Les tendances du cloud en 2023 : vers une mutation du secteur ?

Au regard des nombreuses mutations que la société rencontre en cette fin d'année, il est légitime de se demander comment le marché du cloud va réagir face à l'inflation, la peur de la récession, les bouleversements géopolitiques ou les enjeux écologiques…

D'après la dernière étude réalisée par Gartner, en 2023 les dépenses IT en Europe devraient atteindre les 1,3 milliard de dollars, ce qui représente une augmentation de 3,7% par rapport à 2022. Celle-ci s’expliquerait notamment par la hausse des dépenses liées au cloud dans le budget IT des entreprises. Dans le même temps, au regard des nombreuses mutations que la société rencontre en cette fin d’année, il est légitime de se demander comment le marché du cloud va réagir face à l'inflation, la peur de la récession, les bouleversements géopolitiques ou encore les enjeux écologiques… Ces problématiques placent en effet les entreprises face à de nouveaux défis, quel que soit leur secteur d’activité. Alors, quelles tendances se dessinent pour le cloud en 2023 ?

Méthode de stockage des données : réorienter l’approche de sauvegarde 3-2-1

La règle de sauvegarde 3-2-1 qui stipule que les entreprises doivent disposer de 3 copies de données, sur 2 supports différents, dont 1 est conservé hors site, est aujourd’hui remise en question. En effet, les fournisseurs de cloud computing ont fait évoluer leur offre de stockage de telle sorte que la durabilité des données atteint désormais les 99,999999999 % : statistiquement, une entreprise qui stockera un million de fichiers de 1 Mo perdrait un fichier tous les 659 000 ans. Dans les faits, l’approche de sauvegarde 3-2-1 améliore certes la disponibilité des données (dans le cas où un datacenter tombe occasionnellement en panne), mais dans le même temps crée une réplication supplémentaire de celles-ci.

Pour maximiser l’approche de stockage en 2023, les entreprises devront chercher à adopter une stratégie de stockage agile, en corrélation avec les enjeux de disponibilité et de sensibilité des données, sans faire exploser les coûts. Néanmoins, celles qui souhaitent disposer de la plus haute disponibilité, une sauvegarde primaire facilement accessible pour une restauration rapide, complétée d'une ou de plusieurs copies de sauvegarde à d’autres endroits pour davantage de sécurité, reste une option envisageable. Celle-ci suppose toutefois de payer pour deux copies (ou plus) dans le cloud, ce qui ne se révèle pas forcément nécessaire au regard des performances actuelles.

Cybersécurité : davantage de stratégies de sauvegarde basées sur le cloud

Selon le baromètre du CESIN, une entreprise française sur deux a été victime d'une cyberattaque en 2022. La dépendance au numérique, pour soutenir le développement des environnements de travail hybrides, et notamment l'utilisation d'outils SaaS, entraîne une croissance continue des volumes de données dans les entreprises. Tout cela a fait des entreprises les nouvelles cibles préférées des cybercriminels. 

Les cyberattaques ne cessent de trouver de nouvelles failles. C'est pourquoi de nombreuses entreprises mettent en place des stratégies de sécurité qui ne se limitent pas qu’à la prévention et à la détection, mais aussi à la protection, la sauvegarde et la restauration des données. En 2023, le cloud pourrait devenir un outil important pour parfaire les stratégies de protection contre les cyberattaques. En effet, de plus en plus de DSI s’appuient sur le cloud. En pratique, les copies secondaires et tierces peuvent être répliquées rapidement et stockées dans plusieurs régions, sans que les entreprises n'aient à acheter ni à déployer des infrastructures matérielles localement. Les organisations peuvent également compter sur les caractéristiques de stockage immuable des fournisseurs de cloud, pour s’assurer que les fichiers et objets sensibles ne soient pas manipulables.

Selon les prévisions en matière de cybersécurité pour 2023 (dixit le  rapport annuel de prévision des menaces de Trellix), les fonctions de gestion et de protection des données dans le cloud (réplication décentralisée, verrouillage d'objets, immuabilité) sont amenées à devenir des usages de plus en plus importants pour les départements informatiques. Dans la lutte constante contre les pertes de données et les temps d'arrêt dus aux attaques de ransomwares, toutes les mesures de précautions sont essentielles.

Le contexte économique : peut-il impacter durablement la tarification du cloud ?

Ces deux dernières années, le cloud a joué un rôle central et pionnier dans la transition numérique de nombreux aspects de la société tels que le rapport au lieu de travail, à l’éducation ou encore à la santé. Néanmoins, le contexte économique actuel laisse planer le doute d’une possible récession en 2023, ce qui inquiète les entreprises.

Les hyperscalers, pour maintenir leurs marges, sont contraints de facturer à leurs clients des frais de sortie et d'API. Cependant, à mesure que les entreprises réduisent leurs budgets informatiques à cause de la pression économique, elles déplacent leurs données vers des fournisseurs moins chers. L'année 2023 pourrait marquer le début d'une nouvelle ère en matière de tarification des services d'infrastructure cloud. Les entreprises seront plus attentives à l’impact des changements de prix potentiels chez leur fournisseur de stockage cloud et choisiront leur service en fonction de ce critère.

Après deux années de pleine expansion pour le cloud, l’année 2023 devrait marquer le début d’un nouveau chapitre pour le secteur devenu plus mature, à la fois en termes de service et d’utilisation. En effet, le cloud est aujourd’hui la norme en matière de stockage, et ce, pour les entreprises de toutes tailles. Outre les tendances qui se dessinent pour l’année à venir, la régulation en matière de stockage de données, les enjeux écologiques et transition numérique n’ont pas fini de challenger l’évolution du secteur.