Ménager la chèvre et le chou, c'est un peu l'idée
du portage salarial.
Depuis son envol au milieu des années 80, ce nouveau mode de travail
a séduit en France plus de 30 000 cadres et quelques
35 000 entreprises clientes. Le principe ? Permettre à
des cadres en quête d'indépendance de s'installer à
leur compte tout en étant libérés des contraintes
administratives. Avec le portage salarial, plus besoin de créer
son entreprise ou de devenir travailleur indépendant pour
tenter sa propre aventure professionnelle.
Le
schéma, à mi-chemin entre l'intérim et le freelance,
s'appuie sur une société de portage salarial. Concrétement,
le "porté", c'est-à-dire le cadre, est salarié
de la société de portage. Cette société
se charge de la paye et s'occupe de l'ensemble des démarches
administratives liées à l'activité (cotisations
Unedic, retraite, mutuelle...). Le porté est, lui, responsable
de son rythme d'activité : il doit effectuer son propre
démarchage commercial auprès d'entreprises clientes
afin de trouver des missions. Ces missions sont facturées
auprès de la société de portage qui reverse,
en moyenne, 50 % des honoraires au porté.
Principal intérêt de la formule : permettre à
des cadres, généralement expérimentés,
de faire un premier pas vers l'indépendance professionnelle
et le consulting en conservant un statut de salarié mais
sans affronter la lourdeur administrative. "C'est un véritable
incubateur pour les créateurs d'entreprise, estime Jean-François
Aubert, PDG de la société de portage ACDD et membre
du Seps, le Syndicat des entreprises de portage salarial (lire
son interview). Beaucoup de cadres
passent quelques années à vivre du portage afin de
se constituer une expérience, d'enrichir leur carnet d'adresses
et de valider un projet. Et quand ils atteignent un certain niveau
d'activité en enchaînant les missions, ils lancent
leur propre entreprise."
Un mécanisme confirmé par les chiffres du Seps :
60 % des cadres qui choisissent le portage salarial ont comme
intention initiale de créer leur entreprise. 30 % mènent leur
projet à terme. Parmi les autres, 29 % retournent au final
vers une activité salariée et 35 % continuent
de butiner dans le portage ou le consulting.
Répartition
par sexe des "portés" selon la tranche d'âge
(source Seps)
|
Tranche
d'âge |
Hommes
|
Femmes
|
Moins
de 30 ans |
57 %
|
43 %
|
De
30 à 45 ans |
48 %
|
52 %
|
De
45 à 60 ans |
60 %
|
40 %
|
Plus
de 60 ans |
75 %
|
25 %
|
Mais le rôle du portage salarial ne se limite à l'incubation
de créateurs d'entreprise. D'autres cadres choisissent cette
formule pour être "maîtres de leur temps",
comme l'explique Marty
Huisman, qui travaille en portage dans le secteur high-tech
(lire son parcours). En bénéficiant
d'un statut salarié tout en étant responsable de leur
niveau d'activité, certains salariés voient dans le
portage une bonne manière de privilégier leur vie
personnelle tout en conservant une activité professionnelle.
Un équilibre qui séduit les femmes, souvent jeunes
mamans : elles représentent 52 % des portés
dans la tranche des 30-45 ans.
Autre population intéressée par le portage salarial :
les cadres seniors de plus de 50 ans et sans travail. Ces cadres
très expérimentés trouvent dans la formule
du portage une manière de rester actifs. Car si certaines
entreprises cultivent la pré-retraite, d'autres ont au contraire
soif des conseils éclairés des cadres seniors.
Répartition
des "portés" en France par secteur d'activité
(source Seps)
|
Communication |
19 %
|
Formation |
16 %
|
Marketing
/ stratégie |
15 %
|
Ressources
Humaines / Coaching |
14 %
|
Informatique
/ multimédia / NTIC |
12 %
|
Organisation
/ Qualité |
12 %
|
Autres |
12 %
|
Chacun vient donc vers le portage avec sa propre idée en
tête. Aujourd'hui, plus de 10 000 cadres pionniers travaillent
en France de la sorte. Un chiffre en progression de 60 % sur
les deux dernières années. Ces consultants exercent
dans six grands secteurs qui représentent à eux seuls
88 % des missions : la communication, la formation, le
marketing, les ressources humaines, les NTIC et la qualité.
Avec le portage, la plupart de ces consultants se constituent une
rémunération au moins équivalente au salaire
qu'ils percevaient sur leur dernier poste en entreprise. Un argument
qui a de quoi faire réfléchir, sachant qu'en moyenne
un porté travaille une dizaine de jours par mois. "Et
c'est un temps libre très utile pour ceux qui veulent travailler
sur leur projet d'entreprise", souligne Antoine-Jacques
Mery, un porté qui exerce dans l'univers de la restauration
et de l'hôtellerie (lire son parcours).
Alors, convaincu ?
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