Le parc de ressources géothermiques islandais ouvre la voie à un avenir durable

En juillet 2021, l'Union européenne (UE) annonçait faire de la neutralité climatique à l'horizon 2050 le pilier de sa stratégie climatique, avec l'hydrogène comme pièce maîtresse.

Afin de promouvoir l’utilisation de l’hydrogène en tant que vecteur énergétique, l’UE souhaite atteindre une capacité de 6 gigawatts à l’échelle du continent d’ici 2024 et de 40 gigawatts d’ici 2030 ; soit un million de tonnes d’hydrogène renouvelable en 2024 et 10 millions de tonnes en 2030. La priorité actuelle de l’UE est la décarbonation de l’industrie lourde ou des industries stratégiques (telles que les raffineries, les cimenteries et les produits pétrochimiques), car l’hydrogène constitue un argument commercial de poids dans ces secteurs, qui ne peuvent actuellement pas être décarbonés par des solutions électriques.

Une densité énergétique plus élevée est en effet nécessaire afin de décarboner efficacement les secteurs industriels lourds, raison pour laquelle l’hydrogène se présente comme une solution idéale. Sachant que la combustion de l’hydrogène ne produit pas d’émissions, ce facteur constitue l’argument de vente unique en faveur de la consommation d’hydrogène. Dans ce contexte, le parc de ressources de la péninsule de Reykjanes permet de répondre à cet enjeu car il recèle un potentiel important en termes de production d’hydrogène vert, et jouit d’une longue tradition d’innovation couronnée de succès, fondée sur l’exploitation optimale de toutes les ressources, selon la devise « Une société sans gaspillage ».

Un écosystème durable

L’Islande souhaite parvenir à la neutralité carbone d’ici 2040. Si cet objectif est plus ambitieux que celui de l’UE (2050), il est cependant tout à fait réalisable, les Islandais exploitant durablement l’énergie hydraulique et géothermique depuis plus d’un siècle. En répondant à ses besoins grâce aux énergies renouvelables, cette nation insulaire autrefois pauvre est en effet devenue l’une des sociétés les plus avancées au monde dans ce domaine : l’intégralité de la production d’électricité et de chauffage domestique est actuellement assurée par des énergies renouvelables.

En outre, l’Islande s’est également illustrée comme pionnière dans l’utilisation en cascade des ressources géothermiques grâce auxquelles elle produit 30% de son électricité et 90% de son chauffage domestique. Sachant qu’à l’avenir, le principal moteur de la création d’une économie plus durable sera dans les transports, certains défis restent encore à relever pour assurer la transition énergétique dans les secteurs du transport routier lourd, de la marine et de l’aviation, et le parc de ressources est l’endroit idéal pour développer des solutions permettant de créer un avenir durable.

Par ailleurs, ce dernier accueille déjà plus de dix entreprises durables, qui emploient au total quelque 2 000 personnes. Parmi ces entreprises figurent le spa Blue Lagoon, des fabricants de cosmétiques, des sociétés de biotechnologie et des exploitations aquacoles (pisciculture). Leurs services comprennent le séchage du poisson, l’élevage de poissons plats d’eau chaude, le tourisme traditionnel et de santé, les traitements naturels des maladies de la peau, l’élevage d’algues et la production de méthanol vert. Autant d’opérations rendues possibles par les conditions uniques qui caractérisent les centrales géothermiques du parc, lesquelles fournissent de multiples flux de ressources à un large éventail d’entreprises. Ces dernières forment une communauté qui constitue un cadre idéal pour la recherche scientifique, les inventions innovantes et le développement de nouveaux produits qui sont, pour la plupart, exportés. Au cours des dernières années, le parc de ressources a ainsi contribué à hauteur de 1% au PIB islandais.

Contribution du parc de ressources au niveau mondial

Lors d’une conférence consacrée au parc de ressources, en mai 2015, l’ancien Président Grímsson a salué le parc comme étant « la plus grande contribution que l’Islande ait apportée au monde au cours de ce siècle ». Ce succès est le fruit de la technologie inégalée, dont dispose le parc, et des progrès réalisés dans l’exploitation des énergies renouvelables. L’utilisation d’une énergie durable est rendue possible par les centrales géothermiques du parc de ressources, base de diverses innovations.

Depuis plus de vingt ans, le parc fonctionne selon la devise « une société sans gaspillage », ce qui signifie que toutes les ressources qui y entrent et en sortent doivent être utilisées dans toute la mesure et de la manière la plus responsable possibles. Cette mission est accomplie par la pleine exploitation des multiples flux de ressources provenant des centrales électriques, l’objectif étant de faire en sorte que tout déversement ou extrant d’une entreprise du parc de ressources puisse être utilisé comme intrant par une autre entreprise. L’idée est qu’il n’existe pas de déchets, mais seulement des matières premières, qui sont autant de ressources précieuses pouvant être utilisées dans un large éventail de productions.

Grâce à ses ressources géothermiques, le parc constitue le lieu idéal pour la production d’hydrogène, car il offre aux entreprises qui le souhaitent l’accès à des terrains situés à proximité de ses centrales électriques, du CO2 naturel, un approvisionnement en eau douce et de l’électricité produite à partir d’une énergie 100% verte. Le parc de ressources occupe également une position stratégique à deux pas de la capitale Reykjavík, de l’aéroport international de Keflavík et des ports en eau profonde.

Intérêt de la France et avantages de la production d’hydrogène vert en Islande

Le 16 novembre 2021, le Président Macron s’est rendu chez un fabricant d’électrolyseurs (appareils qui produisent de l’hydrogène en faisant passer des courants électriques dans l’eau). Cette visite témoigne de la volonté de l’État de soutenir ce secteur prometteur mais encore embryonnaire. En outre, le Président a annoncé la mobilisation de 1,9 milliard d’euros en faveur du développement de la filière hydrogène dans le cadre du plan France 2030, dans le but de décarboner sa production. Cette enveloppe s’ajoutera aux 7 milliards d’euros déjà consacrés à ce secteur au titre du plan France Relance. Le fabricant d’électrolyseurs lui-même bénéficiera également d’un investissement de 200 millions d’euros de la part de l’État via un projet européen d’intérêt commun. En investissant dans son secteur de production d’énergie renouvelable, le pays espère se positionner en tant que leader de l’approvisionnement en énergie durable.

La France et l’Islande partagent plusieurs liens étroits, parmi lesquels leur intérêt commun pour l’utilisation des énergies renouvelables. Les deux nations ont déjà réalisé des avancées conjointes dans ce secteur. A ce titre, dans le rapport de l’UNESCO sur la science (2021), des scientifiques français et islandais ont fait état d’une tentative réussie d’élimination permanente du CO2, ouvrant la voie à de nouvelles avancées dans le domaine de l’action climatique.

Les entreprises implantées dans le parc de ressources ont mis au point des technologies dans des domaines tels que la capture du carbone et la production de carburants verts grâce à la technologie E2L (energy-to-liquids) de Carbon Recycling International. La mise en place de telles initiatives irait dans le sens des objectifs locaux de développement durable et pourrait contribuer à résoudre le problème de la transition énergétique en Islande et en France. Et c’est sans compter sur le vaste potentiel offert par le parc de ressources en matière de développement de nouvelles activités, contribuant ainsi à la création d’emplois et au développement de l’économie islandaise en tirant parti de manière responsable des riches ressources naturelles dont dispose le pays. Cette réalité a d’ailleurs attiré de grands acteurs internationaux à la recherche d’alternatives plus écologiques.

Forte de sa longue tradition en matière d’utilisation des énergies renouvelables, l’Islande ouvre donc la voie en montrant au monde entier comment il est possible de parvenir à la neutralité carbone.