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Interview
 
10/04/2007

Elisabeth Fleuriot (VP Kellogg Company) : "J'aime développer des équipes qui gagnent"

A la tête de Kellogg's France, Benelux et CEE/Russie, Elisabeth Fleuriot a la responsabilité de près de 400 personnes et 600 millions d'euros de chiffre d'affaires. Rencontre avec une femme de challenges.
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Elisabeth Fleuriot, PDG de Kellogg's France
 

Celle qui fut la première femme à devenir chef des ventes chez Kronenbourg, est aujourd'hui PDG de Kellogg's France, Benelux, CEE/Russie et l'un des vice-présidents du groupe américain qui a fêté son centenaire l'année dernière. Elisabeth Fleuriot nous a reçu dans son bureau où des rangées de boîtes de céréales trônent, comme autant de trophées de chasse.

 

 

Quel a été votre parcours avant d'arriver chez Kellogg's ?

Lorsque Franck Riboud, le PDG de Danone, groupe dans lequel j'ai débuté ma carrière, a racheté les Biscuits Alsacienne, j'en suis devenue directrice marketing. Mais c'est en 1992, alors que je venais tout juste d'avoir mon troisième enfant et que j'étais en plein déménagement, que l'on m'a proposé le poste de directeur de cabinet de Philippe Lenain, alors vice-président de Danone. Il a été un patron exceptionnel et je me sers encore aujourd'hui de ce que j'ai appris à ses côtés.

 

"La chose la plus importante pour moi est la notion d'équipe"

J'ai pris ensuite la direction de l'activité Foodservice qui a dû fermer un an plus tard. Danone m'a alors proposé un poste fonctionnel que j'ai refusé. Je voulais être opérationnelle. Et le seul moyen de l'être aurait été de partir à l'étranger, ce que je ne souhaitais pas faire.

 

Finalement, j'ai quitté Danone en 1999 pour prendre le poste de directeur général Europe chez Yoplait. C'était très différent de mon expérience chez Danone. Yoplait était alors un groupe de coopératives avec peu de moyens et des objectifs très ambitieux. J'ai dû recentrer les activités, restructurer, ouvrir et fermer des filiales. J'y ai vécu une grande diversité de situations : joint-venture en Grande-Bretagne, start up en République Tchèque ou en Pologne, etc.

 

En 2001, un chasseur de têtes m'a approchée pour le compte de Kellogg's. Je me suis sentie tout de suite à l'aise avec mes nouveaux collaborateurs : leur côté direct, transparent, pragmatique et leur fierté d'appartenir à la société m'ont plu.

 

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre fonction actuelle ?

Chercher et développer des opportunités de business. C'est un peu mon côté chien de chasse, je le reconnais. Mais c'est ça qui est stimulant dans mon poste. J'aime aussi développer des équipes qui gagnent. C'est ce que je cherche dans n'importe quel job.

 

"50 % de mon temps est consacré à l'organisation et aux personnes"

Comment définiriez-vous votre style de management ?

La chose la plus importante pour moi est la notion d'équipe : on est plus fort ensemble que tout seul. C'est pourquoi je suis attachée au développement des personnes, leur donner des responsabilités et des objectifs clairs, leur faire confiance. Ensuite, je pense être claire, directe et transparente, et j'apprécie que les gens le soient également, ça fait partie du contrat.

 

J'aime les challenges comme par exemple aller chercher des opportunités de business. Cela faisait déjà partie de mon mode de management, et cela ne s'est pas arrangé avec Kellogg's [sourire]. Ces challenges sont aussi l'occasion pour certains collaborateurs de révéler leurs talents dans des situations différentes, parfois difficiles. Et sans défis, on s'ennuie.

 

Qu'est-ce qui vous surprend dans le management américain ?

L'accent est porté sur l'efficacité opérationnelle. C'est une journée pour définir une stratégie et le reste de l'année pour la mettre en œuvre. Sans parler de l'alignement du plus haut niveau de la hiérarchie au plus bas sur les objectifs, d'où une exécution très rapide. Enfin, la gestion des risques et des opportunités est plus engagée et dynamique. On ne fait pas dormir l'argent.

 

Selon vous, qu'est-ce qui fait un bon dirigeant ?

Un bon dirigeant est celui qui créé les conditions du succès : une équipe qui gagne et un business qui gagne. Quelqu'un qui a une vision claire et simple que tout le monde comprend immédiatement. C'est aussi quelqu'un qui est capable de mettre tout le monde en mouvement et qui investit également dans les gens. C'est le fondateur de Kellogg's qui disait "I invest my money in people". S'il doit savoir sélectionner, développer et motiver les personnes, il doit aussi savoir dire merci et célébrer les succès avec ses collaborateurs. Personnellement, 50 % de mon temps est consacré à l'organisation et aux personnes.

 

"J'ai une grande admiration pour les gens qui vont au bout de leur volonté"

Y a-t-il des personnes que vous admirez plus particulièrement ?

Hors business, j'ai une grande admiration pour la navigatrice Maud Fontenoy qui a fait un tour du monde à l'envers. Elle a cassé son mât mais n'a pas abandonné pour autant. Elle est allée au bout de sa décision. Pour sa part, Mike Horn a fait le tour du monde à pieds. Ce sont des personnes extraordinaires qui vont jusqu'au bout d'eux mêmes, ce qui dénote une grande force intérieure. Dans un autre registre, je citerais Muhammad Yunus, le prix Nobel 2006 pour le micro-crédit. Je pense qu'il avait toutes les chances d'échouer, mais il a su allier une vision humaniste et innovante pour sortir les gens du pétrin. Ce qui est rare.

 

Comment arrivez-vous à concilier vie privée et vie professionnelle ?

J'ai trois enfants, de 21, 19 et 15 ans. Je suis donc obligée de faire des choix comme par exemple ne pas aller travailler au bout du monde. J'accepte très peu de dîners professionnels. En outre, il est essentiel d'être en phase avec son conjoint concernant son plan de carrière. C'est même la première condition de succès. Et puis il faut être attentif aux gens autour de soi. Et quand je suis quelque part, j'y suis à 100 %, pas ailleurs. D'ailleurs, je n'emmène pratiquement jamais de travail à la maison.

 

Que faites-vous pour décompresser ?

L'humour est un bon remède contre le stress. Je fais également beaucoup de sport. J'aime l'opéra et la musique sacrée pour leur côté serein, apaisant. Les voyages en famille sont également des moments privilégiés. Pour rien au monde je ne les raterais.

 


 
Parcours d'Elisabeth Fleuriot
 
 

» Depuis 2001 : Vice président Kellogg Company, PDG Kellogg's France, Benelux, CEE/Russie

» 1998 - 2001 : Directeur général Europe, Yoplait, groupe Sodiaal

» 1997 - 1998 : Directeur général, Foodservice, groupe Danone

» 1992 - 1997 : Directeur de cabinet du vice-président du groupe Danone, Philippe Lenain

» 1988 - 1992 : Directeur marketing, Biscuits Alsacienne, groupe Danone

» 1978 - 1988 : Marketing / commercial, puis chef des ventes régional, Kronenbourg, groupe Danone

»  Formation : IEP Paris, section Eco-fi ; Maîtrise de sciences économiques à Assas ; DESS marketing à l'IEP Paris

 



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