Laurent Seror (directeur général opérationnel d'Agarik) Laurent Seror (Agarik) : "Avec le Raman, nous divisons par deux la latence"

Le directeur général opérationnel d'Agarik explique pourquoi la technologie Raman, habituellement utilisée en sous-marin, l'a séduit sur un projet terrestre de mise en place de fibre optique.

Vous avez mis en place sur votre réseau de fibre optique une technologie dite de pompe à Raman. Pourquoi avoir choisi un tel système ?

Nous avons un gros centre de production en province et nous voulions le raccorder via fibre optique à notre réseau. Il était desservi par la délégation de service public local mais sur un plan technique, il n'avait pas la richesse que nous désirions. Il était peu compétitif sur les technologies Internet, notamment du point de vue du débit. D'où la création d'une ligne fibre optique de 400 kilomètres pour relier ce centre.

Nous avons choisi un prestataire, Ekinops, pour travailler à l'amplification du laser contenu dans la fibre optique sur le parcours de la ligne. La technologie classique oblige à placer des relais tous les 80 km. Avec la pompe à Raman, on utilise trois fois moins de relais, soit trois pompes, à 10 000 euros l'unité, pour 6 shelters (ndlr. les équipements qui contiennent les pompes à Raman) précédemment. C'est un coût marginal par rapport à l'économie que nous faisons.

A l'origine, cette technologie, plus chère que l'équipement classique, était réservée aux câbles sous marins. Mais avec la baisse du coût de l'acquisition de cette technologie, des acteurs comme Ekinops la proposent pour un prix qui devient compétitif.

"Avec la pompe à Raman, on utilise trois fois moins de relais"

Cette technologie va t-elle remplacer les amplificateur que l'on trouve aujourd'hui sur les réseaux ?

Les opérateurs qui disposent d'un réseau de fibre optique sont déjà équipés avec des amplificateurs tous les 80 kilomètres. La technologie Raman est bien moins chère que précédemment ce qui incite à l'utiliser sur les nouvelles lignes, mais les anciennes lignes ne seront pas équipées je pense. Bien sur, tout dépend de l'évolution du marché, mais on va naturellement vers le Raman car en terme de TCO (ndlr : coût total de possession), on divise par trois le nombre de shelter, et par deux le TCO réseau.

Concrètement, quels sont les avantages techniques, et les inconvénients de cette technologie ?

En sortie de shelter, le laser est tellement puissant que si une poussière est présente sur les 50 premiers kilomètres, elle brûle la fibre, et détruit la structure. Cela demande une exigence de qualité de l'équipement supérieure à la qualité normale, et des compétences de maintenance particulières. Il faut que la qualité de fibre soit assez souple, et puis nous faisons de l'épissurage pour gagner en qualité. En fait, la qualité de l'installation supporte un delta moindre.

Quand nous avons fait les premiers essais, il a fallu changer quelques connecteurs de fibre, mais nous nous y attendions. Et puis nous avons du adapter nos reflectomètres, qui étaient calibrés sur 80-100 kilomètres.

Mais au final, nous obtenons le même débit qu'avec une ligne WDM classique, avec moins d'équipement intermédiaire, et on gagne en latence au niveau des équipements de relais. Nous passons de 13 ms à 7 ms, on divise par 2 la latence, et ça, c'est un avantage considérable.