Christian
Rabaud (Apec)
"Les résultats, les objectifs
puis la demande"
Christian Rabaud est responsable du centre Essone de l'Apec. Il
y côtoie des cadres qui, face à la situation du marché
de l'emploi, ne savent plus toujours comment négocier une
augmentation de salaire. Ses conseils : préparer, chiffres
à l'appui, cette négociation et s'inscrire dans une
relation gagnant-gagnant.
Quel est le moment privilégié pour négocier une
augmentation de salaire ?
Christian Rabaud. Le meilleur moment est l'entretien annuel
avec son supérieur hiérarchique. Il faut le préparer avec
beaucoup de soins. Je conseille de faire un petit bilan des objectifs,
des résultats, de ses plus belles réalisations et de montrer ce
que son action a apporté à l'entreprise. Il est important d'insister
sur les résultats obtenus et de démontrer point par point ce qu'on
avance. Ensuite, il faut aborder les objectifs pour les mois à venir.
S'ils sont plus importants ou si on obtient des responsabilités
supérieures, il est alors possible de négocier une hausse correspondante.
Mais attention, il faut respecter deux temps distincts dans cette
négociation. Un commercial n'arrive pas en donnant immédiatement
ses prix au client. Il commence par parler avec lui, définir ses
besoins, présenter ses produits
Ce n'est qu'à la fin que le commercial
fait une proposition chiffrée au client. La négociation d'une
hausse de salaire se fait selon le même schéma.
Sur
quels éléments concrets peut-on négocier ?
Selon la culture de l'entreprise, on privilégiera l'augmentation
de la partie fixe, l'attribution d'une prime ou d'une partie variable
supérieure. D'autres éléments peuvent être également intéressants,
comme la hausse de la cotisation à une caisse de retraite complémentaire
ou les stock-options.
A quoi faut-il faire attention dans
la définition des objectifs ?
Il est très important de bien étudier avec son supérieur hiérarchique
la manière de mesurer les objectifs. Autre élément essentiel à clarifier
: la façon de calculer la part variable. Il faut à tout prix éviter
le non-dit et se méfier des fausses promesses. Le non-dit installe
un mauvais climat et les fausses promesses correspondent à une vue
à court terme.
Sur quoi s'appuyer pour demander un
montant précis ?
Les cadres peuvent se référer à des bases de données sur les salaires
comme celle de l'Apec. La plupart des périodiques diffusent régulièrement
des enquêtes sur les salaires. Donner des éléments chiffrés à son
supérieur hiérarchique peut être un plus. Mais il faut toujours
éviter d'être complètement hors grille, au-delà de ce qui se pratique
dans l'entreprise.
Faut-il toujours s'adresser à son "n+1" ?
Oui. Dans le meilleur des cas, le salarié s'adresse à son
n+1 lors de l'entretien annuel. S'il n'y a pas d'évaluation, il
vaut toujours mieux en parler à son supérieur direct avant le DRH
ou le PDG. Ce soutien est très important.
Faut-il tenir compte de la situation
économique de l'entreprise ?
Il faut évidemment prendre en considération la santé financière
de l'entreprise, sa stratégie et le climat qui y règne ainsi que
ses propres efforts. Les paramètres liés à l'entreprise sont plus
pertinents que la conjoncture économique. L'idéal étant de montrer
que ses efforts ont contribué au développement de l'entreprise.
Et quelle attitude adopter lors de
cette négociation ?
C'est un sujet qu'il faut aborder dans le calme, sans animosité,
ni passion. Il faut s'inscrire dans une relation gagnant-gagnant,
ne pas demander à tout va des augmentations. Car même si le salaire
est un aspect fondamental, l'intérêt du travail compte également
beaucoup.
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