Les étapes du financement des sites marchands passées au crible L'implication et les interventions des fonds varient

En dehors de leur participation aux boards, quand les fonds interviennent-ils dans la vie de l'entreprise ? "Dès qu'on touche au capital, répond Marc Menasé. Acquisition, cession, émission d'actions... Ou lorsqu'ils perdent confiance dans le dirigeant. Mais rarement quand tout va bien."

Chez A Plus Finance, Jean-Michel Pimont tempère : "En réalité, notre implication dépend beaucoup du dirigeant, nous intervenons s'il nous sollicite. Ou, bien sûr, si l'entreprise est en mauvaise situation. Et dans ce cas, il n'y a que des cas particuliers : les produits ne se vendent pas, les cofondateurs ne s'entendent plus..."

Gauthier Picquart se souvient en particulier d'un moment clé de la vie de Rue du Commerce. En 2001, la société accumulait des pertes depuis 3 ans. Il est décidé de restructurer l'entreprise, qui passe de 120 à 60 salariés. "Les fonds auraient pu nous pousser à lever encore de l'argent pour poursuivre notre activité ainsi, ce qui nous aurait dilués dans le capital, souligne-t-il. Mais ils ne voulaient pas que Patrick et moi partions et ont accepté que nous procédions plutôt à cette restructuration drastique."

En cas de divergence de vues...

Car les intérêts des fonds, a priori purement financiers, ne sont pas toujours alignés avec ceux des entrepreneurs. "Il arrive par exemple qu'une entreprise à l'équilibre n'investisse plus dans sa croissance, ne prenne plus de risque, explique Jean-Michel Pimont. Il est important d'avoir prévu ces choses-là dès le pacte d'actionnaires."

Des divergences peuvent aussi voir le jour au moment de la sortie des fonds du capital. "Les fonds peuvent dire 'on sort, mais pas vous', souligne Gauthier Picquart. Nous avons été fermes, pour obtenir de réaliser notre investissement comme eux." C'est ainsi que les deux cofondateurs de Rue du Commerce ont cédé certaines de leurs parts à un fonds en 2004, et que l'introduction en bourse en 2005 n'a concerné que leurs parts à eux deux.

"Lors de la sortie, l'entrepreneur peut aussi désirer une valorisation inférieure à celle que visent les fonds, précise Jean-Michel Pimont. Là encore, il faut avoir abordé le sujet dès le départ. En prévoyant par exemple dans le pacte d'actionnaire que si la valorisation est basse, l'entrepreneur touchera moins."

Les fonds doivent pouvoir compter sur l'entrepreneur pour réaliser la meilleure sortie, estime Marc Menasé. "Pour cela, les fonds doivent être en empathie avec lui." Son investisseur Philippe Collombel abonde dans son sens, considérant que toutes les éventuelles divergences doivent avoir été réglées en amont, dans le pacte d'actionnaires. "Sinon, on court au désastre." Il insiste néanmoins sur le fait que les intérêts des fonds et des entrepreneurs sont quasiment tout le temps les mêmes. "Nous sommes là pour aider les chefs d'entreprise", rappelle-t-il.