Ce que Barack Obama va changer au e-commerce


Obama est un technophile, mais il est aussi partisan de la protection de la vie privée sur Internet. Il pourrait avoir un fort impact sur l'e-commerce dans les années à venir.

George Bush avait pour credo d'intervenir le moins possible dans les affaires économiques du pays. Mais son successeur, Barack Obama, que la crise pousse à tenir un rôle beaucoup plus actif, a d'ores et déjà pris position sur un certain nombre de questions affectant l'e-commerce, notamment en matière de TVA, de vie privée en ligne et de développement du haut débit.

La question la plus susceptible de modifier le visage de la vente en ligne outre-Atlantique est celle de la taxe e-commerce. Un projet de loi devrait en effet bientôt être débattu, qui permettrait aux Etats américains d'imposer aux acheteurs en ligne de payer la TVA. Les Etats ayant absolument besoin de trouver de nouveaux revenus pour payer leurs dépenses, beaucoup s'apprêtent à pousser à l'adoption de ce projet de loi. Le président américain ne s'est pas encore exprimé directement sur la question, mais un certain nombre de dirigeants du secteur s'inquiètent : la majorité démocrate est plus encline à voter ce type de loi que les républicains, qui plus est en temps de crise (lire l'article Bientôt la fin du shopping en ligne sans TVA aux Etats-Unis ?, du 17/04/2009).

D'autres dirigeants de l'e-commerce se soucient du fait que le geste le plus important d'Obama sur Internet pour le moment ait été de nommer à la tête de la Federal Trade Commission (FTC) un défenseur ardent de la vie privée sur le Web, Jonathan Leibowitz. La FTC pourrait en effet imposer de nouvelles restrictions sur la façon dont les cybermarchands utilisent les données pour adresser aux clients des publicités et offres ciblées. Jonathan Leibowitz a déjà indiqué qu'il n'hésiterait pas à réguler le marché de la publicité en ligne si celui-ci se montrait incapable d'assurer rapidement une auto-régulation rigoureuse.

L'un des thèmes phares du débat sur la vie privée en ligne réside dans le ciblage comportemental, qui implique parfois un partage d'informations sur l'internaute entre l'e-commerçant et le réseau publicitaire, ce que la FTC voit d'un très mauvais œil. Le président de la sous-commission du Congrès à l'Internet, Rick Boucher, préparerait d'ailleurs un projet de loi qui limiterait le ciblage comportemental aux internautes l'ayant accepté en opt-in. La FTC a par ailleurs précisé que les sites marchands devraient afficher très clairement leur politique en la matière et offrir aux internautes une façon simple de refuser que leur activité en ligne ne soit pistée.

Les experts ne s'attendent pour autant pas à ce que Barack Obama prenne des mesures susceptibles de nuire aux investissements sur Internet et à sa croissance. Sa préoccupation de protection des consommateurs devrait donc être équilibrée par sa volonté de promouvoir l'innovation. De plus, les sites marchands se réjouissent de ce que le président américain ait déjà décidé de consacrer plusieurs milliards de dollars à apporter le haut débit dans les zones encore non desservies. (Lire l'article La FCC entame ses travaux pour un plan haut débit, du 09/04/2009.)

Le plan de relance de l'administration Obama alloue en effet 7,2 milliards de dollars (5,1 milliards d'euros) à ce projet. L'impact de l'opération sur les e-commerçants restera toutefois limité : 93 % des internautes américains étant déjà connectés en haut débit, élever ce pourcentage à 100 % n'apportera que 11,7 millions de nouveaux utilisateurs. De plus, les consommateurs qui n'y ont pas encore accès limitent a priori leurs dépenses. Les premiers à en profiter devraient donc être les cybermarchands tels qu'Amazon, réputé pour ses prix bas.

D'autres questions concernant l'e-commerce commencent à voir le jour à Washington. Le site de campagne de Barack Obama défendait par exemple une réforme des brevets qui réduirait le nombre de litiges. Nombre de cybermarchands se sentiraient libérés de la menace des actions en justice fréquemment intentées à leur encontre par les possesseurs des brevets des technologies utilisées sur leur site. La sécurité des données des clients a également fait l'objet d'une audience au Congrès en mars dernier. Ceci étant, ces sujets ne devraient pas figurer dans les priorités de l'administration américaine jusqu'au rétablissement de l'économie du pays.