Renforcer la sécurité des Jeux d'été de 2024 face aux attaques DDoS

Les Jeux d'été sont vulnérables aux cyberattaques, notamment par DDoS. La préparation et la collaboration entre FAI, entreprises et gouvernements sont cruciales pour garantir la sécurité de l'événement.

Les Jeux d’été, comme toute manifestation sportive d’ampleur internationale, promettent d'être un événement majeur à l'échelle mondiale, pas seulement pour l'envergure sportive, mais aussi pour les enjeux de cybersécurité. L'escalade des cyberattaques, et notamment des attaques par DDoS, rend impérative l'analyse des menaces historiques lors des précédentes éditions pour mieux anticiper et se prémunir contre celles à venir.

Selon Vincent Strubel, directeur de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), c'est le moment de se préparer à la gestion de crises et « l'entraînement fait toute la différence ». Il considère, en effet, que les Jeux d’été constituent une occasion inestimable pour mettre en place des mécanismes d'escalade et de mobilisation, voire de réquisition, afin de répondre collectivement en cas d'attaque importante dépassant les capacités de l'ANSSI.

Un retour sur l'histoire des attaques DDoS montre que les Jeux ont toujours été dans le viseur des cybercriminels. Dès Londres 2012, des attaques par DDoS ont ciblé les systèmes électriques lors de la cérémonie d'ouverture. Rio 2016 a été le témoin d’une attaque massive de 500 Gbps contre les sites gouvernementaux ainsi que des sponsors. Ces agressions avaient pour objectif de perturber les opérations et de ternir l'image des nations hôtes. La menace n'a fait que croître depuis, notamment avec l'augmentation des dispositifs connectés et l'évolution de la sophistication des attaques.

L'histoire récente rappelle que cette menace est loin d'être hypothétique. Les Jeux de Tokyo en 2021 ont été la cible de 450 millions de tentatives de cyberattaques, et le Comité international olympique avait révélé avoir été la cible d'un incident critique lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pyeongchang en 2018. Les assaillants avaient alors réussi à compromettre de nombreux services, incluant le Wi-Fi, la diffusion télévisée et la billetterie.

La mutation des attaques DDoS

Les stratégies d'attaque DDoS ont évolué en attaques multi-vecteurs complexes. Ces dernières associent la saturation de bande passante, l'épuisement des ressources d'état et les assauts au niveau de l'application, rendant la défense beaucoup plus complexe. Ces tactiques cherchent non seulement à saturer les ressources réseau en surchargeant la capacité de la bande passante de la cible, mais aussi à inonder les tables d'état des équipements de sécurité, ce qui peut paralyser leur capacité à gérer le trafic légitime. Enfin, les attaques au niveau de l'application ciblent des services spécifiques comme les serveurs de noms de domaine (DNS), essentiels au bon fonctionnement d'Internet, les rendant inaccessibles ou inopérants.

Comprendre les types d'attaques est indispensable pour développer des stratégies de défense efficaces. Les attaques volumétriques aspirent à submerger la bande passante disponible d'une cible avec un flot de données conséquent, ce qui peut la rendre inaccessible aux utilisateurs légitimes. L'épuisement d'état, quant à lui, s'en prend aux capacités limitées des équipements réseau, comme les pares-feux ou les équilibreurs de charge, en les bombardant de requêtes afin d'épuiser leur mémoire et leur capacité de traitement. Les attaques au niveau de l'application sont particulièrement insidieuses car elles peuvent passer inaperçues, imitant souvent le trafic normal mais avec l'intention de perturber des fonctions spécifiques ou de consommer des ressources applicatives jusqu'à l'arrêt complet des services visés.

Stratégies de défense

Face à ces menaces, il est impératif pour les organisations de mettre en place des stratégies de défense multicouches. Cela comprend l'adoption de solutions de détection et d'atténuation au niveau des entreprises et des fournisseurs de services Internet (FAI), qui jouent un rôle crucial en filtrant le trafic malveillant. Les entreprises, de leur côté, doivent mettre en œuvre des dispositifs de défense spécialisés à la périphérie de leur réseau pour protéger leurs infrastructures internes.

La sécurisation du système DNS est également essentielle, car il est fréquemment ciblé en raison de son rôle central dans l'acheminement du trafic sur internet. Des attaques réussies contre les serveurs DNS peuvent ainsi rendre inaccessibles de nombreux services en ligne, d'où l'importance de protéger ces systèmes.

Vers une cyberdéfense renforcée

En plus des dispositifs de protection, les organisations doivent s'appuyer sur des flux d'intelligence sur les menaces pour anticiper les attaques et y réagir promptement. L'exploitation de données issues de systèmes de détection répartis à travers le monde permet d'adapter les mesures de défense en temps réel et de contrer les attaques dès leur émergence.

À l'approche des Jeux d’été, la menace des attaques DDoS s'intensifie, rendant la préparation et l'élaboration de stratégies de défense avancées plus cruciales que jamais pour le bon déroulement de cet événement d'envergure mondiale. La collaboration entre les FAI, les entreprises et les entités gouvernementales est la clé pour contrer les cyberattaques et protéger les infrastructures critiques. Par une approche proactive et multicouche, il est possible de minimiser l'impact des attaques DDoS et d'assurer la sécurité des Jeux pour tous les participants et spectateurs, et d’en tirer les meilleures pratiques pour l’ensemble des manifestations sportives de grandes ampleur organisées à travers le monde.