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27/09/2006
Naturex : quand le naturel revient au galop
L'art de la diversification sur un marché de niche Dès sa création en 1992, Naturex s'ouvre vers la production de colorants, d'arômes et d'antioxydants naturels à destination de l'industrie agroalimentaire, c'est-à-dire des clients qui fabriquent aussi bien des produits laitiers, des biscuits ou des plats cuisinés. Cinq ans plus tard, la société se tourne vers l'industrie nutraceutique, autrement dit les compléments alimentaires dérivés de l'herboristerie. Si celle-ci est peu développée en France, elle l'est nettement plus chez nos voisins comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou le Benelux, jusqu'à générer une véritable consommation de masse aux Etats-Unis où Naturex installe rapidement un bureau commercial.
"Nous sommes sur des métiers de niche et Naturex, pris dans sa globalité, est encore modeste dans le monde de l'ingrédient naturel. Par contre, nous nous illustrons sur certaines activités comme le "romarin" où nous représentons 25 % de part de marché." Ce qui laisse de belles marges de progression et un marché à conquérir.
Un développement dynamisé par la croissance externe Il n'y pas de surprise pour le professionnel des ingrédients naturels : pour réussir, il faut grossir ! Pour se donner les moyens de sa croissance, la société entre en bourse en octobre 1996. En 2002, Naturex acquière Brucia Plant Extracts pour 10 millions de dollars, puis en 2004, l'activité "Romarin" des sociétés Hauser et RFI pour 1,9 million de dollars. Pour continuer dans ce sens, l'entreprise réalise deux levées de fonds : plus de 10 millions d'euros en 2005 et 13 en 2006. En juillet 2005, c'est au tour de Pure World, près de New York dans le New Jersey, de passer aux mains de Jacques Dikansky pour 42 millions de dollars. Pure World est alors le jumeau de Naturex : même activité, même taille. Grâce à cette acquisition, la croissance du chiffre d'affaires de Naturex fait un bond de plus de 45 %, contre 10 % à périmètre constant.
Des dépenses régulières en R&D Naturex c'est 3.000 innovations depuis sa création, quatre gammes et 150 produits. Depuis le début de l'aventure, les investissements en recherche, développement et technique correspondent à une fourchette de 800.000 à 1 million d'euros par an. Une démarche motrice se révèle pour la croissance du groupe.
Il s'agit par exemple de prendre des extraits classiques - tels que les épices, le thym ou le poivre - et de leur donner des formes particulières. Une technique innovante permet ainsi de transformer en produits solubles des oléorésines non solubles normalement, le tout à partir d'un procédé de séchage où l'arôme est encapsulé et protégé. "D'un autre côté, ajoute le PDG, si l'on emploie le romarin, ce n'est pas pour son goût ou son arôme, qu'il faut sentir le moins possible, mais pour ses propriétés antioxydantes (celles qui protègent les corps gras dans la mayonnaise par exemple). Un procédé permet de ne garder au final que la molécule nécessaire." Avec les innovations, les extraits naturels s'ouvrent à d'autres secteurs. "Avec Pure World, note le PDG de Naturex, nous nous tournons vers le marché des cosmétiques qui est sans aucun doute une voie à développer, comme pourrait l'être d'ailleurs le domaine pharmaceutique pourtant peu abordé." En 2005, Naturex a réalisé 0,7 % de son chiffre d'affaires dans la branche cosmétique, contre presque 37 % dans l'agroalimentaire et 58 % dans la nutraceutique. De nouvelles ambitions internationales
Un développement qui concerne donc les Etats-Unis toujours, l'Asie dorénavant, mais aussi l'Europe. "A l'heure actuelle, nous étudions plusieurs cibles pour une acquisition d'ici la fin de l'année. L'affaire se précise et devrait être probablement européenne. J'espère également faire d'autres acquisitions dans les deux trois ans." Jacques Dikansky prévoit déjà 70 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 2006, et estime dépasser la barre des 100 millions d'euros en 2008.
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