La digitalisation de la logistique est indispensable pour la rendre responsable

Mettant en œuvre des moyens de transports polluants, des trajets non optimisés et de nombreux déchets d'emballage, la logistique doit se transformer pour réduire son empreinte écologique.

Depuis la première transaction de l’histoire de l'e-commerce en 1994 - l’achat d’un CD musical de Sting, Ten Summoners Tale, le digital a fait basculer marques et consommateurs vers les boutiques en ligne. Chaque année, les volumes de l'e-commerce progressent de plus de 15% pour atteindre 129 milliards d’euros en France en 2021 (rapport Fevad du 3 Février 2022). Il représente aujourd’hui 22% du commerce mondial auquel la Chine et les Etats-Unis sont les principaux contributeurs. 

Le succès de l'e-commerce se heurte à un écueil de taille au regard de l’actualité climatique : son impact environnemental. Mettant en œuvre des moyens de transports polluants, des trajets non optimisés, et de nombreux déchets d’emballage, la logistique doit se transformer pour réduire son empreinte écologique.

Faire passer au vert un gigantesque système logistique 

Ce sont les expressistes, des sociétés de transport express, qui ont les clés du e-commerce. Les principaux acteurs livrent près de 5 milliards de colis par an (UPS ou encore Fedex) grâce à une flotte de plusieurs centaines d’avions et de plusieurs centaines de milliers de véhicules. La logistique mondiale est dominée par ces acteurs majeurs auxquels il incombe une responsabilité de performance et également environnementale. 

L’impact écologique du transport logistique est considérable. En 2021, FedEx a émis 21.5 millions de m3 de CO2 et utilisé 93 000 tonnes de matériaux pour l’emballage (cartons et divers matériaux de calage). Conscients de leurs impacts environnementaux, les grands acteurs de la logistique mettent en place des organisations et projets spécifiques pour répondre à des objectifs ambitieux. 

Alors que les consommateurs sont de plus en plus sensibles (87% des consommateurs français souhaitent des modes de livraison plus vertueux selon le rapport Generix de 2019), les grands acteurs de la logistique doivent investir massivement afin d’atteindre la neutralité carbone et conserver leurs parts de marché : FedEx a, par exemple, décidé d’investir jusqu’à deux milliards de dollars. 

La neutralité carbone de la logistique passe par l’innovation 

L’axe clé actuel de transformation des expressistes est le passage aux véhicules de livraisons électriques, qui doivent bien sûr être rechargés à l’électricité le moins polluant possible. 

Par ailleurs, malgré leur consommation énergétique, les solutions digitales permettent d’optimiser de façon drastique les chaînes logistiques : entrepôts connectés, Internet des objets, capteurs connectés, bras robotisés, véhicules à guidage automatique ou porteurs autonomes fluidifient les trajets empruntés par chaque colis. 

En dotant les systèmes d’information logistiques de capacités d’analyse big data et de modules d’intelligence artificielle, les systèmes de gestion des transports (ou TMS) se transforment en véritables plateformes de gestion high-tech. Ils sont déjà capables d’optimiser la gestion des stocks, le chargement, les trajets empruntés, ou encore de donner la priorité à des moyens de transports plus respectueux de l’environnement.

Si la chaîne logistique peut s’appuyer sur les technologies digitales pour réduire son impact environnemental et des moyens de transports plus écologiques, elle doit aussi apprendre à changer ses habitudes en matière d’utilisation de matériaux. Alors que l’urgence climatique s’est faite plus visible cet été, partout dans le monde (Etats-Unis, Europe, Inde, Pakistan…), peut-on vraiment continuer à transformer massivement des arbres en cartons ou à utiliser des matériaux de calage à usage unique ? 

Du papier bulle au carton en passant par le ruban adhésif et les étiquettes, l’essentiel des emballages utilisés par l'e-commerce sont difficiles à revaloriser. Ils restent des produits à usage unique. À ce jour, un carton est recyclé moins de trois fois avant de terminer sa vie. Le secteur logistique peut déjà utiliser des produits réutilisables - à l’infini si possible. Cette transformation aura un impact plus fort encore que celui des technologies digitales. C’est la prochaine révolution !