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ENTREPRISE
 
07/12/2005

Henri-Paul Soulodre (Sopra)
Passer du mode projet au mode processus

Directeur délégué chez Sopra et administrateur du Club des pilotes de processus, Henri-Paul Soulodre décrit les avantages d'un pilotage de l'entreprise basé sur le BPM.
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Qui se ressemble, s'assemble ! Cette loi est souvent vérifiée dans les sociétés humaines. Elle donne naissance à des groupes identitaires et alimente corporatisme et communautarisme.

Dans les entreprises, cette loi se manifeste sous la forme de l'esprit d'appartenance étroit à un bureau, un service, une direction, une structure. Elle est renforcée par l'habitude prise de s'organiser de manière fortement hiérarchisée. Cette loi conduit à une fragmentation des liens entre les personnes et, si ce n'est à une difficulté d'être, de vivre ensemble, plutôt, à la difficulté de vivre en relation avec l'autre. Elle induit également un comportement collectif assez statique qui est aux antipodes de la notion dynamique de projet, de mouvement vers un but, un objectif, un idéal…


La faiblesse du mode projet est que l'énergie communiquée est momentanée"

Pour évoluer, pour changer, pour s'adapter, l'entreprise a d'abord découvert le "mode projet", une organisation collective non hiérarchique tendue vers une finalité et à durée de vie limitée. Il permet à une organisation de passer d'un état stable permanent à un autre. C'est un comportement collectif dynamique et temporaire qui croise les lignes hiérarchiques habituelles. Sa faiblesse est toutefois que l'énergie que le mode projet communique à ceux qui en font partie est momentanée.

Aujourd'hui, venue des Etats-Unis, apparaît en Europe une autre manière de voir l'entreprise qui permet de concilier dynamisme et permanence, c'est le "mode processus" ou BPM, Business process management. On pourrait traduire littéralement par Management des processus du métier. Il apporte une persistance de l'effet souhaité qui se traduit dans l'organisation ainsi qu'un management d'un genre nouveau.

Quand la logique informatique s'applique au management
En fait, BPM est un terme qui vient des spécialistes de l'informatique. Ils ont bien avant les gens du métier, et grâce à la modélisation qui est leur lot quotidien (du moins pour les concepteurs), perçus que dans une application informatique, il y a ce que l'on nomme de la "procédure" et de la "data" pour reprendre une dénomination ancienne du COBOL (*). Pour les data, il y a les bases de données relationnelles par exemple. Pour la partie procédure, il y a deux sous-parties, le conditionnement des opérations et les opérations elles-mêmes.

On peut dire que les opérations, qu'elles soient humaines ou automatiques, sont en fait des activités élémentaires de l'entreprise (tâches). Le conditionnement, pour sa part, décrit les conditions d'exécution de ces activités et les data sont celles qui sont utilisées et celles qui sont produites par ces activités quelles qu'elles soient (il y a aussi un flux de matière mais on peut également le modéliser).

Au plan informatique théorique, un système de BPM peut être décrit en trois parties :
Pilotage du flux des activités (automatisées ou humaines)
Réalisation ou "production" proprement dite des mêmes activités
Echange d'informations entre ces diverses activités

Le mode processus ou BPM n'est que la partie Système d'information d'un concept plus managérial qui est celui de pilotage de l'entreprise par les processus stratégiques. Il s'agit donc d'une discipline qui met la direction générale en prise directe sur les processus clés de l'entreprise. Les pilotes de ces processus cruciaux identifiés par la direction générale sont, en fait, ses représentants directs et opérationnels au quotidien.

Le pilotage de l'entreprise par les processus est à la croisée de trois disciplines de l'entreprise :
Le management des hommes et la stratégie d'entreprise
L'organisation des activités et des tâches, vue parfois au travers de la qualité
L'automatisation flexible du flux des activités transverses de l'entreprise (ce que certains appellent STP ou Straight Through Process).

Cette approche, qui intéresse déjà les sociétés les plus modernes et dynamiques, sera celle qui rendra les entreprises plus adaptables à leur environnement, sûres de ne jamais oublier de bien faire leur métier de base et cela, totalement indépendamment de l'évolution plus ou moins lente de leur organisation interne. On parle grâce au BPM (informatique) et au management "par" les processus, d'entreprises devenues "agiles"...



COBOL : nom d'un langage de programmation et acronyme signifiant COmmon Business Oriented Language.

Parcours

Actuellement : Henri-Paul Soulodre est directeur délégué de la direction générale de Sopra Group en charge de missions de support et de conseil, de développement d'offres technologiques nouvelles et de partenariats.
1975 : Il rejoint la société Sopra comme ingénieur d'affaires chargé de la promotion de ses offres naissantes de progiciels techniques et métier de l'entreprise. Il prend ensuite en charge l'introduction et le lancement de la société Sopra sur le marché du service aux Administrations.
Il commence sa carrière de consultant au sein de la Cegos puis entre dans sa filiale d'informatique décisionnelle Cegos-Tymshare.
Autres activités : Henri-Paul Soulodre est actuellement membre du Club des vigilants (Think thank), administrateur-trésorier du Club des pilotes de processus.
Formation : Ingénieur physicien ENSP, formation en cybernétique à l'INPG, en informatique à l'Ensimag, et Faculté de sciences économiques.

Pour joindre Henri-Paul Soulodre :


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