5 idées reçues des commerçants face au paiement fractionné

Le BNPL connaît une croissance significative en France. Pourtant, certains retailers restent prudents à l'égard de ce service. Des préjugés circulent, pour lesquels voici des éléments de réponses...

L'utilisation des services de paiement fractionné (BNPL) a connu une croissance significative en France ces dernières années, avec près d'un tiers des Français ayant opté pour cette méthode de paiement en 2021, contre 25% l'année précédente (1). Malgré cette croissance, certains consommateurs et retailers restent prudents quant à l'utilisation ou la mise en place de ces services. De nombreux préjugés circulent à propos du paiement fractionné, pour lesquels voici quelques éléments de réponses…

Le paiement fractionné est difficile à mettre en place et à piloter pour les commerçants

Il est aujourd’hui très simple de recourir à ce service. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, un commerçant peut mettre en place une solution de facilité de paiement sécurisée en quelques clics. Les fintechs spécialisées proposent des implémentations “plug & play” au travers de modules activables depuis les différentes plateformes e-commerce du marché, ou encore via des API ou SDK. Il suffit généralement de copier-coller un petit bout de code pour intégrer simplement une solution de paiement fractionné. 

Une fois intégré, l’intelligence artificielle prend le relai pour optimiser les modules de scoring du consommateur et délivrer une expérience fluide. Le principal enjeu de celle-ci est de réduire le « time-to-yes », autrement dit le délai d'acceptation de la demande de facilité de paiement. Dans la plupart des cas, ce délai est quasi immédiat, les moteurs de scoring chargés d'évaluer les risques, y compris la fraude, étant de plus en plus performant. 

La maturité technologique fait aujourd’hui du paiement fractionné une véritable commodité, tant dans son intégration que dans son usage.

Le paiement fractionné coûte cher aux commerçants

Le paiement fractionné (3x/4x), dans la majorité des cas, est une option de paiement totalement gratuite pour le consommateur. Le commerçant prend à sa charge la commission prélevée par le prestataire à la fin du mois. Généralement entre 2,5% et 4% du montant de la transaction.

Cette commission est néanmoins rapidement rentabilisée par une hausse du taux de conversion (jusqu’à 14%), une hausse du panier moyen (jusqu’à +55%) ainsi qu’un apport de trafic généré par certains BNPL communautaires (2). Une telle solution permet de voir aboutir de nombreuses ventes qui auraient été abandonnées.

A plus long terme, c’est la base de clientèle qui va s’enrichir, d’autant que le taux d’acceptation du paiement fractionné est compris entre 70 et 80% sur le marché Français (3).  Il apparaît comme un élément d’optimisation et de consolidation de la trésorerie.

Le commerçant s’expose à un risque

 La totalité du processus d’achat et l’ensemble des risques associés sont pris en charge et assumés par le prestataire de paiement. Une fois le paiement validé et l’achat confirmé, le commerçant reçoit l’intégralité des fonds en fonction du délai négocié avec son prestataire.

Pour beaucoup de retailers, le paiement fractionné est synonyme de charge supplémentaire de travail, du point de vue de la gestion comptable et du risque de fraude.

Il n’en est rien. Les échéances qui suivent sont gérées par le prestataire de paiement qui assume le risque du défaut de paiement. De même en cas de fraude, le fournisseur est garant de l’autorisation de paiement accordée et doit à ce titre assurer les vérifications nécessaires.

Évidemment, le commerçant devra s’associer à un prestataire capable de garantir sa totale conformité avec les règles en vigueur.

Le paiement fractionné ne concerne pas tous les acheteurs

Selon une enquête menée par OpinionWay en juin 2020(4), 78 % des clients sont prêts à changer d'enseigne pour pouvoir payer en plusieurs fois. 30% des clients, quelle que soit leur catégorie socio-professionnelle, utilisent ce mode de paiement au moins tous les deux à trois mois. L’attrait envers le paiement fractionné n'est donc pas une question de budget.

De même, les secteurs et les produits concernés sont très variés : mode, beauté, décoration, sport…, le panier moyen observé chez Scalapay en 2022 est d'ailleurs de 120€ (2). Le paiement fractionné n’est donc plus réservé aux achats de produits électroménagers ou d’équipements informatiques. Il s’applique également aux achats plaisir du quotidien. D’ailleurs, il est observé qu’il entraîne souvent une montée en gamme des achats.

Le paiement fractionné met en difficulté les consommateurs

La protection du consommateur est un enjeu fondamental. Les fournisseurs de paiement fractionné n’ont aucun intérêt à favoriser la surconsommation, puisque tout achat non payé représente pour eux une perte sèche. 

En France, les dossiers de surendettement sont liés à une accumulation de crédits à la consommation qui endette le ménage sur le long terme (12-48 mois), et concernent principalement les dépenses principales de la vie courante (achat d’une voiture, gros électroménager…). Les achats « plaisir » (vêtements, accessoires, décoration…) représentent un panier moyen très inférieur (120€ en moyenne chez Scalapay) et n'engagent pas les ménages sur le long terme et donc sur la voie du surendettement.

Néanmoins, les prestataires se doivent de mettre en place des mesures de contrôle et des processus d’accompagnement si nécessaire. Il leur revient également d’informer clairement les clients finaux.


Sources
(1) Opinion Way - Floa 2021

(2) Données Scalapay

(3) Étude Ispos, Adyen 2021

(4) Etude OpinionWay pour Banque Casino, 2020