La médecine connective : le rôle des réseaux sociaux dans le domaine médical

La popularité des réseaux sociaux a donné lieu à la croissance de communautés virtuelles et a livré une nouvelles piste aux professionnels de santé, associations et organismes œuvrant dans le domaine de la prévention médicale.

La crise de coronavirus, a stimulé l'utilisation du web, et des réseaux sociaux. Une étude publiée par Kantar, un cabinet d'études basé au Royaume-Uni, a dévoilé que la navigation sur l'Internet a augmenté d'environ 70% et l'engagement dans les médias sociaux a augmenté de 61% pendant la période du confinement. Ceci a fait remonter à la surface une question pertinente qui surfait l'esprit des médecins depuis une décennie, comment le "web 2.0" pourrait impacter le domaine médical ? Comment situer cette nouvelle forme d’intelligence connective dans un esprit de collaboration vertico-transversale, bénéfique aussi bien pour le médecin que pour le patient ?

Renforcement de l’information du patient 

Les médias sociaux stimulent la mise en relation d’un grand nombre de producteurs de l’information, créant cette grande diversité de messages, un mixage entre données scientifiques "académiques", la vulgarisation et l’expérience personnelle. Une usine dans laquelle œuvre différentes personnes de différents statuts, des médecins, des patients, des patients-experts, les journalistes, et même des firmes pharmaceutiques. Grâce auxquels des patients souvent "pseudonymisés" recherchent des indications, des expériences, des avis et surtout des conseils et des astuces.

Soutien socio-émotionnel basé sur l’expérience

Il s’agit de la capacité des amis virtuels qui partagent la même expérience maladie à jouer le rôle de conseil et de soutien émotionnel, surtout en cas de maladies chroniques (diabète, HTA…) et graves (cancer, sclérose en plaque..). Par ce mode de vulgarisation médicale collective et expérientielle, les patients experts se retrouvent en toute confiance pour discuter des expériences vécues avec leurs propres mots, partager et expliquer ce qu’ils ont capitalisé après des années d’expérience avec la maladie en tant que malade. Ce processus de vulgarisation a été conceptualisé par la chercheuse Susanna Fox sous le terme de Peer-to-peer Healthcare, selon laquelle, ce mode de communication, permet non seulement une consolidation du socle informationnel disponible sur les recherches Google, mais aussi de faire vivre aux patients le devenir de la maladie à travers l’expérience d’autres patients.

Prévention médicale ciblée

L’usage quasi-généralisé des smartphones et la popularité des sites électroniques de réseautage social a donné lieu à la croissance de communautés virtuelles et a livré une nouvelles piste aux professionnels de santé, associations et organismes œuvrant dans le domaine de la prévention médicale, à travers la communication de messages incitant à l'adoption d'un mode de vie sain, la prévention des IST et des différentes types d’accoutumances (tabac, alcool, drogues…)….

Des chercheurs à l'Université de la Californie à Los Angeles (UCLA) ont mené une étude portant le nom de HOPE — Harnessing Online Peer Education (Exploiter l'éducation par les pairs en ligne). Les chercheurs ont formé les participants à poster des messages concernant la prévention du VIH et d'autres questions connexes sur Facebook. L'équipe a constaté que les participants qui recevaient ce genre de messages étaient plus favorables à l’utilisation des tests de dépistage du VIH à domicile. De plus, certains participants ont réduit leurs comportements sexuels à risque.

Ces résultats, nous livrent une piste de réflexion et d’orientation stratégique sur un mode d’exploitation positif et bénéfique des réseaux sociaux et ce mode d’ "intelligence collective", portent à croire que davantage de chercheurs devraient envisager d'utiliser et d'évaluer les réseaux sociaux et le web 2.0 comme moyen d’adhésion aux programmes et aux messages de prévention.

 (IN)formation médicale connectée

L’avènement des réseaux sociaux a révolutionné la façon d’accéder à l’information, de communiquer et de partager le savoir dans de nombreux domaines, y compris celui de la médecine. L’expérience a démontré que les réseaux sociaux constituent désormais, une plateforme de formation indépendante et d’échange de documentation et de supports pédagogiques pour les professionnels de santé. Le réseau social actuellement le plus utilisé pour un usage professionnel est Twitter. Ce réseau permet de diffuser instantanément des tweets, permettant aux lecteurs d’obtenir des informations courtes et généralement concises et précises. Il est possible d’y insérer une image ou de renvoyer vers un lien internet ou vers un autre message, permettant notamment de détourner la contrainte principale du nombre de caractères autorisés par la plateforme. Aussi, le réseau WhatsApp assure un réseautage professionnel efficace, permettant d’échanger des avis et de discuter des sujets médicaux et d’échanger de la documentation scientifique, la pandémie du coronavirus (Covid-19), a donné un coup de fouet à cette fonction de mise en commun d’expériences, l’actualisation des enseignements et leur adaptation à la vie des étudiants en médecine et des praticiens, la variation des pratiques, et l’accompagnement des jeunes médecins dans leur insertion professionnelle.

Psycho-Chabot ?!

Les réseaux sociaux ont démontré leur efficacité dans le domaine de la gestion de certains aspects psychologiques, grâce cette fois-ci à des assistants algorithmiques spécialistes dans l’amélioration de l'humeur. Des chabots capables de se connecter de manière interactive avec son utilisateur, de montrer des morceaux d'empathie tout en lui offrant une chance de parler de ses problèmes et de recevoir des conseils en retour, imitant partiellement le travail d’un psychologue ou d’un coach humain.

Les médias sociaux constituent aujourd’hui des canaux de communication immédiats et incontournables, rassemblant des usagers de toutes les ethnies et de tous les âges. Ils sont de plus en plus consultables à la recherche d’informations dans tous les domaines, dont la santé. Paradoxalement, ils exposent les médecins et les patients à de moult risques et problèmes, et soulèvent de nouvelles questions : les médecins ont-ils le droit de communiquer avec leurs patients via les réseaux sociaux, sachant que derrière chaque réseau social il y a une organisation, donc un stockage de la data ? Les patients sont-ils conscients des risques du partage de données confidentielles concernant leur santé, savent-ils que sur internet, on ne peut rien contrôler ? Sont-ils conscient que le partage des informations médicales sur Facebook (ou un autre réseau social) les transforme en informations publiques…..

A suivre.