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ENTREPRISE
 
30/01/2007

Qui sont les champions... des stations de ski

Les stations alpines, La Plagne en tête, dominent le marché français, loin devant celles de moyenne montagne. Mais une demande stagnante et la concurrence étrangère obligent les acteurs à revoir leur stratégie.
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Sites
  Syndicat national des téléphériques de France
  Association nationale des maires de stations de montagne

Troisième marché mondial du ski alpin, derrière les Etats-Unis et le Japon, et au coude à coude avec l'Autriche, la France a enregistré 56 millions de journées skieurs lors de la saison 2005-06, soit une hausse de 4 % par rapport à la saison précédente. Les montagnes de l'Hexagone ont ainsi accueilli sept millions d'hivernants, dont deux millions d'étrangers. Les exploitants de remontées mécaniques, qui occupent une place charnière dans l'économie du ski, ont réalisé, sur cette même saison, un milliard d'euros de recettes de billetterie.


Les grandes stations au sommet
Avec plus de 2,5 millions de journées skieurs enregistrées par saison, La Plagne domine largement le marché français. Quatre autres stations dépassent également le million et demi de journées skieurs : l'Alpe d'Huez, les Arcs, Val Thorens et Tignes. Ces principales stations comptent parmi les plus grandes et les mieux équipées du monde. Elles disposent en effet d'un atout majeur : construites en haute altitude, un niveau d'enneigement suffisant leur est presque toujours assuré. Elles parviennent donc à assurer des revenus constants en dépit des aléas climatiques.

Nombre de journées skieurs enregistrées au cours de la saison 2005-2006
(source : Journal du Net-Management)
Nom de la station
Nombre de journées skieurs en milliers
La Plagne
2.509
Alpe d'Huez
1.787
Les Arcs
1.649
Val Thorens
1.620
Tignes
1.542
Val d'Isère
1.481
Les Menuires
1.463
Courchevel
1.428
Serre-Chevalier
1.345
Flaines et Giffres
1.268
Les 2 Alpes
1.262
Chamonix
1.229
Avoriaz
1.200
Meribel
1.090
Megève
857

Sur les quatorze stations qui génèrent plus d'un million de journées skieurs, huit appartiennent à la Compagnie des Alpes. Poids lourd du secteur, cet acteur, qui est aussi présent dans les loisirs avec les parcs Astérix et Walibi, est en pleine phase de rapprochement avec un autre acteur majeur de remontées mécaniques en France : Sofival. Ce dernier exploite notamment les remontées de Val d'Isère, Morzine-Avoriaz et Valmorel. Avec cette acquisition, la Compagnie des Alpes passerait de 11,3 millions de journées skieurs par an à une moyenne de 15, soit presque le quart du marché.

Plus petites, donc moins chères et plus familiales, les stations de moyenne montagne tirent leur épingle du jeu lors des saisons à fort enneigement. Des conditions météorologiques favorables leur ont ainsi permis de voir leur part de marché passer de 22 à 30 % entre 2001 et 2006. Sur cette même période, celle des très grandes stations reculait de 42 à 35 %.

La France compte 8.000 km de pistes aménagées et ses domaines skiables occupent 0,2 % de ses zones montagneuses.
Cette évolution a permis à certains massifs de se faire une place sur un marché français dominé par les Alpes : c'est notamment le cas du Massif central, qui a enregistré une croissance du nombre de journées skieurs de 43,6 % sur les cinq dernières années, et des Vosges, avec 47,5 %. Mais une saison trop douce, comme celle de l'hiver 2006-2007, entraîne inévitablement une chute brutale de leur chiffre d'affaires.


Au final, l'activité reste très concentrée : les trente plus gros exploitants réalisent 70 % du chiffre d'affaires de la profession en France et huit en captent presque la moitié. "Contrairement aux stations de moyenne montagne, souvent exploitées par les municipalités, les très grandes sont toutes, à quelques exceptions près, gérées par des groupes privés, disposant de capacités d'investissement inégalables", explique Laurent Reynaud, directeur du Syndicat national des téléphériques de France.


Un mot d'ordre : ne pas tout miser sur la glisse
Malgré un enneigement quasi garanti, les grandes stations de ski n'ont pas pour autant choisi de jouer les pure players de la glisse. Elles doivent en effet faire face à plusieurs défis. La stagnation de la pratique du ski tout d'abord, le nombre de journées skieurs n'ayant crû que de 5,7 % au cours des cinq dernières saisons. La concurrence des séjours au soleil proposés par les tour-opérateurs ensuite.

Les très grandes stations sont presque toutes gérées par des groupes privés."

Laurent Reynaud, SNTF
Conscientes de leur image trop souvent négative d'usines à ski, elles cherchent aujourd'hui à attirer une clientèle plus diverse et ont considérablement fait évoluer leur offre en développant le thermalisme et la balnéothérapie. La station de Val-Thorens s'est ainsi équipée, ces dernières années, de cinq instituts de remise en forme, tandis que Tignes a investi plus de 15 millions d'euros dans un centre aquatique thermal et propose des forfaits joignant ski et accès au centre. De son côté, l'Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM) vient de créer un label, Alti-Forme, permettant aux hivernants d'identifier les stations tournées vers les prestations de thermalisme et de balnéothérapie. Plusieurs grandes structures comme Les Menuires, les Arcs ou encore Megève ont déjà adapté leur offre pour en bénéficier. Et ce repositionnement commence à porter ses fruits : à Val-Thorens, le public non-skiant représente désormais 20 % de la clientèle d'hiver.

L'objectif consiste aussi à fidéliser, à plus long terme, une clientèle moins sensible aux aléas de l'enneigement. Car les perspectives du réchauffement climatique sont pessimistes. Selon l'OCDE une augmentation de la température de 2°, probable à moyen terme, réduirait le nombre de stations bénéficiant d'un enneigement fiable à 400, contre 600 aujourd'hui en Europe.


S'unir pour communiquer plus efficacement...
Les acteurs du ski alpin français doivent aussi faire face à la concurrence accrue des domaines skiables étrangers. "Petites et grandes stations ne sont pas vraiment en compétition frontale, précise Laurent Reynaud. Elles tentent plutôt d'unir leurs efforts pour faire face à la concurrence des pays étrangers". A la Suisse et l'Autriche, rivaux historiques des montagnes françaises, s'ajoutent aujourd'hui certains pays de l'Est, comme la Slovaquie ou la Slovénie. "Si ces pays ont encore un grand retard dans la qualité de leurs infrastructures, c'est une concurrence naissante à fort potentiel", avertit le directeur du syndicat. D'autant qu'Internet facilite considérablement l'accès à des offres de vacances de ski à l'étranger.

Petites et grandes stations tentent d'unir leurs efforts pour faire face à la concurrence des pays étrangers."

Laurent Reynaud
Le principal levier reste la communication, en particulier celle à destination des marchés étrangers. Or les acteurs français souffrent d'un déficit dans ce domaine : seuls 7 millions d'euros ont été consacrés en 2005-06 à la promotion de l'offre française de ski par différentes structures décentralisées. Dans le même temps, l'Autriche en dépensait 26... et comptait trois quarts d'étrangers parmi ses hivernants. Pour fédérer leurs efforts, un groupement d'intérêt économique, France Montagne, a été fondé en 2005 et rassemble notamment les exploitants de remontées mécaniques et l'association des maires de stations de montagne. Ce GIE mène des opérations de promotion conjointes, notamment sur Internet, avec pour cible principale les skieurs du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de la Belgique.


...et rendre l'offre plus lisible
Second point faible : l'offre française de sports d'hiver manque de lisibilité à l'étranger. Elle demeure en effet fortement associée aux noms des grandes stations ou des grands opérateurs (Compagnie des Alpes ou Pierre et Vacances). A l'opposé l'Autriche a su se positionner globalement comme une destination "montagne". C'est pour pallier cette lacune que les acteurs des Alpes se sont regroupés et ont créé, à l'automne dernier, une marque commune à toute l'offre alpine : Savoie-Mont-Blanc. Un mouvement qu'ont suivi les exploitants des stations du Jura et des Pyrénées en créant, à leur tour, leur propre marque-appellation, "Montagnes du Jura" et "Neiges catalanes". Chacune de ces marques a été dotée d'un logo et d'une iconographie propres et ont fait l'objet de campagnes de promotion conjointes.

Enfin, les stations se tournent de plus en plus vers des démarches environnementales, à la fois pour séduire une clientèle urbaine et répondre à un nombre croissant de critiques émanant de groupes de pression écologistes. Un positionnement dont les stations suisses ont déjà fait leur force. En France, Les Menuires est ainsi devenue l'une des premières stations de ski à décrocher la certification ISO 14001 en mars dernier. Plusieurs dizaines de stations des Alpes et des Pyrénées sont également en cours d'audit. Enfin, le syndicat des téléphériques de France, de son côté, s'est lancé dans l'élaboration d'une charte environnementale. L'objectif : permettre aux stations de moyenne montagne qui n'ont pas les moyens de mettre en place une démarche ISO 14001, d'accéder tout de même à un label.



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