L’indulgence : une vertu à valoriser dans le management

Nous manquons souvent d’indulgence et en premier envers nous-mêmes ! Nos ratés ou nos échecs nous marquent plus que nos réussites et avec cette impression que nous sommes coupables. « Que nous aurions pu mieux faire ».

« J’aurais pu mieux faire ». Nous avons tous eu cette impression, un jour, dans nos propres jugements face à nos actes. SI elle implique cette connaissance d’une possibilité de faire mieux, elle vous pose aussi en responsable de l’échec que vous avez rencontré. Or, envers vous comme envers le monde, ces autres qui vous accompagnent, vous devez vous armer d’indulgence pour accéder à l’exigence.

Quel lien entre l’indulgence et l’exigence ?

L’un ne va pas sans l’autre. L’exigence a besoin d’indulgence et l’indulgence a besoin  d’exigence. A défaut, l’un devient l’ennemi de l’autre.  Il s’agit donc d’être au clair dans ce que vous voulez et pouvez attendre de vous. Avec bienveillance, acceptez les ratés et les chutes, puisque que vous avez  la certitude que vous pouvez mieux faire.
« J’auras pu faire mieux » doit se transformer en : «  Je peux faire mieux ». Basez votre progression et vos attentes  sur le moment présent. Le passé ne doit pas se ressasser mais servir de repère dans ce que à quoi vous avez accédé et le chemin qu’il vous reste à faire.

Qu’est-ce que l’indulgence ? 

Être indulgent, c’est une approche de la situation qui passe par une compréhension de l’erreur, des variables extérieures et intérieures afin de ne pas s’accabler au mauvais endroit et de repérer où l’on peut effectivement faire mieux. Cette approche, nous avons du mal à l’avoir d’emblée, car nous avons souvent l’habitude d’observer la situation de manière superficielle, focalisant sur les mauvaises sensations qu’elles nous procurent : culpabilité, échec, tristesse, angoisse.
Mais, faites un pas de côté et, avec indulgence, retracez le chemin qui vous a mené à cette situation où vous vous sentez coupable ou victime d’un échec.  Car justement, avoir de l’indulgence envers soi-même,  ce n’est pas occuper la place de victime ou rester passivement à s’observer échouer, non.  Être indulgent, c’est assumer la part de responsabilité que l’on occupe dans toute situation puisque nous en sommes acteur et, avec indulgence,  chercher à mieux faire.
Car, ce qui va de pair avec l’indulgence c’est l’exigence. L’exigence de faire mieux dans le futur et de trouver dans le présent ce qui est de votre ressort pour aller vers le changement.

Les variables extérieures et intérieures 

Schématiquement parlant, nous avons tendance à nous référer à des variables extérieures ou intérieures pour expliquer une situation. Et souvent, il s’agit d’une rencontre entre ces deux variables. Vous avez raté un contrat, vous savez qu’il a été  signé avec votre concurrent direct. Vous savez même qui a réussi à faire signer ce contrat. Une personne que vous trouvez pleine de talent. Vous pensez alors que vous avez échoué parce que vous êtes moins brillant, moins bon, moins talentueux que votre concurrent.
Ou vous pensez que c’est votre entreprise qui propose de moins bonnes offres, que votre concurrent connaissait la cible, qu’ils ont, l’un ou l’autre, plus de chance, plus de potentiel, ils sont plus connus, mieux placés etc.….
Ces deux interprétations sont une approche superficielle de la réalité, qui vont soit du côté de s’accabler, soit de s’excuser, mais en aucun cas de vraiment traiter la situation sur les faits.
Or, dans ce cas de figure, il pourrait s’agir d’une erreur de positionnement de votre part avec un client que vous n’avez pas cherché à connaître profondément, parce que ce n’est pas la politique de votre entreprise que de vous laisser ce temps là. Des variables qui prennent source, comme l’illustre cet exemple, dans des ressorts à la fois intérieurs et extérieurs donc.

La culpabilité 

La culpabilité est un mécanisme intérieur, une sensation que l’on a et qui souvent nous empêche de raisonner. Elle est aussi à l’origine de nombreux mécanismes psychologiques trop complexes à exposer ici, mais qui souvent sont à l’origine de scénarios d’échecs à répétition, d’autodestruction, de mauvaise image de soi, etc.
Ce sentiment, vous ne pourrez pas le maîtriser  avec un simple raisonnement, car il est sous-tendu par des variables aussi inconscientes que conscientes.
La culpabilité comme tout ce qui nous fonde à voir avec notre histoire, le regard de nos parents, notre monde social, de notre société. Pour une raison très simple, c’est que nous nous sentons coupables à la lumière de ce que nous jugeons bon ou mauvais pour nous et pour les autres. Cet homme d’affaires, qui se fait licencier parce qu’il n’a pas suivi les consignes peu scrupuleuses de sa compagnie, peut se sentir fier d’avoir résister, ou honteux de ne pas avoir réussi à s’en sortir.

L’interprétation dépend souvent de notre rapport au monde

Comprendre son terrain 

Ainsi pour avancer hors champ de la culpabilité, il faut comprendre son terrain sans avoir peur d’observer de près là nous sommes tombés.  Cela passe donc par la reconnaissance de ses actes, de ceux des autres et de l’environnement.  Assumer en somme les tenants et les aboutissants d’une situation. Mais qu’entendons-nous par là ? Assumer, c’est reconnaitre  et avancer avec la reconnaissance de ses  fautes. Cela ne peut se faire qu’avec un regard indulgent sur  ses actes, afin de comprendre d’où nous sommes partis, où nous sommes arrivés et quelles variables avons nous croisé en chemin.
Reprenons un exemple de la vie courante. Vous êtes cadre dans une compagnie, mais vous nourrissez le rêve d’être entrepreneur. Toutes les idées que vous avez déjà lancées ont échoué. Vous vous retrouvez donc à éviter une situation similaire en abandonnant votre rêve. Vous ne vous sentez pas à la hauteur. Dans ce cas de figure, vous êtes en train d’utiliser des variables intérieures vous mettant à l’origine de l’échec. Or il n’y a jamais une seule variable ; lorsque vous misez sur votre unique faute vous êtes forcément dans l’erreur. Et si vous aviez observé de plus près votre terrain, vous y auriez peut-être trouvé des erreurs de cible ou de communication, mais pas forcément liées au sens de votre idée.
Personne ne peut avancer en gagnant s’il a en tête tout ce qu’il n’est pas, tout ce à quoi il s’est senti échouer, le pire de son histoire en somme. L’avancement ne peut passer qu’avec un regard d’indulgence sur vos possibles erreurs et faux pas. La même indulgence que vous auriez envers un pair. Car, qui plus est, les échecs sont souvent les chemins tortueux que prend toute réussite. Toute réussite passe par la compréhension de soi. Comprendre pour se libérer de toutes ces chaines névrotiques qui nous coupent de nos capacités.