Start-up : faut-il (vraiment) lever des fonds ? Les bonnes raisons de lever des fonds

Malgré ces inconvénients, les investisseurs en capital-risque peuvent jouer un rôle non négligeable dans le développement des sociétés. Rôle qui doit être mesuré en fonction des besoins de chacune d'elles. Quelles sont donc les bonnes raisons de lever des fonds ?


Equilibrer son bilan et renforcer son BFR

Si le modèle économique d'une société est déjà prouvé et s'avère vertueux, l'apport de capitaux deviendra alors un accélérateur. Les start-up confrontées à des besoins de fonds de roulement (BFR) importants sont alors les premières concernées. Lancé en septembre 2001, le distributeur de voiture Aramis Auto sur un modèle click and mortar est rapidement devenu bénéficiaire. Mais "nous avons décidé de lever des fonds en 2009 puisque notre cash-flow n'était pas suffisant pour couvrir notre BFR. Les fonds levés nous ont donc permis de rééquilibrer notre bilan, d'accélérer tant le développement technologique que celui de notre réseau physique de points de ventes" témoigne Nicolas Chartier, co-fondateur d'Aramis Auto. Et d'ajouter "aujourd'hui nous avons un BFR moins important et un résultat qui profite clairement à notre croissance ".

Investir en recherche et développement

elie auvray, dirigeant de jahia solutions group
Elie Auvray, dirigeant de Jahia Solutions Group © S. de P. Jahia Solutions Group

"Certains secteurs ont de réels besoins de capitaux dès le lancement d'une société, par exemple dans les biotechnologies où la recherche fondamentale précède la commercialisation d'une offre" indique Nicolas Chartier.

Chez l'éditeur de solutions open source Jahia spécialisé dans la gestion de contenus web, la question ne s'est pas posée puisque la société a pu se lancer grâce à l'apport technologique préexistant développé par une partie de son équipe de fondateurs. Mais l'un des cofondateurs Elie Auvray reconnaît que "certains projets comme dans le domaine des software as a service (SaaS, ndlr) ont besoin de capacités d'investissements en infrastructures dès leur lancement pour ensuite atteindre une masse critique". Il estime que "la meilleure personne en mesure de savoir si des capitaux sont nécessaires, c'est l'entrepreneur. Aujourd'hui, de nombreuses start-up qui ont levé des fonds les ont correctement utilisés, comme Talend ou Penthao puisqu'ils l'ont fait avec des plans de développement matures".


Prendre de l'avance sur la concurrence

Sur un marché explosif nécessitant une capacité de déploiement importante, une levée de fonds peut s'avérer être un important catalyseur. Pour Antoine Brenner "quand nous avons procédé à l'augmentation de capital d'Alinka, l'idée était de trouver les ressources nous permettant de dupliquer notre modèle aux Etats-Unis pour bénéficier d'une réelle opportunité de marché, nécessitant alors un important réseau de distribution pour notre solution". D'où l'idée de s'allier à un investisseur industriel déjà présent sur le terrain. Et très souvent, ce besoin de développement se traduit par une nécessité d'investissements en forces de vente ou de communication dont les coûts restent facilement estimables.

Un contrat gagnant-gagnant

S'il n'a jamais levé de fonds pour son actuelle société, Elie Auvray a connu des augmentations de capital à l'occasion de ses précédentes expériences. Pour lui, ce type d'opération peut bénéficier tant à un investisseur qu'à l'entrepreneur et à sa société : "L'entrepreneur renonce en effet à une partie de ses parts mais accède en contrepartie à une valorisation concrète de sa société. Si le plan de développement s'exécute comme prévu, le développement de la start-up s'accélérera et les parts qu'il possède encore prendront davantage de valeur. C'est un contrat gagnant-gagnant". Reste qu'une augmentation de capital doit se réaliser de manière contrôlée à partir du moment où la société dispose de solides fondamentaux. Un investisseur peut par ailleurs offrir un important réseau de recrutement et une visibilité internationale "mais ce type de visibilité n'aura toutefois pas d'effet direct sur les ventes" conclut Elie Auvray.