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15/12/2004
Les think tanks européens se réveillent
Un think tank qui étudie les thinks tanks. C'est en quelque sorte la mission que vient de remplir Notre Europe, une association créée en 1996 par Jacques Delors et qui a pour objet l'étude, la recherche et la formation sur l'Europe. Notre Europe donc, publie une vaste enquête sur les think tanks européens. Un domaine sur lequel le Vieux Continent, qui affiche un retard certain face aux Etats-Unis, tend de plus en plus à s'ouvrir. Selon l'étude, ce sont 149 think tanks qui sont aujourd'hui actifs sur la thématique européenne. S'ajoutent à ces think tanks centrés sur l'Europe plus de 520 autres clubs de réflexion nationaux ou locaux traitant de sujets divers et variés.
Au sein de l'Europe, la France ne fait guère figure d'exemple en matière d'activité de réflexion. Avec seulement sept clubs européens recensés (*), l'Hexagone arrive derrière l'Allemagne (23), le Royaume-Uni (16), la Belgique (12) ou encore l'Autriche (11). En France, selon le rapport réalisé par Notre Europe, ce sont ainsi 145 personnes, dont 82 chercheurs, qui travaillent dans ces structures. Concernant la France toujours, l'étude estime que le niveau de représentation du pays à l'échelle européenne reste largement insuffisant, les "think tanks français publiant trop souvent en français" et ayant "des difficultés à aller au-delà de leurs réseaux d'influence traditionnels". Cette faible culture française des think tanks est à relier, note les auteurs, au sous-investissement général dans la recherche en France. Du coup, l'activité de réflexion se déporte au plan national vers d'autres formes de structure, comparables aux think tanks dans l'objet mais pas dans la forme : cabinets ministériels, clubs politiques, instituts de recherche nationaux... Autant de structures qui empêchent l'émergence de centres de recherche puissants.
Au-delà de la France, l'enquête permet de cerner les activités de ces think européens. Trois missions sont largement partagées par ces clubs : l'encouragement d'une meilleure élaboration des politiques (24,6 %), le développement de la conscience et de l'engagement des citoyens (22,2 %) et le soutien auprès des décideurs politiques (19,8 %). Il est intéressant de noter que sur la mission qualifiée sobrement de "soutien auprès des décideurs politiques", et qui s'apparente dans les faits au lobbying, les think tanks s'appuient en priorité sur trois grandes cibles. En premier lieu il s'agit de leur gouvernement national (85 % le font), puis des institutions européennes (77 %) et de leur parlement national (54 %). En dehors de la population des décideurs politiques, les think tanks visent quatre autres familles dans leurx actions : les médias, le grand public, le monde des affaires et le monde universitaire.
Derrière les missions viennent les domaines de recherche sur lesquels les think tanks interviennent plus ou moins régulièrement. Sur ce terrain, deux grands chantiers accaparent l'énergie de ces clubs de réflexion : la politique économique et financière (35 % des think tanks travaillent sur ce domaine) et les relations extérieures (30 %). On notera que le domaine de la sécurité et de la défense arrive, contrairement aux Etats-Unis, au second plan (18 %). Enfin le social et l'environnemental, malgré leur forte exposition médiatique actuelle, séduisent moins de 15 % des think tanks européens. (*) : les sept think tanks référencés en France sont
Confrontations Europe, Europe 2020, la Fondation Robert Schuman, Notre Europe, l'EUISS, la Fondation pour la recherche stratégique et l'IFRI.
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