Journal du Net > Management >  Olivier Hersent (Netcentrex)
CARRIERE
 
04/01/2006

Un jeune fonctionnaire qui ose l'entreprenariat
C'était maintenant ou jamais pour créer ma société

Polytechnicien, avec une carrière de fonctionnaire presque toute tracée, Olivier Hersent a choisi à 28 ans de créer sa propre société. Avec succès.
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Netcentrex

Maintenant âgé de 34 ans, Olivier Hersent a créé son entreprise fin 1998, un essaimage de France Télécom, alors qu'il n'avait que 28 ans. Aujourd'hui, il dirige NetCentrex, société spécialisée dans la téléphonie sur IP. Bénéficiaire, elle compte près de 300 salariés et devrait réaliser environ 35 millions de chiffre d'affaires sur l'année 2005. Entre rester fonctionnaire et oser l'entreprenariat, Olivier Hersent a choisi la création d'entreprise. Avec succès.

Qu'est-ce qui vous a poussé à quitter le groupe France Télécom pour créer NetCentrex ?
Olivier Hersent. J'ai fait Polytechnique. A l'époque, l'informatique était la matière que je détestais le plus mais un stage m'a permis de découvrir Internet et m'a montré que cela pouvait être moins austère. A la fin de mes études, je suis entré à France Télécom. Je devais au départ travailler sur le projet Wanadoo, alors implanté dans le pôle R&D de Caen. Mais la semaine où je suis arrivé, la branche France Télécom interactive a été transférée à Paris. Resté à Caen, j'ai donc commencé à travailler sur des problématiques de sécurité puis sur la téléphonie sur IP (VoIP) en 1996-1997. France Télécom s'y intéressait alors parce qu'on disait à l'époque que la VoIP allait tuer les opérateurs et il fallait évaluer la menace. La découverte des immenses possibilités de la VoIP a été une vraie révélation. J'avais 28 ans et mon évolution de carrière était toute tracée : celle d'un fonctionnaire avec un système de progression presque exclusivement basé sur l'ancienneté. Je me suis donc dit que c'était maintenant ou jamais pour me lancer dans l'aventure de l'entreprenariat. Avec Bernard Jannès, qui travaillait avec moi au centre de R&D de Caen, nous avons fondé NetCentrex en décembre 1998.

Comment les premières années à la tête de NetCentrex se sont-elles passées ?
Les premières années, nous avons grossi comme une start-up. Nos premiers clients étaient américains (Equant et GlobalOne) puis ce furent des compagnies aériennes et de grandes entreprises. En 2000, afin d'étoffer les services liés à la VoIP, nous avons fusionné avec la société MG2 Technologies, dirigée par Théodore Martin. Cela nous a apporté un savoir-faire dans le domaine du média ainsi qu'une série d'applications, dédié aux centres d'appels notamment. A cette époque, NetCentrex comptait une centaine de salariés et réalisait entre 8 et 10 millions de chiffre d'affaires. Depuis, nous avons fortement accrû notre portefeuille d'applications, notamment sur le secteur résidentiel. C'est ainsi qu'aujourd'hui nos applications (boîte vocale, appels d'urgence, vidéoconférence...) sont utilisées par près de 70 % des systèmes "box" en Europe [Neufbox, Livebox, AOLbox, etc., ndlr]. Concernant le management de la société, je suis depuis le départ le PDG. Certes, au moment de la bulle Internet, j'ai laissé la direction de la société à un Américain mais c'est une expérience dont nous sommes revenus. Depuis, cela fonctionne plutôt de manière collégiale avec Théodore Martin car nous avons des profils complémentaires. Il m'apporte sa connaissance poussée de la finance que je n'ai pas.

Quelles grandes leçons retenez-vous de vos années passées à la tête de NetCentrex ?
La première est de toujours garder une vision et savoir animer en interne la cible dans laquelle on veut être. J'imagine le monde des télécoms tel qu'il sera dans trois ans et j'essaie d'en déduire les services dont les opérateurs auront besoin. A titre d'exemple, nous travaillons beaucoup sur la vidéoconférence et les kiosques vidéo pour mobiles ainsi que sur le développement du téléphone portable Wi-Fi, qui devrait prendre son essor à partir de 2006. Une autre leçon, quand on crée une société dans un domaine émergent, c'est de plutôt recruter des jeunes. Il ne faut pas cacher à ses salariés que la société prend des risques et que sa survie n'est donc pas garantie. Avec des jeunes, c'est plus facile à faire accepter. Naturellement, ce discours doit s'accompagner d'une politique de stock-options assez généreuse pour récompenser cette prise de risque. Enfin, la dernière grande leçon que je retiens est que j'ai fait le bon choix en 1998. J'y ai acquis une grande liberté. Certes, avec mes diplômes, je pourrais occuper des postes plus confortables et moins chronophages mais je n'aurais pas la liberté que j'ai aujourd'hui.

Le parcours d'Olivier Hersent

2005 : NetCentrex est rentable et emploie aujourd'hui 300 personnes. Elle est présente dans plus de 25 pays et a enregistré un chiffre d'affaires de 26 millions d'euros en 2004. Elle table sur 35 millions en 2005.
2000 : Fusionne NetCentrex avec MG2 Technologies société spécialisée dans les applications sur VoIP.

1998 : Fonde NetCentrex avec Bernard Jannès. Il en devient PDG.

Formation : Diplômé de Polytchnique en 1991. Diplômé de Télécom Paris en 1996.


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