Le métier de commissaire-priseur bouleversé par le numérique

Les commissaires-priseurs sont impactés par l’apparition de plateformes d’enchères en ligne et par la dématérialisation des ventes.

Comment un opérateur de ventes volontaires (OVV*), en France, peut-il tirer son épingle de ce nouveau territoire de jeu où les acteurs du numériques vendent des objets d'art? Quels changements dans la façon d’exercer le métier de commissaire-priseur cela engendre-t-il ?

Les évolutions dans le comportement d’achat de l'objet d'art et la nécessité d’optimiser la rencontre avec ses publics obligent la profession à s'interroger sur une stratégie numérique, afin de déterminer un nouveau modèle économique intégrant le e-commerce.

Si l’on analyse le modèle du "click and buy" très présent dans les ventes en ligne, l'interaction entre l'acheteur et le vendeur est souvent limitée, quand elle n'est pas tout simplement inexistante. Se pose alors la question du tiers de confiance. Car dans les raisons principales invoquées pour ne pas acheter de l’Art en ligne, figurent le manque de possibilité d’inspection de l’objet, l’inquiétude émise quant à son état de conservation, ou les informations sur sa provenance qui sont souvent jugées insuffisantes.

valoriser des compétences spécifiques

La transformation digitale peut se mettre au service des commissaires-priseurs, afin de leur permettre de valoriser des compétences spécifiques, et reconnues bien au-delà des frontières hexagonales, du fait notamment de leur double formation; à savoir le sourcing (qui consiste à trouver des objets et à obtenir un mandat du vendeur), les attributions et estimations garanties* et leurs techniques de ventes (qu’elles soient aux enchères publiques ou de gré à gré). 

Et c’est en se recentrant sur les prérogatives de leur profession et les assurances données, comme le rapport officialisant l’état de l’objet, les certificats d’authenticité ou bien les garanties sur l’attribution, que les commissaires-priseurs volontaires (CPV*) disposent indéniablement pour le vendeur et l’acheteur potentiels, d'un avantage concurrentiel. Ils peuvent laisser à des acteurs du Net le soin de référencer et/ou retransmettre leurs ventes, de médiatiser leurs spécialités, d'orienter les visiteurs vers le site de l’OVV afin notamment de faire réaliser une estimation, voire gérer à leur place la logistique de l’objet.

Aussi conformément à la loi n°2011-850 du 20 juillet 2011 qui établit une nouvelle distinction claire entre les ventes aux enchères par voie électroniqueet le courtage aux enchères par voie électronique, le commissaire-priseur volontaire, même s’il est concurrencé en France dans certaines de ses attributions, peut toujours revendiquer sa nature de tiers de confiance sans craindre outre mesure de ne plus exercer totalement son métier dans une salle des ventes.

*CPV : commissaire-priseur non judiciaire qui officie dans une société de ventes volontaires et est habilité par le Conseil des ventes* volontaires pour organier des ventes aux enchères publiques de biens meubles en France.

*OVV : les opérateurs de ventes volontaires sont des personnes physiques ou morales autorisées à organiser et à diriger les ventes volontaires de meubles aux enchères publiques. Ces opérateurs peuvent prendre la forme de sociétés  commerciales sans que cela soit une obligation, un OVV pouvant exercer à titre individuel. L’OVV doit se déclarer préalablement au Conseil des ventes avant d’organiser des ventes. Cette déclaration est soumise à certaines conditions dont notamment le fait de compter parmi leurs dirigeants, leurs associés ou leurs salariés au moins un commissaire-priseur habilité*. L’OVV est soumis à la régulation du Conseil des ventes.

*Conseil des ventes : il a été créé en 2000 et est qualifié d’autorité de régulation du secteur par la loi du 20 juillet 2011. C’est un établissement d’utilité publique qui veille au respect de la réglementation et est doté d’un pouvoir disciplinaire sur les opérateurs. Il accompagne la libéralisation du secteur dans un cadre juridique modernisé assurant une meilleure protection des vendeurs et acheteurs.