Plateformes vs ESN : la nouvelle donne de sourcing de talents IT

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Face à la pénurie de compétences et aux exigences de conformité, les directions IT redéfinissent leur stratégie de sourcing, entre ESN historiques et nouveaux acteurs hybrides.

Longtemps dominé par les ESN, le marché des talents IT reposait sur un modèle bien rôdé : recruter, salarier et former des ingénieurs avant de les déployer chez les clients. Ce système a fait ses preuves pendant des décennies, mais aujourd’hui, il montre ses limites. Les attentes des experts IT ont évolué : quête de sens, autonomie, flexibilité… Beaucoup quittent les grandes structures pour créer leur activité, exercer en freelance ou rejoindre des PME jugées plus humaines. Cette transformation sociétale, amplifiée par la crise Covid, a fragmenté le marché, rendant l’accès aux compétences plus complexe pour les directions IT.

Pour y faire face, ces dernières ont appris à naviguer dans un écosystème atomisé, où les talents se répartissent désormais entre grandes ESN, indépendants et structures spécialisées. Selon le baromètre BRAPI, le marché des ESN pèse 34,5 milliards d’euros en France, contre 4,3 milliards pour les plateformes d’intermédiation ou néo-ESN[1] — un segment encore émergent, mais en forte croissance. Ces nouveaux acteurs relèvent un double défi pour les directions IT : accéder rapidement aux talents rares tout en assurant une maîtrise claire et transparente de qui intervient et dans quelles conditions.

Assurer une traçabilité complète

Car cette exigence de visibilité devient un impératif stratégique à mesure que la sous-traitance se complexifie. Pendant longtemps, certaines ESN ont eu recours à des freelances sans toujours le mentionner à leurs clients. Ce schéma n’est plus tenable. Entre les normes RGPD et la directive européenne NIS2, les entreprises doivent désormais assurer une traçabilité complète de leur chaîne de sous-traitance : savoir qui intervient, avec quel matériel et selon quels standards de sécurité.

Dans ce contexte, la transparence n’est plus un simple argument commercial : c’est un enjeu de gouvernance IT. Les plateformes apportent ici une réponse opérationnelle, en garantissant une visibilité totale sur les profils, les statuts et les flux contractuels, tout en réduisant les risques de conformité.

L'enjeu est de trouver le bon équilibre

En somme, les grandes ESN restent incontournables pour les projets de grande envergure avec des complexités d’engagement, comme des déploiement ERP. Mais pour des besoins en régie, d’expertise, les plateformes offrent en revanche plus d’agilité. De plus en plus de DSI adoptent un modèle hybride, combinant partenaires historiques et nouveaux intermédiaires. Les ESN elles-mêmes s’adaptent en créant leurs propres communautés de freelances ou en collaborant avec ces plateformes.

L’enjeu, pour les directions IT, n’est donc plus de trancher entre ces dernières et les ESN, mais de trouver le bon équilibre. Car le véritable critère de choix n’est plus seulement le coût, mais la visibilité : savoir qui agit, dans quelles conditions, et avec quel niveau de garantie. C’est cette transparence, au fond, qui redessine aujourd’hui le sourcing des talents IT.

[1] https://www.heptasys.com/bilan-des-esn-en-2024-et-perspectives-pour-2025/