Eric Archambeau (Wellington Partners) "Entre Spotify et Deezer, nous avons choisi le premier"

Actionnaire de Spotify via le fonds d'investissement paneuropéen Wellington Partners, Eric Archambeau revient sur les objectifs du service de musique en ligne.

JDN. Au-delà de la qualité d'une équipe dirigeante, quelles sont vos filtres de sélection dans vos dossiers ?

eric archambeau2
Eric Archambeau, General Partner de Wellington Partners © Fabrice Deblock - JDN

Eric Archambeau. Il y a toujours un aspect pratique et théorique lorsqu'on discute avec un entrepreneur et évidemment, on se trompe parfois. Mais il faut quoi qu'il en soit que l'équipe soit capable de passer facilement d'un plan A à un plan B, car dans tous les cas le plan A ne marche jamais. Ces transitions, autrement appelées pivots, peuvent être plus ou moins dramatiques. Mais quand elles se déroulent bien, elles illustrent l'aspect pratique des talents des entrepreneurs ou de leurs équipes. Car il faut qu'un entrepreneur ait en permanence l'ouverture d'esprit pour recruter des talents meilleurs qu'eux-mêmes, capables d'instaurer une culture d'entreprise favorable à l'innovation.

C'est ce qui vous amené à investir dans Spotify ?

Nous savions que le secteur de la musique en ligne allait décoller. C'est la raison pour laquelle nous avons rencontré presque toutes les sociétés européennes de ce marché. On a passé beaucoup de temps avec l'équipe fondatrice de Deezer en 2008 mais entre Spotify et Deezer, nous avons choisi le premier, pour les raisons expliquées plus tôt. Les équipes de Deezer n'avaient pas les moyens de leurs ambitions. C'était en 2008 et ça nous paraissait difficile de croire en l'équipe à ce moment. Nous sommes donc rentrés dans Spotify à l'été 2009, au cours d'un tour de table de 50 millions de dollars.

Où se dirige Spotify aujourd'hui ? Envisagez-vous une cession de la société ?

Spotify poursuit son expansion géographique et les indicateurs sont très bons : en Scandinavie, 80% de la population utilise le service et la moitié paye pour cela. Quand on observe les tendances pays par pays, on se rend compte que l'adoption du service est la même partout. Avec Spotify, nous sommes sur une stratégie à long terme.

La philosophie des principaux actionnaires est la même. Tout comme Google n'avait pas d'urgence à s'introduire en bourse, Spotify doit d'abord prouver la solidité de son marché avant de rentrer sur les marchés. Mais ce n'est pas pour tout de suite et si cela arrive, ce sera pour favoriser la sortie de certains investisseurs et apporter davantage de notoriété à la société.

Le britannique Yplan vient de lever 12 millions de dollars. Vous aviez investi il y a quelques mois près d'un million de dollars dans cette start-up. Qu'est-ce que propose cette application ?

Yplan est une application de réservation d'événements à la dernière minute. En fonction de votre profil, de vos amis Facebook et de vos préférences, l'application est capable de vous proposer des événements près de vous pour vous aider à décider quel concert ou quel film vous pouvez aller voir. Le marché adressable de la start-up se monte à 50% des évènements qui sont organisés dans le monde. Yplan prépare le lancement de son application sur le marché américain. Elle est déjà utilisée par 200 000 personnes à Londres et est valorisée un peu moins de  10 millions de dollars. Sa valeur ajoutée est d'amener ses utilisateurs à participer à des évènements auxquels ils n'auraient jamais pensé.

Diplômé de L'Université de Santa Clara, de Berkeley, Stanford et titulaire d'un doctorat de l'Université de Grenoble, Eric Archambeau a cofondé RightPoint en 1993 avant de créer TradingDynamics en 1998 et eGroups, racheté en 2000 par Yahoo. Il rejoint Benchmark Capital en 2000 après un passage chez Atlas Venture. Chez Wellington Partners, il a mené des investissements dans Goom Radio, HootSuite, Spotify ou encore Import.io.