Où est Charlie ?

Vous connaissez tous cette série de livres édité par Martin Handford où le lecteur doit réussir à retrouver un personnage, Charlie, à l'intérieur d'une image. Pour moi, Charlie est aujourd’hui l’image parfaite représentant certaines "nouvelles" positions au sein de grands groupes.

Social Media Analyst, Social Media Marketing Manager, Strategic Community Manager, Web 2.0 Specialist, Head of Social Media, Community Manager,... On ne compte plus ces derniers temps l'apparition de ce type de profils au sein de grandes sociétés/marques. Une réelle prise de conscience pour certains, une envie de ne pas rater le train (et l'image qui va avec) pour beaucoup d'autres.
 
Véritable Indiana Jones du web, mercenaires des nouvelles technologies, évangéliste du numérique, la passion qui a animé le secteur ces 15 dernières années (pour les plus anciens en tout cas), nous a poussé à toujours vouloir aller plus loin plus vite. Cela nous a fait inévitablement passé par l'ensemble des étapes de l'évolution de l'Internet, de la classique construction de sites web, à la stratégie virale en passant par l'email marketing, le bannering et le SEO/analytics pour, dernièrement, nous immerger dans l'ère des réseaux sociaux (pour certains, c'était déjà hier ;-)).
 
Personnellement, après avoir passé ces 48 derniers mois à torturer ces fameux réseaux sociaux dans tous les sens pour en extraire le meilleur en terme de campagnes marketing, j'en arrive aujourd'hui à réellement me poser la question du positionnement de ce genre de profils au sein d'un groupe, d'une marque.
 
Bien que, grâce à l'expérience et la maturité acquise, nous sommes tous devenu (plus ou moins ;-)) compétent au niveau des stratégies marketing à mettre en place à l'intérieur de ces réseaux, ne risquons-nous pas de nous laisser enfermer dans un "ghettos social" à l'intérieur d'un département marketing qui a eu tendance ces dernières années, à englober de façon boulimique l'ensemble des compétences hétéroclites suffisamment barbares pour ne pas prendre le risque de les mélanger à la sublime sainteté des départements plus "classiques".
 
Et si cette dernière évolution s'inscrivait plus dans un changement profond de notre société que dans une xème évolution d'un média permettant de mieux servir le marketing?

Bien que ce terme fait très peur au sein des grandes structures habituées aux modèles de cases et aux trames prédéfinies pour les 60 prochaines années, ne serait-il pas temps de tenter l'expérience de l'électron libre et de donner une position beaucoup plus transversale à ces véritables ethnologues de cette mouvance sociale?
 
Car une chose devient de plus en plus évidente à mes yeux. Cette connaissance profonde des nouveaux médias, et plus particulièrement des réseaux sociaux, peut aussi bien servir le département comptabilité que la logistique ou, plus évident mais souvent isolé sous l'ombrelle "IT", le département R&D d'une entreprise.
N'est-il pas illusoire de cantonner cette compétence au sein du marketing alors qu'il est évident que les changements qui doivent s'opérer aujourd'hui sont ancrés dans la structure profonde de l'ADN de la société plus que, bien que nécessaire et important, dans l'emballage superficielle que représente la communication ?
 
Et demain ?
Nous savons tous qu'Internet évolue et mute d'une façon vertigineuse de façon quotidienne et que son usage modifie de plus en plus notre société. Aujourd'hui, seule la passion permet à une poignée d'aficionados de pouvoir anticiper ces changements, les assimiler et les intégrer (parfois trop tôt) de façon intelligente dans des stratégies applicables à l'entreprise.
 
Ne devrait-on pas permettre à ces personnes de piloter l'innovation au sein de grands groupes et, sous l'impulsion direct du top management, insuffler cette envie d'évoluer et de prendre des risques (mesurés) à l'ensemble des étages de nos structures devenues beaucoup trop rigides ?

Une sorte de nouveau département responsable de l'entretien de l'ensemble de la chaine et du dépoussiérage mensuel des sacro saintes habitudes...  C'est sans doute un rêve pour certain, une utopie pour d'autre mais, j'en suis convaincu, une réalité pour demain.
 
Il y a à mes yeux deux choses essentielles pour faire de cette structure transversale un succès au sein de l'entreprise :
1. Un savant mélange entre créativité, passion et esprit entrepreneurial de haut vol (proche des valeurs du business et ne confondant pas «créativité/innovation » avec "terrain de jeu pour enfants attardés") doit être ancré dans les gênes des personnes en charge de cette initiative.
2. Un support inconditionnel du top management qui doit insuffler cette envie d'aller de l'avant, de casser certaines règles et de les appliquer à l'ensemble des rouages de la société dans le respect des valeurs de base.
 
Je finirais par ces quelques mots du publicitaire britannique David M. Ogilvy: "Encouragez l'innovation. Le changement est notre force vitale, la stagnation notre glas".