Petit lexique à l’usage des grands groupes et des start-up

Start-up et grands groupes essayent de travailler ensemble, mais encore faut-il pour cela se comprendre. Ce lexique permettra aux deux parties de lire entre les lignes...

Pour la grande entreprise, la start-up représente le rêve impossible d’innover sans les contraintes internes.  Pour la start-up, le grand groupe, c’est la perspective de moyens illimités et de la notoriété instantanée. Mais le langage entre les deux n’est pas toujours partagé.

Une fois l’euphorie du premier rendez-vous passée, un long chemin de croix attend la start-up. Dans l’aventure, elle risque de s’épuiser à courir après des chimères. La première condition du succès, c’est déjà de se comprendre car les mots n’ont pas toujours le même sens.

Souvent jeunes et peu formés au contexte des grands groupes, les entrepreneurs s’exposent à de cruelles déceptions en prenant au pied de la lettre le discours de leurs interlocuteurs.

Ce que dit la grande entreprise

Ce que comprend la start-up

Ce qui se passe réellement

Nous voulons travailler avec vous.

Nous allons être millionnaires.

1 chance sur 20 de réussir ?

On va signer rapidement.

Ils signent avant la fin de la semaine.

Un accord sera peut-être signé…. Un jour...

On vous demandera quelques modifications.

On commence quand ? 

6 mois de travail acharné au minimum.

Je vais vous faire rencontrer l'informatique.

Entre geeks, on devrait s’entendre.

L’enfer, c’est les autres.

Le juridique est dans la boucle.

Ce n’est plus qu’une formalité.

Jusque là, c’était la partie facile.

A contrario, le langage des entrepreneurs peut paraître obscur pour le cadre de grand groupe formaté par des années de culture maison. Les chefs d'entreprises ont les défauts et les qualités de leur jeunesse. Capables de beaucoup mais pas toujours réalistes.

Ce que dit la start-up

Ce que comprend la grande entreprise

Ce qui se passe réellement

 

Notre solution prend tout en charge.

Trop beau pour être vrai ? 


 

C’est prêt dans une semaine.

Ils sont rapides et agiles.

Tout est possible… le meilleur ou le pire.

Nous allons dirsrupter le marché.

Ils vont tout casser.

 

Nous lançons un MVP avec un TTM très court .

Que veut-il dire ?

 
   

Travailler ensemble, c’est possible !

Avec des succès variables, les grands groupes ont commencé à apprivoiser les start-up. La réussite passe par un accompagnement, du savoir-faire, mais aussi de la patience.

Définir un cadre éthique est une condition sine qua non du succès. Soyons francs, l’open innovation peut virer à l’arnaque. Certaines entreprises vampirisent les idées et l’énergie des start-up, en imposant des collaborations totalement asymétriques.

Témoin de cette expérience, le site Ligne-en-ligne qui raconte : "Cette chaîne de télévision bien connue nous a demandé de créer un programme de coaching complet avec une marque dédiée. En échange, nous aurions bénéficié de quelques publicités télé à 3 heures du matin. Ils voulaient aussi la propriété de notre code. Nous avons décliné évidemment, comme tous nos concurrents à qui ils ont essayé de faire le coup". Ces approches sont évidemment vouées à l’échec.

Nommer un médiateur, à l’image de ce qu’a fait l’incubateur Orange Fabs est aussi décisif. Son rôle sera de porter la bonne parole en interne. Il doit aussi protéger les start-up contre la grande entreprise qui risque de les étouffer sous son poids. Le médiateur doit pousser les équipes internes à travailler plus vite. Il doit aussi cadrer leurs exigences afin de s’adapter aux moyens forcément limités de la start-up.

Ces conditions réunies, l’open innovation peut réellement s’avérer gagnant et pour l’entreprise et pour la start-up. A condition de savoir se parler.