François Pérol (Président de BPCE) "Notre objectif est de mettre en commun ce que le client ne voit pas"

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François Pérol. © JDN / Cécile Debise

Vous avez annoncé que vous souhaitiez conserver deux réseaux – Caisses d'Epargne et Banques Populaires – concurrents. Pourquoi ?

François Pérol. BPCE est un groupe coopératif et décentralisé. Les actionnaires de BPCE, ce sont les 17 Caisses d'Epargne et les 20 Banques Populaires. Elles sont dirigées par des chefs d'entreprise qui, en région, prennent les décisions de crédit, les décisions financières. Chacune est administrée ou surveillée par un conseil composé de représentants de la vie économique et sociale de la région.

Les 37 Caisses d'Epargne et Banques Populaires ne se ressemblent pas toutes. Mais ce qui fait la force du groupe, c'est la proximité des dirigeants avec l'économie de leur région. Nous souhaitons nous appuyer sur cette force et ne surtout pas l'amoindrir. C'est la raison pour laquelle les deux réseaux vont rester concurrents sur chaque territoire et sur chaque catégorie de clientèle. Ce sont les clients qui choisissent leur banque. Nous ne décidons pas pour eux.

Pourtant, vous espérez réaliser 1 milliard d'euros d'économies grâce aux synergies alors que vous conservez les deux réseaux. Comment allez-vous procéder ?

FP. Notre objectif est, notamment, de mettre progressivement en commun, et donc faire des économies, ce que le client ne voit pas, comme les procédures, les systèmes et les infrastructures et donc de lui proposer le meilleur service au meilleur prix. Ainsi, nous avons fusionné les anciens organes centraux des ex-Groupe Caisse d'Epargne et Groupe Banque Populaire pour créer BPCE. Cette opération va générer d'importantes économies de charges. Nous pouvons aussi centraliser les achats, pour obtenir de meilleurs prix à travers des volumes plus importants. Mais ces économies ne changeront pas la relation de proximité du client avec sa banque.

'les deux réseaux vont rester concurrents sur chaque territoire'
"Les deux réseaux vont rester concurrents sur chaque territoire" © JDN / Cécile Debise

En fusionnant leurs infrastructures, les Caisses d'épargne et les Banques populaires ne vont-elles pas finir par proposer les mêmes produits ?

FP. La décision de vendre ou pas certains produits revient aux dirigeants des Caisses d'Epargne ou des Banques Populaires en région. Ce sont eux qui définissent les produits, car ce sont eux qui les vendent. Ensuite, c'est aux filiales de BPCE de fabriquer le produit qui répond aux besoins des clients transmis par les banques. C'est dans ce sens-là que cela marche : la décision doit être prise en région. Un exemple concret : quand Natixis travaille avec les Caisses d'Epargne en matière de prêt à la consommation, les prêts sont accordés par les Caisses d'Epargne et figurent dans leur bilan. Natixis agit comme un prestataire pour les Caisses. Ce modèle va être répliqué avec les Banques populaires.