Echecs : la FFE mise sur le jeu en ligne avec Immortal Game

Echecs : la FFE mise sur le jeu en ligne avec Immortal Game La Fédération Française des Echecs s'associe avec la start-up Immortal Game, avec pour objectif de créer des passerelles avec une nouvelle génération de joueurs qui a découvert la discipline via Internet.

La Fédération Française des Echecs s'offre une cure de jouvence. Lors du championnat de France d'Echecs, qui se se tient du 18 au 27 août à l'Alpe d'Huez, elle a annoncé le lancement prochain d'une offre de jeu en ligne, en partenariat avec la start-up française Immortal Game. Dès 2024, cette dernière sera notamment chargée de l'organisation du premier tournoi en ligne officiel de Blitz. Ce format, particulièrement prisé des jeunes, propose des parties rapides et adaptées à un visionnage sur Internet.

Car les échecs ont bien changé en l'espace de quelques années. Longtemps considérés comme un jeu réservé aux plus âgés ou a une poignée d'experts, ils attirent désormais un nombre toujours croissant de très jeunes joueurs. Une génération biberonnée aux réseaux sociaux, aux jeux vidéos en ligne et à YouTube, et qui a fait entrer les échecs dans une nouvelle ère. Désormais, on peut apprendre à jouer en regardant les parties en livestream et en suivant des influenceurs spécialistes de la discipline, puis mettre ses connaissances en pratique en affrontant des joueurs du monde entier.

"L'enjeu clé pour la fédération est d'adresser l'univers de l'e-sport et des échecs en ligne", explique au JDN Eloi Relange, président de la Fédération Française des Echecs. "C'est quelque chose qui a explosé il y a quatre ans, et c'est un virage que nous devons absolument réussir. On souhaite renforcer la présence fédérale auprès des personnes qui ne connaissent les échecs que par le online. On estime à 5 millions de Français qui jouent au moins une partie par an en ligne, mais qui ne connaissent pas l'existence des clubs et des compétitions d'échecs".

Séduire les "bébés Covid"

Alors que la FFE compte aujourd'hui un nombre record de 68 000 licenciés, le vivier que représente les joueurs en ligne est immense. Et c'est au sein de celui-ci que se trouvent probablement les grands maîtres de demain. Souvent autodidactes, les jeunes joueurs se sont pour la plupart initiés aux échecs sur leur ordinateur. "On a ce que l'on appelle les 'bébés Covid', des joueurs que l'on n'a jamais vus nulle part, qui ont découvert les échecs pendant le confinement', explique Eloi Relange. "Quand ils arrivent pour leur premier tournoi officiel, ils ont déjà joué 20 000 parties et étudié de nombreuses ouvertures. C'est quelque chose de nouveau, rendu possible par le jeu en ligne et les nombreux streams désormais disponibles et qui permettent de s'éduquer".

Cette nouvelle génération, si elle présente un niveau exceptionnel, est également habituée à des formats différents des générations qui l'ont précédée, plus rapides et ludiques. Ainsi, le Blitz, des parties lors desquelles chaque joueur n'a droit qu'à 5 minutes de réflexion au total, est devenu le format le plus prisé des jeunes joueurs. Le "Chess960", une variante dans laquelle la première ligne de pièces est placée au hasard, rendant la connaissance des ouvertures inopérante, est également populaire. Récemment, le grand maître suédois Magnus Carlsen a même renoncé à défendre son titre lors du championnat du monde, jugeant le format de parties traditionnel trop long et ennuyeux. 

Pour la Fédération Française des Echecs, le choix d'Immortal Game, plutôt qu'un leader du secteur du jeu d'échecs en ligne comme Chess.com, repose en partie sur la capacité de cette start-up crée il y a deux ans à peine à innover. Immortal Game s'était fait connaître lors de sa création il y a deux ans pour avoir intégré la blockchain aux échecs. Les joueurs peuvent acheter une pièce en format NFT (les pièces étant baptisée Immortals) et gagner des récompenses en token en remportant des parties.

La start-up a toutefois révisé sa stratégie suite à la chute du marché des NFT. Elle ne communique plus désormais sur l'aspect "blockchain", préférant se concentrer sur son offre de parties en ligne traditionnelles, ainsi que sur son contenu éducatif. "1 milliard de personnes savent jouer aux échecs dans le monde, alors que le Web3 reste niche", a expliqué Geoffroy Mestrallet, DG d'Immortal Game, au JDN. "Nous développons une plateforme offrant une bonne expérience utilisateur. Si les joueurs viennent avec une méfiance vis-à-vis du Web3, des cryptos et des NFT, nous risquons de les perdre".

Si la FFE souhaite attirer les joueurs en ligne vers ses clubs et tournois, Immortal Game pourrait en échange séduire des joueurs "traditionnels" en leur faisant découvrir la plateforme à l'occasion d'évènements physiques. Avant de lancer son partenariat avec la FFE lors du tournoi en ligne de Blitz, Immortal Game dévoilera en septembre une nouvelle fonctionnalité permettant aux joueurs d'analyser leurs parties une fois terminées. Et en octobre, la start-up lancera une application mobile, un format particulièrement adapté aux échecs en ligne.