Olivier Pagès (ffly4u) "L'edge computing ne fait perdre que 8% d'autonomie au capteur IoT de ffly4u"

L'entreprise toulousaine a développé en deux ans sa propre solution d'edge computing pour apporter, via l'analyse des data dans le boîtier, des informations supplémentaires à ses clients.

Olivier Pagès, CEO de ffly4u © ffly4u

JDN. Qu'est-ce qui a poussé ffly4u à créer sa propre solution d'edge computing  pour ses capteurs de suivi d'actifs industriels ?

Olivier Pagès. Nous nous sommes rendus compte, il y a près de trois ans, que, si nous nous limitions à proposer une solution IoT de suivi de géolocalisation et de température, ce qui est le plus souvent demandé en grand volume, nous ne serions pas différenciant sur le marché. Nous travaillons par ailleurs par verticales métiers et il nous faut donner à nos clients des données qui leur apportent de la valeur. Un producteur de câbles n'a pas les mêmes besoins qu'un loueur de matériel par exemple. L'analyse de données spécifiques à un métier n'est pas réalisable sur le cloud avec les réseaux LPWAN, qui ne font transiter que très peu de d'informations. Traiter ces dernières directement dans le boîtier est l'option la plus pertinente. Par la valeur ajoutée qu'il apporte, l'edge computing est à mes yeux le futur de l'IoT.

Comment avez-vous procédé pour mettre au point la solution ?

Nous ne voulions pas dépendre d'un prestataire pour pouvoir échanger entre nous en permanence sur la solution et l'adapter de manière flexible. Nous avons donc créé une équipe en interne pour développer notre solution appelée "edge AI low power". Deux spécialistes en IA embarquée ont travaillé avec les ingénieurs pour mettre au point le software. Nous avons cherché des capteurs adaptés à notre boîtier car nous ne voulions pas changer de hardware. Le boîtier n'est pas une commodité, il apporte une vraie valeur. Nous avons ensuite adapté le processus de traitement de l'information par machine-learning en prenant en compte les limites de stockage, de puissance de calcul et d'autonomie. Ajouter de l'edge computing ne nous fait perdre que 8% d'autonomie, soit six mois. Ainsi, ffly4u garantit une autonomie de six ans pour ses capteurs. La solution développée est générique, mais peut s'adapter à chaque métier. Par exemple pour Nexans, nous lui indiquions la géolocalisation et le geofencing de ses tourets de câbles. Grâce à l'edge computing, nous pouvons l'alerter en cas de vol et l'informer sur la longueur de câble qu'il reste dans les tourets. Au final, développer notre solution d'edge computing nous aura demandé deux années de travail.

Quels sont les enjeux dans le secteur ?

Le challenge pour les manufacturiers est d'améliorer leur efficacité opérationnelle et de disposer de données monétisables. Pour les aider à acquérir une dimension de service, l'edge computing est indispensable. Nous avons commercialisé en 2019 près de 5 300 boîtiers en plus, nous prévoyons, avec cette nouvelle solution en edge computing, d'en déployer plus de 15 000 supplémentaires d'ici la fin de l'année et plus de 35 000 en 2021. Pour nos clients, il n'y a pas de surcoût pour l'ajout de la technologie d'edge computing mais nous proposons une licence pour la valorisation de la donnée. Depuis la crise sanitaire, il y a une tendance pour la relocalisation et l'atout de ffly4u est de tout produire en France.

Olivier Pagès a fondé ffly4u en 2015 pour concevoir et fabriquer des produits industriels intelligents. En 2020, l'entreprise comptait 7 500 boîtiers actifs dans cinq verticales métiers et réalise un chiffre d'affaires de 400 000 euros, dont 70% est réalisé à l'export. Responsable de la définition, de la coordination et du suivi de projets en interne, Olivier Pagès dispose de 25 ans d'expérience en milieu industriel dans le domaine des services BtoB pour la supply chain. Il a développé sa carrière dans le conseil financier et la performance industrielle.