34 ans et déjà quatre "vies" professionnelles

Mihai Crasneanu fondateur du site de location de DVD Glowria.fr, mais surtout serial entrepreneur. Un parcours dont le ressort est la création de nouvelles activités.

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Prix du Jeune Dirigeant de la Technologie 2005 remis par le cabinet Ivy Executive Search, Mihai Crasneanu, 34 ans, se distingue par son parcours hors norme. Après avoir quitté la Roumanie en 1984 avec ses parents et être arrivé en France comme réfugié politique, il a fait ses études et est sorti diplômé de l'Ecole Française d'Electronique et d'Informatique (Efrei) en 1995. Cette même année, il est parti travailler en Uruguay et en Argentine pour participer au développement de l'Intranet mondial de la BNP. Deux ans plus tard, il crée en Argentine sa propre société, MCC One, une SSII spécialisée dans les technologies de messagerie électronique grand public. Ce service de webmail a d'ailleurs été implémenté par la suite dans Telefonica Amérique du Sud. De 1999 à 2001, il devient vice-président en charge du développement international d'UOL, le premier fournisseur de services et de contenus en ligne latino-américain et premier portail d'audience en langue espagnole et portugaise au monde. De retour en France, il fonde en 2002 Glowria.fr, un service de location de DVD par Internet inspiré de l'américain Netflix.

A 33 ans, vous en êtes à votre quatrième "vie" professionnelle. Qu'est-ce qui vous pousse à créer de nouvelles entreprises ou à participer au lancement de nouvelles activités ?

Sites

	Glowria
	Le blog de Mihai Crasneanu
	Sa fiche dans le carnet des managers

Mihai Crasneanu. A chaque fois, la création est née d'une volonté et d'un désir de changer quelque chose qui existait déjà mais qui n'était pas satisfaisant ou de construire quelque chose de nouveau qui soit important pour le consommateur. En Argentine, par exemple, la création du webmail a permis aux gens d'accéder à une messagerie électronique quel que soit l'endroit où ils se trouvaient. C'était une volonté presque sociale, liée à un projet économiquement viable. Si l'activité qu'on lance part d'un principe solide ou s'il répond à un besoin - latent ou déclaré -, le retour sur investissement va de soi. De la même manière, la création de Glowria avait pour objectif de donner à tout un chacun accès à un contenu entertainement d'une manière nouvelle, plus pratique. Mais il faut prendre garde à la gestion de la croissance, qui est très délicate. Quand une entreprise enregistre une progression de + 100 % voire + 1.000 % sur un an, il faut faire très attention à ne pas exploser en vol.

Comme il est plus facile de lancer de nouvelles activités en les créant soi-même, j'ai été amené à fonder plusieurs activités ces dix dernières années. Les entreprises établies ont en effet pour logique d'être installées sur des territoires défrichés. Ce qu'offre un grand groupe est exceptionnel en termes d'opportunité pour voir les choses se passer, un peu comme un "balcon" professionnel. Mais dans ces grandes structures, innover en profondeur est selon moi quasiment impossible.

Quels enseignements majeurs avez-vous retiré de chacune de vos expériences ?
Quand j'ai travaillé pour la BNP, j'y ai appris l'importance de la rigueur et des process. C'est ce qui permet à une structure complexe de bien fonctionner. Lors de la création de la SSII MCC One, j'ai pris conscience qu'il ne fallait avoir peur de rien. Se lancer dans un pays qu'on ne connaît pas, avec une langue qu'on ne maîtrise pas complètement et sur un secteur innovant peut être tétanisant. J'ai appris à oser taper à toutes les portes, y compris les plus hautes et à avoir le culot de foncer.

Savoir prendre du recul est vital pour dénicher de nouvelles stratégies de développement."

Mihai Crasneanu, Glowria

Au cours de mon expérience chez UOL, apprendre à gérer des équipes multiculturelles a été mon principal défi. J'avais en charge le développement d'UOL dans sept pays avec des fuseaux horaires différents, des langues différentes sur une durée très courte - 6 mois - et dans un contexte d'hyper croissance. La gestion humaine a été fondamentale au développement de l'activité. Enfin, de Glowria.fr, j'en retiens que finalement quand un modèle économique fait sens, on arrive à obtenir l'adhésion des investisseurs financiers, des équipes et des partenaires business. Pour cela, il faut expliquer avec une grande clarté le modèle économique. Prouver qu'en additionnant 1 et 1 on peut arriver à 3.

De quelle manière identifiez-vous les secteurs porteurs au développement de nouvelles activités ?
Je m'efforce de faire la connexion entre deux univers : celui des technologies existantes et en devenir et celui des consommateurs. D'un côté, je me tiens au courant des dernières avancées technologiques en France, aux Etats-Unis et en Asie. De l'autre, j'essaye d'observer très finement le comportement du consommateur dans son environnement naturel et de trouver des solutions pour lui permettre de gagner du temps, prendre plus de plaisir et économiser de l'argent. Je cherche ensuite un apport technologique aux besoins des consommateurs.

Concrètement, je prends l'information au quotidien quand elle arrive, au fil de l'eau. Je suis de près des sites web d'information, des forums et des blogs. Ils sont la source d'une myriade de liens et d'idées. Et puis je lis la presse internationale et française au moins une fois par semaine. Surtout, je m'oblige à faire une pause dans la semaine. C'est une césure où je réfléchis à toutes les informations que j'ai pu emmagasinées et où je laisse décanter les choses pour voir ce qu'il en ressort. Cela va un peu à contresens de la gestion quotidienne d'une PME en forte croissance mais c'est vital pour ne pas passer à côté d'un nouvel axe de développement.

Parcours

1984 : Mihai Crasneanu quitte la Roumanie pour la France

1995 : Diplômé de l'Ecole Française d'Electronique et d'Informatique

1995 : Parti en Uruguay/Argentine pour participer au développement de l'Intranet de la BNP

1997 : Fonde MCC One, SSII spécialisée dans les technologies de messagerie électronique grand public

1999-2001 : Intègre UOL, FAI latino-américain, au poste de vice-président en charge du développement international

Depuis 2002 : Fonde Glowria.fr, service de location de DVD par Internet.

Prix du Jeune Dirigeant 2005 décerné par le cabinet Ivy Executive Search. Mihai Crasneanu était nommé aux côtés de Fabien Choné, directeur général délégué de Direct Energie, positionné sur le marché de la fourniture d'électricité, et de Thomas Serval, CEO de Baracoda, leader des outils d'acquisition de données intégrant la technologie Bluetooth.

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