Que devient Docker ?

Que devient Docker ? Six mois après avoir cédé son produit star à Mirantis, quelles sont les perspectives de Docker ? Quid de sa stratégie et de sa feuille de route.

En novembre 2019, Docker annonçait la cession de son produit phare (Docker Enterprise) à l'un de ses principaux concurrents, Mirantis. Le Californien révélait dans le même temps avoir bouclé une levée de fonds de 35 millions de dollars. Objectif affiché : se recentrer sur les développeurs. La start-up fondée par le Français Solomon Hykes ne donnait alors pas plus de détails. Depuis, 300 de ses 370 salariés ont basculé chez Mirantis. En mai 2020, ce dernier a lancé la version 3.1 de Docker Enterprise. A la clé : l'évolution de la plateforme d'architecture containérisée vers Kubernetes 1.17, et une meilleure gestion des architectures Windows. Quant à Docker, il a depuis nettement clarifié sa stratégie et sa feuille de route.

L'offre de Docker se résume désormais à trois piliers, tous issus des technologies historiques de l'éditeur : Docker Desktop, Docker CLI et le Docker Hub. Très prisé des développeurs, le premier est un environnement open source de création d'architectures applicatives containerisées. Il s'installe sur PC ou sur Mac et exécute en local l'orchestrateur Kubernetes. Quant à Docker CLI, il regroupe une série d'outils additionnels, sous forme de plugins open source. Parmi eux, Docker App permettra de packager un logiciel multi-services dans un container unique et Docker Compose de définir des applications Docker multi-containers. Troisième pilier, le Docker Hub est le service cloud de repositories d'images Docker qui a fait la notoriété de la start-up dès 2014.

Derniers chiffres sur l'utilisation de la technologie Docker au niveau mondial. © Docker

A ce jour, le Docker Hub compte pas moins de 6 millions de référentiels d'applications et 5 millions d'utilisateurs. Les images de containers les plus recherchées sur la plateforme ? MySQL, Ngnix, Ubuntu, Python, Nodejs, PHP, CentOS, Jenkins, Java ou encore Redis. En janvier dernier, le Docker Hub a passé le cap des 8 milliards de téléchargements (ou pull) mensuels.

"Nous travaillons beaucoup à la modernisation du Docker Hub sur lequel repose notre modèle économique"

Dans sa version gratuite, le service automatise les scans de sécurité, les builds applicatifs et le pilotage de webhooks. Ses versions payantes, tarifées 7 et 9 dollars par utilisateur et par mois, ouvrent accès à la parallélisation des builds, au role based access control et à la gestion d'équipes en nombre illimité.

"Nous travaillons beaucoup à la modernisation du Docker Hub sur lequel repose notre modèle économique", confie Jean-Laurent de Morlhon, vice-président software engineering chez Docker. "Nous pourrions envisager de l'ouvrir à d'autres types d'artefact, par exemple à des templates Docker générant des Docker Files pour des langages particuliers." Parmi les projets inscrits à la feuille de route du provider : rendre Docker Compose plus véloce et mieux intégré au Docker Hub. "Nous avons publié son code source et créé une gouvernance ouverte pour associer la communauté à ses futures évolutions", souligne Jean-Laurent de Morlhon (lire le post officiel).

Windows pour Linux 2.0

En collaboration avec Microsoft, Docker planche également sur une nouvelle mouture de Docker Desktop taillée pour bénéficier de la version 2 du sous-système Windows pour Linux (WSL2). Intégrant un noyau Linux complet, cette dernière permet de faire tourner une distribution Linux sur Windows avec des performances proches d'une installation native. "L'intégration de WSL2 à Docker Desktop contribue à optimiser le temps de déplacement des codes sources depuis le système de fichiers Windows vers un container Linux", explique Jean-Laurent de Morlhon. Disponible en bêta, cette nouvelle version de Docker Desktop est suffisamment stable pour être utilisée, précise le porte-parole.

Comptant à ce jour 70 salariés, avec plusieurs recrutements d'ingénieurs logiciels en cours, Docker est installé sur trois sites : Cambridge, Palo Alto et Paris. "La R&D, qui représente la moitié de l'effectif, est basée à 60% en Europe", indique Jean-Laurent de Morlhon. Une équipe qui parvient visiblement à faire perdurer l'aura de Docker. Preuve que la société n'a rien perdu de sa popularité : son dernier événement annuel, la DockerCon, qui se tenait le 28 mai dernier au format virtuel, a drainé plus de 78 000 participants.