La sécurité avant tout : quelle voie suivre pour des véhicules autonomes sûrs ?

L'industrie automobile est en pleine révolution avec la transition vers des véhicules électriques et de plus en plus autonomes mais la sécurité reste une source de préoccupation pour les consommateurs

Aux États-Unis, les véhicules autonomes tels que les robots-taxis sont de plus en plus répandus, tandis que les progrès sont plus mesurés en Europe. Un programme pilote entre Goggo et Carrefour a récemment été annoncé en France, ce qui marque une étape importante dans le domaine des véhicules sans conducteur. Ce programme et l'autorisation des voitures semi-autonomes (niveau 3) sur certaines routes françaises constituent des avancées importantes. Toutefois, il est difficile d'envisager de parvenir à une autonomie de niveau 4 et 5 dans un avenir proche.

Bien qu'il soit possible de rendre la conduite plus sûre en réduisant la circulation, les accidents, les blessures et les décès, la confiance des utilisateurs reste faible dans toute l'Europe. Il est essentiel de créer un climat de confiance autour de la conduite autonome, mais le problème est complexe et la marge d'erreur inexistante. En outre, l'écosystème impliqué dans la fabrication et le développement des véhicules autonomes est plus complexe et distribué que celui de l'industrie automobile traditionnelle.

Tant que la confiance ne sera pas instaurée au sein de l'industrie et de la société en dépassant les problèmes de sécurité, la progression vers des véhicules entièrement automatisés se verra freinée. Voici quelques-unes des contraintes qui ralentissent les progrès en matière de conduite autonome :

Surmonter les obstacles liés aux données et à la sécurité

Les véhicules actuels sont équipés d'une multitude de capteurs et de réseaux embarqués, et toutes les données collectées contribuent à les rendre plus prévisibles. Les solutions de jumeaux numériques permettent des simulations pour évaluer les performances dans des scénarios réalistes, favorisant un environnement dans lequel les véhicules autonomes peuvent prendre des décisions précises, prévisibles et sûres en temps réel. Cependant, pour que l'autonomie totale soit possible, le secteur doit collaborer en vue de créer un cadre de données partagées permettant une modélisation plus intelligente afin d'aider à résoudre les problèmes complexes de sécurité liés aux voitures sans conducteur.

Les véhicules embarquent de plus en plus de logiciels, ce qui accroît les vulnérabilités que les pirates peuvent exploiter et exploiteront. Dans le cas des véhicules autonomes, les conséquences peuvent aller de la perte de données financières ou personnelles à la mise en danger de la vie des personnes dans le pire des cas. Par conséquent, il est essentiel de veiller à ce que toutes les failles possibles soient identifiées et corrigées lors de la phase de conception afin d'offrir une expérience de conduite autonome sûre et fiable. En outre, une fois la voiture sur la route, chaque mise à jour de logiciel ou de système doit être soumise à des tests rigoureux pour s'assurer qu'elle n'introduit pas de failles de sécurité.

Connaître l'environnement réglementaire

Les réglementations sont essentielles pour accélérer l'acceptation des véhicules autonomes.

La majorité des accidents étant le résultat d'une erreur humaine, la législation sur les véhicules autonomes peut contribuer à instaurer une ère où la conduite sera plus sûre. Cependant, l'ensemble de l'écosystème et de la chaîne d'approvisionnement doit être soumis à ces règles afin d'instaurer la confiance. L'avancement des véhicules autonomes nécessite une collaboration et la mise en œuvre de diverses normes ; par exemple, à quoi correspond le véhicule minimum viable et sûr ?

Des travaux sont en cours pour veiller à ce que la conduite autonome soit soumise à des réglementations dans le cadre d'initiatives telles que le Forum mondial de l’harmonisation des règlements concernant les véhicules des Nations unies. En Europe, un cadre a été finalisé pour les véhicules entièrement automatisés dotés de fonctions de conduite autonome en juillet 2022. L'élargissement des exigences réglementaires permettra de répondre aux préoccupations en matière de sécurité et d'instaurer la confiance.

Technologie : Problème et solution

La complexité même de la technologie fait partie du problème et de la solution. Les véhicules définis par logiciel constituent une étape cruciale sur la voie de l'autonomie totale. La course à la technologie dans les véhicules crée de vastes flux de données qui peuvent contribuer au progrès en améliorant la prise de décision déterministe. La généralisation des logiciels intelligents dans les véhicules et les systèmes d'aide à la conduite contribuera à minimiser les erreurs humaines et à rendre les véhicules plus sûrs.

Cependant, il faut davantage de technologie pour vérifier que les véhicules autonomes fonctionnent exactement comme prévu et qu'ils respectent les normes de sécurité nécessaires dans tous les scénarios. Des routes enneigées des Alpes aux rues pavées de Paris, chaque permutation potentielle doit être évaluée avant que la conduite autonome ne devienne omniprésente. Et ce n'est pas une mince affaire.

Les jumeaux numériques dotés de technologies innovantes, notamment l'IA, l'apprentissage automatique et la réalité virtuelle, sont essentiels, car la simulation permet d'évaluer chaque composant et système, matériel et logiciel confondus. Cette approche permet de s'assurer que la voiture répond aux normes de sécurité et de qualité avant d'arriver sur la chaîne de montage. En plus d'économiser de l'argent et du temps, c'est le seul moyen réaliste de tester et d'évaluer chaque modèle dans la multitude d'environnements et de situations dans lesquels le véhicule peut se trouver.

Le futur en mode autonome

En traitant les points mentionnés ci-dessus, le chemin menant à des véhicules plus autonomes sera moins cahoteuse et plus direct. Cependant, plutôt que de passer soudainement à la conduite entièrement autonome, l'écosystème devra faire des arrêts en cours de route pour se rapprocher de sa destination.

Les risques associés aux véhicules autonomes (VA) exigent que toutes les parties collaborent pour les résoudre. Et le niveau de collaboration va déterminer le rythme auquel ces risques seront surmontés. La complexité de la réalisation d'une autonomie complète est telle qu'il est vain d'essayer de prédire un calendrier exact. Toutefois, comme la course aux logiciels se poursuit, nous devrions avoir une idée plus précise de la date à laquelle un avenir sûr et autonome se profilera à l'horizon 2030.