Yammer : un réseau social d'entreprise entre Twitter et Facebook

Yammer : un réseau social d'entreprise entre Twitter et Facebook Avec près de 100 millions d'euros levés depuis sa création, Yammer se distingue dans le paysage en construction des RSE. Concurrente de Jive et Chatter, la solution a franchi le cap des 4 millions d'utilisateurs fin 2011.

Conçu fin 2008, Yammer est à l'origine un "simple" outil de microblogging. Mais depuis, il s'est considérablement enrichi d'un point de vue fonctionnel. Objectif : jouer dans la cour des grands du réseau social d'entreprise. "Yammer est la solution qui illustre complètement le chemin de progression vers l'entreprise 2.0 en optant pour une approche centrée sur l'utilisateur", explique Arnaud Rayrole, directeur général de Lecko.

Yammer est proposé en trois versions, dont une première (fremium) gratuite qui a largement contribué à son succès. Sa version Business (5 dollars par utilisateur et par mois) propose des options de personnalisation et une gestion avancée en termes d'administration et de sécurité. Enfin, une version Entreprise pour les organisations de plus de 100 utilisateurs propose l'intégration à SharePoint, Salesforce.com et d'autres applications métier.
 

Aujourd'hui présent dans plus de 200 000 entreprises dans le monde - parmi lesquelles figurent Deloitte, Ford, Rakuten (maison-mère de Priceminister), Telefonica O2 ou Thomson Reuters -, Yammer a dépassé les 4 millions d'utilisateurs pour un chiffre d'affaires qui a été multiplié par trois entre 2010 et 2011.

Si la société ne communique pas sur son chiffre d'affaires, elle est en revanche plus à l'aise pour évoquer ses levées de fonds. Et elles sont impressionnantes. Yammer est en effet parvenu à lever début mars 85 millions de dollars auprès de DFJ Growth, Meritech Capital Partners, Capricorn Investment Group, Khosla Ventures, et plus d'une demi-douzaine de ses actionnaires historiques.

Une levée de fonds qui succède à plusieurs tours de table qui lui avaient permis déjà depuis 2010 de lever successivement 25 millions de dollars (US Venture Partners), 10 millions de dollars (Emergence Capital) et 17 millions de dollars (auprès de Social+Capital, un fond qui appartient à Chamath Palihapitiya, membre du directoire).

Une tête de pont en France se fait encore attendre

Au-delà d'une belle assise financière qui lui a permis de développer son outil (avec à la clé un mur d'activité à la Facebook, un outil de sondage...), Yammer mise aujourd'hui sur le développement à l'international. Fin 2011, la société a ainsi étendu sa force de frappe en Europe avec la nomination de Georg Ell au poste de responsable d'activité pour la zone EMEA, et de Mike Grafham au poste de Head of Customer Success. Mais, une tête de pont en France se fait encore attendre.

Une prise en mains qui pourrait pâtir d'un enrichissement fonctionnel

Yammer peut également compter sur un solide top management. Ancien directeur des opérations de PayPal, David Sacks, son P-DG et fondateur, ne manque jamais de multiplier les actions pour faire parler de sa société. La dernière en date a été de rebondir sur l'annonce de l'attaque en justice de Yahoo! contre Facebook, en proposant au personnel du portail, via Twitter, de rejoindre la société dans les deux mois en s'engageant à octroyer un bonus de 25 000 dollars. Un bon moyen en somme d'allier communication explosive et recrutement de compétences de haute volée.
 

David Sacks est épaulé par Adam Pisoni, co-fondateur et directeur technique de Yammer, et peut compter sur un conseil d'administration plutôt bien fourni. Le président fondateur de Facebook, Sean Parker, siège en effet au conseil d'administration de Yammer aux côtés d'autres pointures de la Silicon Valley parmi lesquels Chamath Palihapitiya (ex-vice-président en charge du développement international de Facebook) et Rick Lewis (ex-responsable de la stratégie et du développement chez Autodesk).

Placé dans la catégorie des solutions leaders par le cabinet Forrester (dans son rapport "The Forrester Wave : Mobile Collaboration, Q3 2011") et nommé par IDC comme l'éditeur innovant à surveiller en 2011, Yammer dispose donc de sérieux atouts pour séduire les entreprises, face à ses concurrents directs Jive et Chatter (Salesforce).

Mais, il affiche aussi quelques faiblesses. "Yammer héberge ses données aux Etats-Unis. Elles sont donc soumises au Patriot Act américain, ce qui peut s'avérer pénalisant pour les entreprises, notamment françaises", fait savoir Arnaud Rayrole chez Lecko. "Ce qui a fait le succès de Yammer, c'est sa simplicité mais à force de vouloir s'étoffer avec de plus en plus de modules complémentaires, cette solution pourrait finir par devenir plus difficile à prendre en main".