Laurent Glaser (Leroy Merlin) "Enki s'étoffe de deux packs de sécurité pour favoriser l'accessibilité à l'IoT"

Leroy Merlin propose ces deux nouveaux produits en marque propre pour renforcer sa stratégie de démocratisation des objets connectés, poursuivie par Laurent Glaser, directeur stratégie et prospective Maison Connectée au sein du groupe.

Laurent Glaser, directeur de la stratégie et de la prospective Maison connectée chez Leroy Merlin. © Leroy Merlin

JDN. Vous venez de remplacer Pierre-Yves Hadengue à la tête d'Enki, en tant que directeur de la stratégie et de la prospective Maison connectée de Leroy Merlin. Qu'est-ce qui vous a poussé à rejoindre l'équipe IoT du groupe ?

Laurent Glaser. J'ai été sponsor du projet Enki dès qu'il a été présenté au groupe par Pierre-Yves Hadengue car il faisait écho au périmètre dont j'avais la responsabilité. Nous étions convaincus que les objets connectés allaient prendre de l'ampleur et qu'ils pouvaient avoir une véritable utilité pour les clients sur les verticales de Leroy Merlin. Pour nous, la connectivité allait devenir une fonctionnalité native des produits. J'ai rejoint l'équipe d'Enki en juillet 2019 et mon objectif est de gagner en vitesse et en interaction avec l'écosystème pour adresser le plus grand nombre.

Vous n'avez pas repris le poste de chief IoT officer de Pierre-Yves Hadengue

Non je n'ai pas repris ce titre de chief IoT officer car nous nous sommes organisés différemment. L'ancien vice-président de Samsung Eric Dewannain nous a rejoint en tant que vice-président IoT Smart Home chez Adeo Services pour prendre en charge la partie tech, et moi je m'occuperai de l'aspect stratégique et de la vision de la maison connectée avec les équipes métiers. Nous travaillerons en binôme.

Quelle est votre stratégie pour ces prochains mois ?

Notre première approche a été de lancer une box et une application agnostique des marques pour offrir le meilleur système de pilotage possible des objets connectés, par l'application, la télécommande ou la voix. Car lorsque l'adoption de l'IoT mène à une multiplication des applications, on ne répond pas aux besoins de l'habitant, qui veut non pas piloter des objets connectés mais disposer de scénarios pour améliorer sa qualité de vie. Enki répond à cela. On observe désormais une accélération de la demande pour l'IoT. Notre stratégie est d'accompagner la démocratisation de la technologie dans l'habitat. Cela va passer par le développement de nos produits smart en marque propre (Leroy Merlin a lancé en octobre 2020, sa gamme d'ampoules connectées Lexman pilotables avec Enki, ndrl). Les marques propres sont très plébiscitées, elles représentent pour Leroy Merlin un chiffre d'affaires conséquent. Nous allons apporter un complément de gamme pour rendre davantage accessible des solutions globales dans nos verticales, à savoir le confort, la gestion des accès, la sécurité et l'éclairage. L'évolution d'Enki est d'adapter les solutions aux besoins de chacun : ceux qui veulent une première expérience avec les objets connectés, ceux qui ne veulent connecter qu'un domaine de la maison et ceux qui veulent une expérience complète.

"Nous intégrons aussi une prise connectée car la meilleure des alarmes est la simulation de présence"

Quelle est votre première action en ce sens ?

Nous lançons deux packs de sécurité sous la marque Lexman, l'un pour la maison (à 349,90 euros), l'autre pour l'appartement (à 249,90 euros). La sécurité est une demande forte du marché mais certains clients n'ont pas le budget pour acquérir des solutions globales. Enki s'étoffe ainsi de ces nouveaux produits pour favoriser l'accessibilité à l'IoT. Les marques propres n'ont pas vocation à remplacer des marques nationales et leader sur le marché comme Netatmo ou Somfy, avec lesquels nous sommes partenaires, mais à apporter des compléments de produits. Ces derniers viendront enrichir les 450 produits de 25 marques pilotables par Enki. Notre particularité est d'intégrer dans le pack une alarme, une sirène intérieure et extérieure, des détecteurs d'ouverture et de mouvement, deux télécommande mais aussi une prise connectée. La sécurité ne se limite pas selon nous aux produits ayant cet attribue, et la meilleure des alarmes est la simulation de présence par la programmation de scénarios avec ses appareils connectés. Tous ces produits fonctionneront en Zigbee. Ajouter la box Enki au sein de ce pack permet par ailleurs à l'habitant d'ajouter des fonctionnalités et des produits supplémentaires commercialisés à l'unité. L'ajout d'ampoules par exemple ne revient pas à plus de dix euros. Ce pack sécurité se caractérise ainsi par son évolutivité.

Les produits de sécurité du pack seront sous la marque Lexman. © Leroy Merlin

Au-delà de la sécurité, travaillez-vous sur d'autres sujets ?

L'éclairage n'était pas au cœur de notre stratégie jusqu'à présent. Or, on se rend compte d'une accélération sur ce marché car les produits peuvent rendre de nombreux services à chacun sans représenter un budget conséquent. Par exemple, un éclairage connecté peut répondre à des problématiques d'aménagement : si vous voulez pouvoir éteindre une lumière à l'étage de votre maison, plus besoin de tirer un câble, il est possible de le faire du lieu où vous êtes, sur votre téléphone ou à la voix. D'autre part, nous avons constaté qu'un utilisateur sur trois utilise la voix pour piloter ses objets connectés. Nous voulons continuer à avancer dans ce domaine car la voix va résoudre de nombreux problèmes pour certaines typologies d'utilisateurs.

Quels sont vos enjeux actuels dans la maison connectée ?

Depuis le début de la crise sanitaire, les Français se préoccupent davantage de leur habitat, devenu un refuge. Ils veulent y installer la meilleure solution répondant à leurs besoins. Notre enjeu est ainsi de nous concentrer sur ce qui a de l'utilité. D'autre part, les utilisateurs ont désormais besoin d'avoir un habitat plus modulable en fonction de l'évolution de leur vie. Par exemple, il faut que les objets connectés contribuent au maintien à domicile et à l'adaptation de l'espace plutôt que de mener les personnes âgées à déménager. Sur le long-terme, l'enjeu sera de faire en sorte que la maison s'occupe de vous.

Laurent Glaser a commencé sa carrière dans les télécoms. Après sept années chez Sagem, il a rejoint Leroy Merlin où il a occupé différents postes pendant vingt-cinq ans. Il a été pendant cinq ans directeur général délégué de Leroy Merlin France avant d'intégrer l'équipe Enki il y a un an et demi. Il est actuellement en charge de la stratégie et de la prospective Maison connectée.