Le cloud, point de passage obligé des stars du Web ?

Le cloud, point de passage obligé des stars du Web ? Louer des infrastructures informatiques, comme le proposent Amazon et d'autres acteurs du cloud, peut aider les jeunes stars du Web à percer. Mais ce modèle ne revient-il pas plus cher que l'internalisation ?

Qui utilise le cloud d'Amazon ? Il suffit d'une panne de ce service pour que la liste des utilisateurs apparaisse, car leurs services s'interrompent également. Ainsi, au fur et à mesure des pannes d'Amazon, on découvre que ce sont les dernières "stars" du web qui ont recours à ses services : Instagram, Pinterest, HootSuite, Reddit, Foursquare, Dropbox, Tweetdeck, Heroku... tous ces jeunes sites ont pour point commun de louer des infrastructures informatiques à Amazon via son service de cloud public de type IaaS, appelé Amazon Web Services ou "AWS ". Alors, sans Amazon, pas de Pinterest ?

Le problème de la visibilité 

"De nombreuses start-up ont reconnu qu'elles devaient leur succès au cloud d'Amazon",  fait remarquer Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée de Markess International. Pourquoi ont-elles toutes choisi de louer leurs infrastructures informatiques ? "Les jeunes pousses peuvent en fait difficilement faire autrement", corrige l'experte. A leurs débuts, toutes n'avaient en effet pas le budget pour s'offrir leurs propres ressources informatiques. Et aucune ne pouvait savoir si elles allaient rencontrer le succès, et surtout dans quelle mesure ou à quelle vitesse. Privée de la visibilité sur leur montée en charge, difficile, pour elles alors d'investir dans les infrastructures adaptées à moyen terme. Le modèle locatif des Infrastuctures as a Service du IaaS s'imposait, tout comme l'élasticité et l'allocation dynamique des ressources, également propres au cloud d'Amazon.

Beaucoup de start-up américaines qui ont mis plusieurs mois, voire quelques années avant de percer aujourd'hui ont en effet opté pour le cloud Amazon. Mais si Amazon était encore il y a quelques années le seul à proposer un tel service, aussi flexible, aujourd'hui d'autres acteurs sont partis à la conquête de ce marché du IaaS. Des acteurs de l'informatique, comme Microsoft ou Google, ou des hébergeurs, comme Rackspace ou même en France OVH ou Ikoula, entre autres, proposent désormais des offres de IasS comparables.

Les start up clientes du cloud d'Amazon ne sont d'ailleurs pas toutes américaines.  Les jeunes pousses françaises repérées lors des trophées EuroCloud, comme Bime, le spécialiste de l'analytics en mode SaaS ou CloudNetCare, dédié aux montée en charge, font par exemple appel aux ressources d'AWS.

Amazon ou internationalisation ?

Si le modèle semble parfaitement convenir aux besoins et aux moyens des jeunes pousses, reste-t-il pertinent une fois que ces dernières ont une meilleure visibilité et une trésorerie ? Rien n'est moins sûr. Dans un article paru chez nos confrères américains de GigaOm, un expert a sorti la calculatrice pour savoir ce qui était le moins cher, entre le cloud d'Amazon et l'internalisation. Ses conclusions sont sans appel, la solution d'Amazon, ou un autre IaaS public, peut rapidement devenir bien plus chère : "Si vous avez une quantité importante de votre charge qui est bien connue et prévisible, alors vous pourrez peut-être économiser de l'argent en internalisant une partie ou la totalité des ressources informatiques."

Emmanuelle Olivié-Paul nuance cette conclusion : "Il ne faut pas généraliser. Chaque cas est unique, les problématiques de chaque entreprise varient. Et au moment de faire les comptes, il ne faut pas oublier qu'internaliser engendre d'autres frais, la location de l'espace pour les serveurs, le prix des salaires de la main d'œuvre chargée d'exploiter les ressources, l'électricité... Et puis il faut également prendre en considération la qualité : la sécurité et le SLA garantis par les grands acteurs du cloud restent difficile à égaler pour de nombreuses entreprises ".

La voie mixte 

En outre, entre le cloud de type IaaS public, d'Amazon ou d'un autre fournisseur, et l'internalisation, il y a également d'autres possibilités Des jeunes pousses qui ont une meilleure visibilité peuvent passer d'un cloud public à un cloud privé externalisé. C'est par exemple le choix qu'a pu faire le site venteprivee.com, qui a eu recours à un cloud privé chez Ecritel. Le modèle mixte, mélangeant cloud public et infrastructure internalisée a aussi ses adeptes. C'est par exemple la voie emprunté par un autre e-commerçant français, MisterGooddeal, qui a choisi le cloud Azure de Microsoft pour une partie de son infrastructure.

Outre- atlantique, Zynga, l'une des plus grosses introductions en bourse de l'histoire, a fait le même choix. Après avoir adopté un modèle basé sur le cloud d'Amazon, cet éditeur de jeux a ensuite préféré, pour des raisons économiques, la voie mixte, s'appuyant désormais sur des ressources internalisées mais continuant à se servir de celles d'Amazon pour ses pics de charge.

Reste que si d'autres voies sont ensuite possible, bon nombre de jeunes pousses devenues stars du Web n'auraient sans doute pas pu voir le jour, rencontrer un tel succès, ou gérer leur montée en puissance sans le cloud d'Amazon. Ou celui d'un autre fournisseur.