Les meilleurs extraits de "L'Art de communiquer lors des grands procès" La rencontre avec Jérôme Kerviel

« Je n'imaginais pas qu'un simple coup de fil d'un ami journaliste en plein milieu de l'été allait me projeter au cœur de l'un des procès les plus médiatiques de ces vingt dernières années.

Je n'imaginais pas que mon métier de conseil en communication me conduirait à rencontrer un jeune homme de trente ans, accusé d'avoir mis en péril la banque la plus sûre de France.

"J'avais l'habitude de travailler avec des chefs d'entreprise, des ministres, et mon travail aurait pu m'amener plus naturellement vers le président de la Société Générale plutôt que vers un jeune trader de trente ans."

Tout s'est enchaîné très rapidement. Je me suis rendue à Levallois où Jérôme Kerviel avait son bureau, pour le retrouver avec Jean-Raymond Lemaire qui l'a soutenu et aidé avec une grande générosité. J'avais l'habitude de travailler avec des chefs d'entreprise, des ministres, et mon travail aurait pu m'amener plus naturellement vers le président de la Société Générale plutôt que vers un jeune trader de trente ans. Au moins, si je n'envisageais pas vraiment de me mettre à son service, mon excitation et ma curiosité n'étaient pas feintes.

Cet entretien se déroula très bien, j'avais en face de moi deux hommes, l'un qui ressemblait à un bon père de famille protecteur, l'autre qui ne pouvait attirer que la sympathie lorsqu'on le regardait. Il était silencieux et m'observait la tête baissée comme un petit garçon timide qui a fait des bêtises... Puis il me demanda mon avis sur la communication et, au fil de la discussion, je me rendis compte que son histoire était passionnante, que ce garçon était intelligent.

Cette affaire me passionna rapidement et, à la fin de l'entretien, je retrouvais tout à coup le même intérêt et la même stimulation ressentis lorsque je travaillais auprès de Dominique Perben, alors ministre de la Justice : me revoilà face à l'affaire AZF, à l'affaire Baudis et à bien d'autres...

Nous sommes à la veille du 14 juillet 2008.

"C'était un personnage touchant, une victime trop facile pour la banque, j'avais en face de moi un garçon abattu par ce qu'il subissait et en même temps combatif, prêt à rendre les coups donnés."

Si ce n'était cette rencontre, plusieurs raisons me poussaient à accepter. C'était un personnage touchant, une victime trop facile pour la banque, j'avais en face de moi un garçon abattu par ce qu'il subissait et en même temps combatif, prêt à rendre les coups donnés.

Mais c'était d'autant plus intéressant qu'il cherchait une nouvelle stratégie de défense (comme il était possible de le lire dans un article de Paris Match paru au même moment...). Cet intérêt n'était pas anodin, car l'affaire fut un cas d'école et m'amena à une véritable réfl‚exion sur les enjeux de la présence d'un conseil en communication dans un cadre judiciaire »