Une contradiction sociale

La contradiction est là : l'objectif de la société est en contradiction avec les valeurs et les objectifs d'une majorité de citoyens, dont ceux qui permettent aux entreprises de se développer.

Les technologies et le monde économique vivent une révolution. Par effet domino, le monde social aussi. Révolution signifie que les valeurs, les croyances et les fondements mêmes de la société ont non seulement évolué, mais plus encore, ont fait un véritable saut quantique. 

Les chefs tout puissants sont devenus des managers au service de leurs collaborateurs et les employés soumis, des collaborateurs autonomes et responsables.

Les valeurs auxquelles aspirent beaucoup de nos compatriotes sont : justice, accomplissement de soi et humanité.

Curieusement, les "vieilles valeurs" Liberté, Egalité, et Fraternité reviennent à la surface après avoir été oubliées pendant près de deux siècles, mais avec un fort besoin de les voir se concrétiser. Elles seraient toujours d’actualité si elles étaient vraiment mises en pratique par les politiques et au plus haut niveau de l’Etat .

Pourtant, la majorité des français est stressée, anxieuse et démotivée. La consommation et le rêve technologique s’essoufflent. La toile économique mondiale, avec ses contradictions et ses tensions, semble avoir paralysé toute velléité d’action vers une société plus humaine. Il n’y a plus de rêve, si ce n’est la technologie et la consommation.

Les actionnaires et les fonds de pension semblent avoir imposé au monde une seule valeur, un seul objectif : gagner encore plus d’argent. Paradoxalement, le capitalisme, pour poursuivre sa course en avant et se survivre à lui-même, à besoin de collaborateurs autonomes, responsables et d’un haut niveau d’instruction. Ce qui les amènent à développer des valeurs personnelles fortes, telles celles décrites ci-dessus. Pour conserver et motiver leurs collaborateurs, un certain nombre d’entreprises ont mis en place et essaient de faire vivre des valeurs en phase avec les attentes. Mais la valeur fondamentale est toujours "gagner plus d’argent".

La contradiction est là : l’objectif de la société est en contradiction avec les valeurs et les objectifs d’une majorité de citoyens, dont ceux qui permettent aux entreprises de se développer. Le monde politique donne le sentiment d’évoluer lentement, jaloux de son prestige et de ses prérogatives, imprégné d’un sentiment de supériorité d’un autre temps.

Personne ne semble être capable de dessiner un avenir pour lequel chacun d’entre nous aurait envie de donner le meilleur de lui-même. Nos politiques sont devenus des gestionnaires, voire des gestionnaires de carrière personnelle.

Pourtant, aujourd’hui, le monde et la France ont besoin de politiques efficaces, c’est à dire capables d’anticiper les révolutions matérielles, mais aussi les révolutions de pensées et de croyances, de donner un objectif clair et motivant pour une majorité, et de montrer par leur comportement qu’ils sont vraiment porteurs d’une vision, de valeurs et d’objectifs partagés par la majorité.

Nous avons besoin de dirigeants sensibles, courageux, et vrais :

  1. Sensibles pour savoir entendre et se mettre en phase avec les aspirations des différentes parties prenantes
  2. Courageux pour être capable de rompre brutalement avec le passé et les traditions et de s’engager dans un chemin nouveau
  3. Vrais pour montrer, dans leurs plus petites actions et comportements, qu’ils sont vraiment porteurs des valeurs et des objectifs communs, sans passe droit, ni astuces.