Marché de l'IoT en France : tous les chiffres

Marché de l'IoT en France : tous les chiffres

L'IoT s'est ancrée dans les préoccupations des entreprises françaises. Retrouvez toutes les données sur les usages, les réseaux les plus répandus, à quelle étape de déploiement les entreprises en sont ou encore les budgets alloués.

Quel est le nombre d'objets connectés en France ?

A l'échelle mondiale, il y avait 14,4 milliards d'objets connectés en 2022, selon le cabinet d'études de marché américain IoT Analytics. En France, dans une étude parue en janvier 2022, l'Ademe et l'Arcep estiment à 244 millions le nombre d'objets connectés. Mais en connaître la part exacte en France n'est pas une mince affaire. "Il n'y a pas de chiffre pour la France pour la simple raison que personne ne s'accorde sur la définition exacte d'objet connecté", analyse Aymeric Buthion, en charge du marketing et de l'animation territoriale au sein du groupe Caisse des Dépôts, qui a travaillé sur un rapport portant sur les réseaux IoT en zone peu dense. L'IoT représente pour le distributeur français EBDS Wireless & Antennas "un marché d'environ 30 millions d'euros" sur le territoire à fin 2022, "un montant assez faible car le marché est très fragmenté", souligne Fabrice Aligand, son directeur commercial.

L'IoT se pense davantage par segment d'activité. L'industrie manufacturière, les utilities et la smart home sont les trois principaux marchés en France.

Les compteurs communicants sont considérés comme l'objet connecté le plus déployé, puisque près de 60 millions d'appareils sont installés en France depuis 2021. L'électricité se digitalise le plus vite avec 35 millions de compteurs Linky posés. "Sur les 25 millions de branchements de compteurs d'eau individuels en France, 60% sont communicants. Il s'en pose 1,5 million par an sur le marché français", précise Arnaud Heteau, directeur de publication du site monreseaudeau.fr.

La maintenance prédictive et l'asset tracking sont les deux applications les plus importantes dans l'IoT en France. Selon une étude OnePoll réalisée en février 2021 pour le fabricant allemand reichelt elektronik, 75% des décideurs français interrogés dans la tech ont recours à de la maintenance prédictive pour leur production.

Quels sont les réseaux les plus utilisés ?

Le choix du réseau IoT dépend de l'usage voulu. Ainsi, "il n'est pas nécessaire de connecter une VMC en Wifi, qui offre une large bande-passante, quand son usage basse consommation peut se faire en Zigbee", souligne Patrizio Piasentin, sales manager chez Silicon Labs (lire notre fiche Réseau IoT : quel protocole choisir pour ses objets connectés ?).

Selon l'étude du JDN pour la réalisation de l'infographie "La galaxie IoT", la 4G, le LoRaWAN et le Bluetooth sont les réseaux les plus utilisés en France en 2023. Mais la tendance est à la multi-connectivité, et les acteurs français de l'IoT proposent en moyenne à leurs clients huit réseaux de communication différents, la palme revenant au fabricant Schneider Electric, qui peut faire communiquer ses appareils avec 22 protocoles distincts.

D'après l'enquête du JDN réalisé début 2023, le réseau LoRaWAN gagne en importance. © Magali Talneau

Pour la majorité des acteurs interrogés, le NB-IoT et la 5G vont développer davantage les applications IoT. "Il y a une attente de structuration du marché avec la 5G", assure Aymeric Buthion, de la Caisse des Dépôts. Une attente confirmée par la quatrième édition de l'étude Révélations IoT 360, publiée en juin 2023.

Comment se répartissent les plateformes IoT ?

Sur la centaine de projets français analysés en 2022, la moitié disposent de leur propre plateforme IoT. © Media dell'Arte

Pour stocker et analyser les données remontées par les objets connectés, il est nécessaire de se doter d'une plateforme IoT. Plus de 620 plateformes existeraient dans le secteur, selon IoT Report. Quelles sont les plus populaires sur le marché français ? "La réponse à cette question est très compliquée car la pénétration varie en fonction des couches logicielles. Une plateforme est un agrégat de plusieurs couches. Ainsi, sur la partie PaaS, Microsoft Azur et AWS dominent tandis que sur la sécurité, Thalès fournit la plateforme la plus répandue. Au final, les plateformes ne sont pas comparables entre elles car elles apportent des fonctions différentes, du device management à la sécurité, en passant par les applications analytiques", explique Ouassim Driouchi, senior manager chez Bearing Point. Sans oublier que la majorité des entreprises élaborent leur propre plateforme IoT, indique l'étude Révélations IoT 360 menée en 2022.

Du côté de l'infrastructure, 67% des entreprises utilisatrices misent sur un équilibre informatique entre une architecture centralisée et une en local. "Un mix est privilégié pour répondre aux problèmes de couverture et pour développer de nouvelles typologies d'application en temps réel", explique Cyrille Chausson, senior analyst chez IDC. 

Quelle est la répartition des acteurs dans l'IoT ?

Pour aiguiller les utilisateurs finaux qui cherchent des partenaires en fonction de leurs besoins, le JDN a réalisé une infographie interactive de l'écosystème IoT en France en 2023. Après deux mois d'enquête, menée entre février et avril 2023, le JDN a obtenu 576 retours. Dans l'animation ci-dessous, vous pouvez consulter les usages et les réseaux de communication utilisés par chacun des acteurs recensés, ou, dans une démarche inverse, trouver les entreprises en fonction de ces deux critères. Vous pouvez également voir en un coup d'œil quels sont les usages et les réseaux les plus répandus.

Galaxie IOT

La réalisation de l'infographie a permis de dégager la répartition géographique des acteurs français. L'Île-de-France reste la région où les entreprises IoT sont les plus implantées (207 entreprises sur les 576 répondants, en majorité à Paris et dans le 92), suivie de l'Occitanie (77 répondants, principalement à Toulouse et à Montpellier) et l'Auvergne (75 répondants, répartis entre Grenoble et Lyon). En Outre-Mer, trois entreprises ont répondu présentes. 

Où en sont les industriels dans leur projet IoT ?

Si le déploiement de l'IoT en entreprise ne s'est pas fait selon le raz-de-marée annoncé, l'ensemble des clients se sont montrés intéressés par la technologie et passent à l'échelle depuis le début de l'année 2023. En 2022, 27% des projets en étaient au stade de POC et 10,5% au passage à l'échelle, la tendance s'est inversée en 2023 avec 15% de POC et 24,7% de déploiement, d'après la quatrième édition de l'étude Révélations IoT 360.

La crise sanitaire du coronavirus puis la pénurie de composants en 2022 ont marqué un frein aux déploiements des projets, de nombreuses entreprises choisissant de recentrer leurs investissements sur leurs priorités. Conséquence : la France accuse un retard dans l'adoption de l'IoT, selon les données d'Eurostat, présentées par Statista. Avec 22% des entreprises utilisant des objets connectés en 2021, la France fait moins bien que la moyenne de l'UE (29%).

Quels usages pour l'IoT ?

La galaxie IoT met en avant un intérêt grandissant en 2023 pour le smart building, conséquence de la crise énergétique. Les projets les plus répandus restent liés à la gestion des espaces et des consommations énergétiques. 

D'après le sondage du JDN réalisé début 2023, la crise énergétique encourage les déploiements IoT. © Magali Talneau

Quels budgets dans l'IoT ?

L'IoT continue d'intéresser fortement les acteurs, dont une bonne partie prévoit d'augmenter l'enveloppe consacrée à la technologie malgré la crise, révèle une étude menée par IDC entre septembre et décembre 2022 pour l'entreprise de services numériques Kyndryl. 48% d'entre elles ont déclaré maintenir un budget stable par rapport à l'année dernière et 43% augmenteront l'enveloppe, dont la moitié de plus de 10%, "ce qui est considérable et crée un réel dynamisme", estime Cyrille Chausson, senior analyst chez IDC. 

De son côté, l'étude Révélations IoT 360 a tenté d'établir le coût d'un projet IoT par étape, soulignant le coût d'un passage à l'échelle à ne pas négliger : 

Focus sur la sécurité

La sécurité est l'un des sujets phares de l'IoT. Les attaques contre les objets connectés ont augmenté de 31% au premier semestre 2023, selon les données d'Armis, distributeur de solutions de cybersécurité. Elle concerne deux volets : 

  • Le marché de la sécurité : les professionnels tout comme le grand public sont friands de caméras connectées pour surveiller leurs biens. En France, selon Statista, le revenu du marché de la sécurité est passé de 92 à 156 millions d'euros entre 2017 en 2020 et devrait atteindre 378 millions d'euros en 2025.
  • La sécurisation des équipements : l'objet connecté le plus piraté est la caméra. Digital Security, le CERT dédié à la sécurité des objets connectés, rappelle que lors de sa toute première attaque en 2016, le botnet Mirai a affecté plus de 168 118 caméras connectées en France. En cause, les caméras connectées les plus répandues sont généralement peu chères, avec des mots de passe par défaut non mis à jour et donc peu sécurisés. "Ce sont des équipements avec une bonne bande passante, ce qui les rend intéressants pour les attaques par déni de service", explique thomas, Gayet, directeur de Digital Security. "Les caméras ne sont plus des appareils avec seulement un flux d'images sortant mais comprennent aussi des commandes entrantes. Il faut les considérer comme des ordinateurs", ajoute de son côté Stéphane Reytan, directeur général de BlueTrusty, l'entité cybersécurité d'ITS Group.  

 Conscients de l'enjeu de la sécurité, les acteurs adoptent diverses mesures, comme le chiffrage des communications. Dans son étude Révélations IoT 360, Media dell'Arte a demandé aux répondants d'en donner les détails, répertoriés dans l'infographie ci-dessus.