Comment VMware se transforme en plateforme de multicloud

Comment VMware se transforme en plateforme de multicloud Multipliant les rachats et partenariats, le spécialiste de la virtualisation livre une interface unique pour gérer les déploiements, la performance et les coûts des environnements on-premise et multicloud.

Pour VMware, le cloud de demain sera hybride et multicloud ou ne sera pas. Les différentes annonces de son événement annuel, VMworld, qui s'est tenu fin août à San Francisco, n'auront fait que confirmer cette vision. A grand renfort de partenariats et d'acquisitions, le spécialiste de la virtualisation crée, brique par brique, une plateforme permettant à son importante base installée de monter dans le nuage à son rythme et sans se lier à un provider unique. Fortement présent dans les data centers privés, VMware se propose de moderniser l'infrastructure on-premise tout en jetant des passerelles vers des clouds tiers. "La tendance actuelle consiste à faire coexister environnement existant et clouds publics. Ce n'est pas tout ou rien. Toutes les applications ne sont pas éligibles au cloud et la DSI souhaite garder le contrôle de son infrastructure", souligne Eric Marin, directeur technique de VMware France.

Pour permettre cette souplesse, VMWare entend, dans un jeu de miroir, fournir sa stack SSDC (Software-Defined Data Center) dans des environnements à la fois on-premise et publics. Objectif : éviter aux entreprises de devoir retoucher voire redévelopper leurs applications avant de les passer dans le cloud. Après l'hybridation, l'étape suivante, c'est le multicloud. Une entreprise ne souhaite pas revivre dans le cloud la situation de dépendance qu'elle a vécu par le passé en se liant à une solution propriétaire d'un éditeur de logiciel. Attachée aux notions de portabilité et de réversibilité, elle entende exécuter les charges de travail là où elle le souhaite et les déplacer de manière transparente, en fonction des grilles tarifaires, de la qualité de service, de la maturité de l'offre ou de la capacité d'innovation du provider. Des impératifs de sécurité ou de conformité entrent aussi en ligne de compte.

AWS, Azure, Google et IBM comme partenaires

VMware se propose de rendre la transition vers le multicloud la plus facile possible en automatisant la migration, le pilotage. Pour réussir ce pari, la filiale de Dell Technologies a noué des partenariats avec les quatre grands du cloud public. Celui tissé avec Amazon Web Services (AWS) est le plus ancien (il remonte à octobre 2016). C'est également le plus abouti. Leur offre commune, VMware Cloud on AWS, est présente dans 16 régions d'Amazon. Elle est disponible en passant indifféremment par AWS, VMware ou leurs réseaux partenaires respectifs. Le nombre de clients de VMware Cloud on AWS a été multiplié par quatre en un an. Selon une étude commanditée à Forrester, les clients passant par la solution pour migrer vers le cloud économiserait 59 % de leurs coûts opérationnels comparé à une capacités IT équivalente dans un data center traditionnel.

Bien installé aussi, IBM Cloud for VMware Solutions est vendu par IBM et ses partenaires sur trois géographies et plus de 60 data centers. Plus récents, les partenariats avec Microsoft Azure et Google Cloud remontent à fin avril et fin juillet 2019. Baptisées Azure VMware Solutions et Google Cloud VMware Solution, la première sera disponible d'ici six mois sur un nombre limité de régions, et la seconde d'ici la fin de l'année sur une zone Google Cloud aux Etats-Unis. Elles sont toutes deux opérées par CloudSimple, un acteur tiers qui intègre la stack SSDC de VMware. A noter qu'avec cette offre, Google Cloud propose une alternative à Anthos, sa propre offre multicloud. 

Au-delà des quatre grands du cloud, VMware s'intéresse en parallèle aux providers locaux ou spécialisés. Au dernier pointage, il revendique plus de 4 300 fournisseurs de cloud partenaires dans plus de 120 pays. Parmi eux, plus de 60, dont OVH, sont certifiés VMware Cloud Verified, c'est-à-dire à même de garantir des services compatibles avec VMware SDDC.

Pluie d'annonces à VMworld

Pour industrialiser la livraison de nuages hybrides, VMware met à disposition de ces partenaires une plateforme, baptisée VMware Cloud Provider. Sa brique principale,  vCloud Director gère le provisionnement en intégrant des services dédiés à la protection des données, la reprise d'activité ou la gestion multisite. Dévoilée à VMworld, la version 10 de vCloud Director améliore la prise en charge des environnements multicloud et de la containerisation. Elle va de pair avec la refonte de VMware NSX-T qui permet le déploiement de réseaux définis par logiciel (SDN) présentée au février dernier. Peu de temps avant VMworld, VMware a communiqué sur la disponibilité d'Hybrid Cloud Extension (HXC). Une plateforme utilisée jusqu'alors par ses partenaires qui assure la migration à chaud de charges de travail vers n'importe quel environnement.

Dans la même veines, VMworld a donné lieu à une pluie d'annonces qui devraient se concrétiser début novembre. L'éditeur fait évoluer vRealize, sa Cloud Management Platform (CMP) pour servir sa stratégie multicloud. VMware vRealize Suite 2019 intègre les versions 8.0 de vRealize Automation (VRA) et vRealize Operations. Le premier automatise le déploiement d'applications, de machines virtuelles ou de containeurs sur tout type de cloud. Le second gère l'infrastructure virtuelle sous-jacente afin de répartir les charges de travail, optimiser la consommation des ressources et s'assurer de la bonne conformité des opérations cloud. Dans sa version 2019, vRealize Suite intègre par ailleurs une autre brique, VMware vCloud Suite 2019, pour monitorer le comportement des applications et éliminer les menaces en temps réel.

"Un grand nombre d'ETI sont clients de VMware. Elles connaissent déjà son offre Cloud Foundation, le pas est donc plus facile à franchir"

Historiquement distribuées on-premise, les solutions VMware trouvent aujourd'hui leur pendant en mode SaaS. Elles prennent pour noms VMware vRealize Operations Cloud pour la partie opérations et VMware vRealize Automation Cloud, anciennement connue sous le nom de Cloud Automation Services ou CAS, pour le volet automatisation.

CloudHealth fait, elle, le chemin inverse. Nativement conçue en mode SaaS, la solution se voit doter d'une version hybride. Née de l'acquisition de la société éponyme en août 2018, cette plateforme renforce l'offre de CMP de VMware en centralisant la gestion de la sécurité, des performances et des coûts quel que soit l'environnement cloud, privé ou public. Une autre acquisition, celle de Bitnami en mai dernier, vient enrichir la place de marché VMware Cloud Marketplace. Bitnami propose un catalogue d'applications et de technologies open source destinées à un déploiement multicloud.

Cap sur Kubernetes

Dans sa stratégie multicloud, VMware ne pouvait faire l'impasse sur Kubernetes, l'orchestrateur roi des containers logiciels, dont l'éditeur américain affirme faire partie des trois principaux contributeurs depuis l'acquisition fin 2018 d'Heptio, principal pure playre du domaine. Lors de VMworld, le groupe a dévoilé Project Pacific qui vise à exécuter nativement Kubernetes depuis sa plateforme de virtualisation vSphere. Dans une approche DevOps, les "ops" pourront utiliser les outils vSphere pour fournir des clusters Kubernetes aux développeurs. Ces derniers pouvant ensuite recourir aux API Kubernetes pour accéder à l'infrastructure de SDDC de VMware.

Toujours lors de l'événement, VMware a aussi introduit Tanzu, une nouvelle gamme de produits Kubernetes  intégrant des briques existantes. Sa première déclinaison, VMware Tanzu Mission Control, gère en un point unique un ensemble de clusters Kubernetes quel que soit leur environnement d'exécution : vSphere, un cloud public, une  distribution Kubernetes, ou encore l'offre de Kubernetes as a service de Pivotal que VMware vient d'acquérir.

Comment réagit le marché à cette stratégie multicloud ? Responsable avant-ventes région ouest chez Axians Cloud Builder, intégrateur cloud filiale de Vinci Energies, Damien Rivière observe que le marché du mid-market est moins mature sur le sujet que les grands comptes du Cac 40. Pour autant, ces organisations ont des architectures on-premise qu'elles entendent faire évoluer. "Un grand nombre d'entre elles sont des clients historiques de VMware. Elles connaissent déjà son offre Cloud Foundation, le pas est donc plus facile à franchir. VMware a réussi à démontrer qu'il ne fait pas que de la virtualisation mais également du stockage, du compute, du réseau, et qu'il est capable de gérer des containers, des machines virtuelles et des services."

Selon Damien Rivière, il y a une vraie confiance placée dans VMware comme c'est le cas pour Microsoft pour la partie serveurs. "Un gage de pérennité aux yeux des clients. On trouve aussi plus facilement des compétences VMware sur le marché. C'est le bon acteur pour rassurer les entreprises qui souhaitent maîtriser la souveraineté de leurs données en conservant des ressources IT on-premise." Pour autant, les entreprises ne partiront pas tête baissée, et 2019 devrait être, d'après lui, une année de réflexion. D'autant que le passage au multicloud s'avérera particulièrement structurant pour les entreprises qui auront fait ce choix.

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