Les grandes entreprises ne tirent pas pleinement parti du low-code

Selon Gartner, d'ici 2025, 70% des nouvelles applications développées par les entreprises utiliseront des technologies low-code ou no-code, contre moins de 25% en 2020.

Les plateformes d’applications low-code (LCAP) ont été conçues comme des environnements de développement dans lesquels les codeurs qualifiés et les utilisateurs professionnels non-initiés à l’IT peuvent créer des outils personnalisés. Il s’agit donc d’un produit très prometteur dont la mission est tout aussi ambitieuse. Toutefois, malgré cette adoption croissante, les entreprises peuvent faire davantage pour tirer le meilleur parti de ce potentiel.

Au cours des dernières années, les plateformes de développement low-code ont évolué, et les applications ainsi que les services qui en découlent sont devenus plus puissants, plus utiles et plus essentiels au succès des entreprises. En toute logique, le marché a explosé. Ainsi, le chiffre d’affaires du marché mondial des LCAP s’élevait à environ 13 milliards de dollars en 2020, et il devrait atteindre la somme astronomique de 47 milliards de dollars d’ici 2025. La question de savoir si le marché atteindra ce niveau dans les trois ans — ou les 65 milliards prévus pour 2027 — se jouera en amont, auprès des organisations de taille moyenne et des grandes entreprises, là où l’adoption des plateformes d’applications low-code est la plus forte et où la croissance du marché est la plus rapide.

Tout au long de cette décennie d’évolution ascendante, il est un aspect du développement low-code qui n’a pas changé. Une minorité des utilisateurs sont des professionnels sans connaissances techniques. Cela signifie qu’une majeure partie du développement de solutions est assurée par de grandes équipes IT, qui constituent une ressource coûteuse et rare. Pourquoi en est-il ainsi ?

Les raisons, les risques et les exigences

Ce déséquilibre s’explique par plusieurs raisons. La première est que les grandes entreprises donnent la priorité aux solutions critiques, telles que l’intégration de plateformes ou la génération d’API, qui requièrent une ingénierie qualifiée. Cette situation prive ainsi les équipes IT de la bande passante nécessaire pour prendre en charge les utilisateurs ou leurs solutions. Parmi les autres raisons, citons le fait que les utilisateurs non-initiés sont intimidés par le logiciel, qu’ils n’ont pas le temps de délaisser leurs responsabilités quotidiennes, qu’ils ne sont pas correctement encouragés par leurs employeurs ou encore qu’ils abandonnent des projets après avoir ressenti de la frustration vis-à-vis de la plateforme.

Le risque est que, si le pourcentage d’utilisateurs non IT de logiciels low-code décroît, le développement de logiciels personnalisés pourrait devenir une discipline cloisonnée, dans laquelle l’IT élabore des solutions pour résoudre des problèmes techniques ou structurels, au lieu de créer des outils qui soutiennent le flux de travail quotidien de l’employé ou de l’utilisateur professionnel. Ce scénario ne permettrait pas aux entreprises ou aux sociétés du marché intermédiaire de profiter pleinement des avantages essentiels offerts par le développement low-code.

Pour que les organisations obtiennent un rendement réellement intéressant de leur investissement dans les plateformes d’applications low-code, plus d’un quart des utilisateurs doivent travailler en dehors du secteur de l’IT. La présence d’un plus grand nombre de personnes qui ne sont pas des programmeurs facilitera la collaboration avec les services IT, ce qui conduira au développement et au déploiement de solutions plus sophistiquées, couvrant l’ensemble de l’organisation et pouvant être mises à l’échelle.

Il y a donc une lacune sur le marché. Pour y remédier, la collaboration est essentielle. Les LCAP doivent être accessibles aux personnes qui ne sont pas spécialisées dans l’informatique et favoriser la collaboration ainsi que le dialogue avec l’IT. L’objectif est que ces utilisateurs puissent communiquer leurs idées et commencer à élaborer des solutions, tandis que les travaux d’ingénierie plus conséquents, comme la conformité et l’intégration des systèmes, sont gérés par l’IT. Pour amener les utilisateurs non spécialisés à se sentir plus à l’aise avec le low-code, les équipes IT peuvent inviter des collègues à tester les premières versions des nouvelles applications, ce qui permet de familiariser les utilisateurs avec la plateforme, tout en les incitant à faire part de leurs commentaires et à collaborer avec des programmeurs chevronnés. De nombreuses grandes entreprises ont annoncé des plans ou lancé des programmes internes de développeurs citoyens. Ceux-ci incitent de nouveaux utilisateurs professionnels à utiliser des plateformes low-code afin d’alléger la charge qui pèse sur les services IT et de réduire les dépenses en logiciels.

Les possibilités offertes aux utilisateurs non spécialisés

Quelle que soit la méthode utilisée, le fait d’encourager les utilisateurs non spécialisés dans le domaine de l’IT à adopter le low-code permettra aux entreprises de taille moyenne et aux plus grandes d’économiser des centaines de milliers d’heures de travail et des millions d’euros chaque année.

Pour l’ensemble des organisations, les applications à plus forte valeur ajoutée sont celles qui stimulent la croissance et les revenus des clients, mais qui augmentent également l’efficacité ainsi que la productivité. C’est ici que les utilisateurs de plateformes d’applications low-code non spécialisés dans l’IT peuvent véritablement faire la différence. Les équipes de vente, les responsables du marketing, les comptables, les chefs de service, les ressources humaines ou encore les agents de terrain. Plus encore que les services IT, ce sont les ressources au sein d’une organisation qui possèdent l’expertise du domaine pour repérer les inefficacités et identifier de nouvelles possibilités de revenus. Dans un environnement de développement idéal, ces idées se concrétisent en solutions personnalisées conçues et maintenues de concert avec le service IT. Compte tenu de la facilité d’utilisation et des fonctionnalités abstraites offertes par les plateformes low-code actuelles, il est tout à fait possible pour des utilisateurs non spécialisés de créer des outils sophistiqués et évolutifs, et les entreprises devraient être incitées, tant financièrement que culturellement, à les soutenir.

Les dirigeants d’entreprise semblent prendre conscience de la nécessité de renforcer l’expertise des collaborateurs non spécialisés dans le domaine pour développer des solutions personnalisées de grande valeur. Preuve en est la multiplication des programmes de développeurs citoyens dans de nombreuses grandes organisations, signe d’un rééquilibrage dans la répartition des utilisateurs du low-code à l’avenir et des finalités poursuivies. Comme les grandes organisations sont de plus en plus nombreuses à prendre conscience de la valeur que représentent les plateformes d’applications low-code utilisées en dehors des services IT, les entreprises devraient poursuivre leurs efforts pour dépasser le nombre actuel d’utilisateurs professionnels.