YouTube : "entubage" du PIB Français ?

"YouTube contribue au PIB français à hauteur de 850 millions d'euros" : info ou intox ?

Déclarations tonitruantes 

D'abord j'ai souri, les propos de Justine Ryst, directrice générale de Youtube France, sont dithyrambiques ! "YouTube en France soutient 21.000 emplois équivalent temps plein et contribue au PIB français à hauteur de 850 millions d’euros, selon notre rapport d’impact 2022 réalisé par Oxford Economics"

21.000 emplois, 850 millions d'euros : je pensais, il faut quand même voir ça ! Au fil de ma lecture des études de la société "Oxford Economics" et déclarations de YouTube, apparaissait un système de communication.Youtube  "contribue au PIB" semble être une méthode standard à toute l'Europe : France, Belgique, Portugal, Finlande, Danemark, Suède, Hollande, Italie, Irlande, Espagne, Pologne, Allemagne...

Les chiffres à l'étude

J’ai voulu en savoir plus, en téléchargeant l’étude d’impact France : https://www.youtube.com/intl/ALL_fr/howyoutubeworks/progress-impact/impact/

Cette étude de la société Oxford Economics, livre peu de détail de données, pas de méthodologie détaillée et un travail reposant sur quelques sondages non segmentés et obscurs.

Je commençais à douter, et décidais d’observer la méthodologie :

"Ce montant prend en compte les revenus directs versés par YouTube aux créateurs, mais aussi l'impact indirect (les dépenses de production des créateurs de contenu) et induit (leurs dépenses faites avec ces revenus). Ainsi que les recettes hors plateforme mais liées à elle (permises par l'exposition sur YouTube)"

Une drôle de méthode 

Pour vérifier, je poussais le raisonnement, mais tout semblait bancal :

1. « Les revenus directs versés créateurs » : sans détail (...) ni information des droits voisins (droits directs, pour partie) et de la qualité des « créateurs »

2. « Les dépenses des créateurs » : en général des produits électroniques importés qui aggravent le déficit commercial, donc irrecevable à moins de compter les livraisons de pizzas.

3. « Les dépenses faites avec les revenus » : histoire de compter deux fois le premier point (et sans doute intégrer les facturettes de la ménagère), donc assez discutable.

4. « Les recettes hors youtube » : notion extrêmement vague, sans chiffre ni méthode, ce qui permet de spéculer ad libitum.

Cette méthode m'aura semblé aussi artificielle que partielle, négligeant aussi les éventuels impacts négatifs : les recettes publicitaires de Youtube/Google ponctionnées sur notre territoire, les possibles transfert hors France, les éventuels crédits fiscaux (et intégrations fiscales) sur notre territoire, l’éventuelle coût de distorsion concurrentielle (tensions sur les emplois, manque à gagner d'entreprises françaises concurrentes), les surcoûts découlant pour les opérateurs français, etc...

Des sources bien confuses  

Ensuite j’étudiais les sources de l’étude : "Oxford Economics a interrogé plus de 3 000 utilisateurs et utilisatrices de YouTube, 2 500 créateurs et créatrices et 600 entreprises utilisatrices de la plateforme"

Un grand mélange ! Et quant à la définition des panels et questions je restais sur ma faim… 

J’ai juste trouvé la définition " échantillon représentatif de la population française, par âge, genre et région" donc si j’ai bien compris, il doit y avoir des personnes âgées et des bébés (…)

Pour les entreprises sondées, j’ai trouvé un autre curieux mélange : "des échantillons d’entreprises de différentes tailles qui utilisent YouTube de différentes manières : comme producteurs de contenus … annonceurs publicitaires … utilisateurs de contenus YouTube à diverses fins".

Les entreprises sondées sont-elles représentatives ? Pas de segmentation, pas de critère d’usage, pas de segmentation entre les entreprises qui achètent de l’espace publicitaire et les autres (productrices, spectatrices).

Enfin la notion d’entreprise : individuelle ou autre ? Un créateur qui reçoit de l'argent est-il une entreprise ? Exerce-t-il en France ? Légitimes questions...

Cette démarche imprécise (pour rester correct) ne m'a pas apporté de véritable réponse.

A vous de conclure

Au final, cette étude Youtube fait-elle de « l’entubage »  ? 

Est-ce une démonstration du principe « plus c’est gros, mieux ça passe » ?

A vous d'en juger.