SAP, Leo Apotheker et le Conseil de surveillance de SAP ont décidé d'un commun accord de ne pas renouveler le contrat du directeur général. Le départ du dirigeant est immédiat, bien que son contrat courait jusqu'en avril 2010.

Arrivé chez SAP en 1988, Léo Apotheker avait été nommé CEO en avril 2008. A cette époque, il succédait à Henning Kagermann, un des fondateurs de SAP.

Il cumulait depuis un an les rôles de président et de directeur général.

Une surprise donc, mais il faut dire que l'année 2009 n'a pas été bonne pour l'entreprise, puisque son chiffre d'affaires a reculé de 8%, à 10,67 milliards d'euros. L'américain Oracle, principal concurrent de l'entreprise allemande, annonçait dans le même temps que ses parts de marché avaient progressé.

Ce sont deux dirigeants de SAP, Bill McDermott et Jim Hagemann Snabe, déjà membres du conseil exécutif de SAP, qui prennent sa relève. Vishal Sikka, directeur technique, entre également au conseil exécutif.

Des relations tendues avec Hasso Plattner

Les changements vont donc bon train chez SAP puisque la semaine passée c'était Pascal Rialland, directeur général de SAP France depuis 4 ans, qui quittait le navire. Il est remplacé par un cadre en provenance d'IBM, Nicolas Sekkaki.

De source officieuse, il était connu que Léo Apotheker entretenait depuis plusieurs mois des relations tendues avec Hasso Plattner, co-fondateur de SAP et président du conseil de surveillance.

En plus de ce conflit de personne, les relations entre SAP et ses clients s'étaient considérablement tendues ses derniers mois avec une hausse des frais de maintenance logicielle, imposée aux utilisateurs. L'entreprise a d'ailleurs fait machine arrière sur ce point, devant la grogne de ses plus gros clients, réunis en association.

Enfin, l'ambiance en interne s'était passablement dégradée, et nuisait à la remontée de l'information. Au cours d'une conférence de presse tenue cette après midi, Hasso Platner a admis que la récente enquête de satisfaction réalisée auprès des employés avait fait éclater au grand jour les multiples difficultés qui émaillent l'organisation.

Néanmoins, il a assuré qu'il était optimiste quant à l'année 2010, et que l'entreprise allait se concentrer à la fois sur l'innovation et la marge brute, arguant du fait que cette stratégie était la seule possible.

A ce sujet, SAP espère pouvoir présenter une nouvelle base de données au sommet d'Orlando, en mai prochain. Par ailleurs, toujours sur le thème de l'innovation, SAP prévoit de nombreux changements sur l'utilisation de ses produits, et ce en lien avec le développement du cloud computing et des mega centres de données.

Enfin, face au risque que représente une double gouvernance, Hasso Platner a assuré que cela avait déjà été le cas dans le passé dans leur entreprise et que cela s'était bien passé. Il a par ailleurs fait une analogie avec la concurrence : " Les meilleures années d'Oracle et de Microsoft ont été des années ou la direction de ces entreprises étaient des duos, avec Bill Gates et Steve Ballmer par exemple ".