Cinq start-up qui paient mieux que les autres… et qui l'assument

Cinq start-up qui paient mieux que les autres… et qui l'assument Identifiés par notre partenaire Figures, les Français Doctrine, Gorgias, Joko, Voodoo et Wave font le choix stratégique de mieux payer leurs salariés que la concurrence.

Doctrine, Gorgias, Joko, Voodoo et Wave se donnent le même objectif : recruter les meilleurs. Pour y arriver, les cinq start-up françaises ont choisi de très bien payer leurs salariés. Elles sont parmi les 15 start-up de plus de 25 salariés clientes de notre partenaire Figures qui paient le mieux en France, selon les données de l'outil de benchmark salarial*.

"On fixe la rémunération à la hauteur des gens qu'on a envie d'attirer chez nous : au même niveau que le top du marché de la tech. C'est une position assumée, confirme Ludovic Bergès, VP HR de Voodoo, licorne du jeu vidéo sur mobile aux 750 collaborateurs. Nos salariés représentent l'un de nos plus gros investissements, car il y a un ROI énorme derrière." C'est-à-dire ? "On évite du churn, et donc des coûts de recrutement : le temps consacré aux entretiens, les sacrifices de l'équipe surstaffée, les coûts d'onboarding, les coûts de formation et le temps investi par l'équipe pour former une nouvelle recrue, l'impact moral sur l'équipe qui perd des membres… Et puis, finalement, plus un salarié reste, plus il va être précieux parce qu'il va connaître les process, la culture, les autres salariés. Il sait qui solliciter, avec qui interagir donc il va accélérer justement les process en interne… Tout ça crée encore plus de valeur."

En se comparant à "la tech au global" grâce à plusieurs fournisseurs de données dont Figures, Voodoo a choisi de bâtir sa politique de rémunération sur le 90e percentile, soit au niveau tel que 90% des salariés de la tech (puisque c'est le marché sur lequel a décidé de se baser Voodoo) sont rémunérés en dessous et 10% au-dessus.

"Des gens qui veulent s'inscrire sur la durée, pas des chasseurs de primes"

Fondée il y a deux ans, Wave développe grâce au machine learning et à l'expertise de coachs une application de coaching professionnel digital. La start-up, qui compte une trentaine de collaborateurs, a défini un positionnement de marché au 60e percentile, en se comparant "à tout le marché et pas seulement aux entreprises qui [lui] ressemblent. Dès le début, parce que ce qu'on fait est quand même complexe, le fondateur, Adrien Falcon, avait la volonté de s'appuyer sur des personnes expérimentées, raconte Raphaelle Leprince, VP people & organization. Les meilleurs, mais pas que. On veut aussi des gens alignés avec nos valeurs et qui veulent s'inscrire sur la durée, pas des chasseurs de primes. On est en full remote, c'est aussi un facteur qui fait qu'on a besoin de profils qui sont matures, autonomes."

Chez la Saas de service client pour l'e-commerce Gorgias, 250 salariés, la stratégie est de payer "au 60e percentile pour les rôles non-tech et 90e percentile pour les rôles tech. L'idée part de la volonté d'aller chercher les meilleurs talents du marché, avance la head of people, Adeline Bodemer.  Au sujet de la différence de positionnement entre la rémunération des équipes tech et celle des autres équipes, elle évoque une "politique assumée sur laquelle Gorgias a été très transparent. On veut le meilleur produit et on pense qu'on se différenciera de cette façon. Pour construire le meilleur produit, il faut le meilleur ingénieur. On a donc fait ce choix-là de surinvestir sur nos ingénieurs."

"Ce n'est pas une approche quantitative, on ne recrute pas en masse."

Joko, jeune pousse de 40 salariés éditrice d'une application de cashback, prône une approche hyper personnalisée. Elle analyse le marché de chaque profil candidat. "On cherche des personnes qui matchent à 100% avec le poste sur lequel on les recrute et avec notre culture d'entreprise. Quand on les trouve, on est prêts à investir du temps pour analyser à quel niveau de rémunération ils peuvent prétendre en règle générale, quelle que soit l'entreprise ou le poste", explique Valentine Mandon, people operations manager. Un investissement qui prend du temps. "Ce n'est pas une approche quantitative, on ne recrute pas en masse. On sait que les profils qu'on recherche, pour matcher à 100%, sont assez rares et singuliers : on a par exemple recruté des anciens chercheurs et des anciens entrepreneurs, confie la responsable. Si nous sommes au-dessus du marché des start-up et scale-up sur certains postes, quand on s'intéresse au marché des profils recrutés, les salaires sont compétitifs, mais raisonnables."

"Nous avons deux leviers pour attirer les candidats : l'intérêt de la mission et le salaire"

"Pour parvenir à mettre en œuvre notre vision, rendre le droit plus accessible, nous avons besoin d'être les meilleurs, affirme aussi Gabrielle de Luppé, DRH de la legaltech Doctrine. Nous avons deux leviers pour attirer les candidats : l'intérêt de la mission et le salaire." Fondée en 2016, la start-up se présente comme une plateforme d'intelligence juridique et emploie une centaine de collaborateurs. "En tant qu'entreprise technologique, nos leviers de développement sont vraiment l'innovation et le développement du logiciel." Pour cette raison, Doctrine porte une attention particulière à sa politique de rémunération. "Nos concurrents à l'embauche sont les meilleures boites tech", fait savoir Gabrielle de Luppé, qui cite notamment Netflix et Google. "Côté commercial, nous sommes en concurrence avec des cabinets d'avocats et des directions juridiques, parce que la connaissance métier est clé pour bien vendre l'outil."

Suivre l'évolution des salaires et avantages salariaux pratiqués chez les concurrents, c'est un métier. Chez Voodoo, deux personnes sont en charge de la comp&ben (compensation and benefits, rémunération et avantages sociaux en français). Le sujet était jusqu'à récemment suivi par Adeline Bodemer chez Gorgias, un collaborateur se forme aujourd'hui pour prendre le poste de compensation and data analyst.

Un bon niveau de rémunération est un outil évident d'attractivité et de rétention. "Savoir que le niveau de salaire a été défini parce qu'il correspond à des tendances de marché aussi", fait remarquer Valentine Mandon de Joko. Pour autant, nos cinq entreprises s'accordent pour dire que cela doit aller de pair avec une culture d'entreprise épanouissante. Pour Joko, Gorgias et Wave, cette politique de rémunération s'accompagne d'une grille transparente en interne (également accessible en externe pour Gorgias).

*Figures développe une application de benchmark des salaires en temps réel. Parmi ses clients start-up de plus de 25 salariés, la jeune pousse a établi un top 15 de ceux qui paient le mieux. Les cinq entreprises interviewées pour cet article font partie de ce top.