Bonnes feuilles : "Quand Google défie le droit" Google TV : des poursuites en vue ?

Google TV ou la TV connectée :
un séisme en préparation sur la planète télévisuelle ?

Depuis son annonce en mai 2010, Google TV suscite des inquiétudes du côté des chaînes de TV et des fournisseurs d'accès Internet qui entendent protéger leur pré carré. Un nouveau séisme en préparation ? À l'aide d'un boîtier développé en partenariat avec Logitech, Sony et Intel, Google TV vise à amener le Web sur le téléviseur qui devient alors une "TV connectée". Au passage, les fonctionnalités qui font le succès de l'Internet... et de Google, notamment les outils de recherche et le navigateur Chrome, seront offerts aux téléspectateurs. Lorsque le service sera opérationnel (en 2011 ?), le téléspectateur pourra naviguer sur l'Internet depuis son téléviseur, ce qui permettra par exemple de télécharger des films, d'afficher un slide show, de jouer à des jeux vidéo. L'irruption de Google dans le salon de télévision (alors que Google s'est jusqu'à présent occupé de l'espace bureau, où trône le PC, et du "bureau mobile", à savoir le smartphone) ne plaît pas à tout le monde.

On peut parier que la familière grille de programmes va disparaître au profit d'une nouvelle intermédiation proposée par des logiciels. Cette nouvelle info-médiation par Google pourrait reléguer dans l'ombre les programmes qui apparaissaient bien en vue sur les grilles classiques. Les chaînes TV craignent de voir leur échapper des revenus publicitaires, car Google pourra gérer comme il l'entend la publicité sur les écrans d'accès de Google TV. Certains opérateurs du câble se demandent si les téléspectateurs ne vont pas délaisser les abonnements TV au profit d'abonnements à l'Internet.

Les producteurs et créateurs se sentent aussi menacés car ils se financent pour partie par les chaînes qui soutiennent la création et par les revenus reversés par les câblodistributeurs classiques. Aux États-Unis, les grands networks TV (ABC, CBS, NBC et Fox), ainsi que Viacom ont décidé de refuser l'accès de leurs émissions à Google TV. Il faut dire que, fidèle à sa politique de la course technologique, Google a d'abord annoncé son nouveau produit TV avant de discuter avec les médias audiovisuels. Le vice-président de l'association allemande des radiodiffuseurs privés (VPRT) se pose aussi la question de savoir si le modèle d'affaires des diffuseurs est remis en cause. "Puiser dans le contenu et faire de l'argent" sur le dos des autres, cela ne va pas ! Et, à l'instar des associations allemandes de la presse, il plaide pour un renforcement du droit d'auteur, afin d'éviter une cannibalisation du contenu, similaire à celle provoquée par Google News et les agrégateurs.

Face aux réactions de rejet, Google réplique : "La télévision n'est pas la propriété des opérateurs ou des diffuseurs. Le propriétaire, c'est le consommateur". Toujours le même discours qui place l'usager au centre, mais qui omet de souligner le rôle central de Google, comme interface (obligée) entre l'usager et les médias traditionnels..."