Thierry Petit (Dell France) "Des groupes du CAC40 vont déployer nos tablettes Windows 8"

Où en est la politique du constructeur en matière de cloud ? Le groupe a-t-il lancé son projet de datacenter français ? Qu'en est-il de ses ambitions autour de Windows 8 ? Le président de Dell France a répondu à nos questions.

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"Beaucoup d'entreprises françaises attendaient l'arrivée de Windows 8 pour s'équiper en tablettes", (Thierry Petit, Dell France) © Dell France

JDN. Quelle est votre ambition pour Windows 8 ?

Thierry Petit. Le lancement de Windows 8 est une annonce extrêmement importante pour Dell, en tant qu'acteur historique de la micro-informatique. Pour nous, il s'agit bien là d'un système d'exploitation de rupture. Il apporte pour la première fois un environnement commun et cohérent quel que soit le terminal : smartphone, tablette, ultrabook, desktop, convertible... Il est clair que cette approche va contribuer à accélérer l'adoption de Windows 8.

Il introduit aussi une nouvelle approche du tactile. Jusqu'ici, le touch était cantonné aux domaines des smartphones et tablettes. Pour la première fois, nous avons un OS qui ouvre également le tactile au monde des ultrabooks et des desktops. Nous pensons que cette approche est la bonne car elle au cœur de la consummérisation de l'informatique. Le touch va devenir un standard. Nous accompagnons cette révolution chez Dell, avec de nouvelles offres de tablettes, ultrabook et desktops optimisés pour Windows 8.

Avez-vous déjà des clients qui commencent à se lancer dans des projets de migration de leur parc vers Windows 8 ?

C'est encore un peu tôt. Notre activité de prestation de service accompagne pour l'heure encore surtout des projets de migration de parc de XP ou Vista vers Windows 7. En revanche, nous constatons beaucoup de projets visant à équiper l'encadrement ou les forces nomades de tablettes tactiles Windows 8. C'est notamment le cas en France dans des groupes du CAC40. Ces initiatives peuvent concerner par exemple des forces de vente en magasins, dans l'optique d'améliorer la relation client et de réduire le temps des transactions qui pourront être lancées entre les espaces de démonstration et les guichets. Il peut s'agir aussi d'équiper des techniciens de maintenance de tablettes Windows qui permettent plus facilement d'installer leurs applications métier. Dans les banques également, nous accompagnons des projets de déploiement de tablette Windows. Equipées de stylets, l'idée est de les utiliser pour faire des captures de signatures lors de la remise des chéquiers ou cartes bancaires notamment.

"Le lancement de Surface par Microsoft est une bonne initiative"

Beaucoup d'entreprises attendaient l'arrivée de tablettes Windows qui soient sécurisées, équipées d'outils de gestion de parc robustes, et disposant d'un écosystème de partenaires professionnels. C'est ce que nous leur offrons avec la tablette tactile Latitude 10. Elle s'accompagne d'une station d'accueil apportant toute la connectivité nécessaire pour travailler, avec port USB et lecteur de carte SSD. Sa batterie peut aussi être remplacée. 

Comment considérez-vous le virage de Microsoft vers la commercialisation de tablette, avec Surface ? N'est-ce pas gênant pour un partenaire comme vous, qui commercialise également ses propres tablettes Windows 8 et RT ?

Le secteur de la mobilité est un marché dynamique en plein essor. Continuer à développer l'écosystème des offres mobiles disponibles est une bonne chose pour les utilisateurs finaux et renforce la position de Dell en tant que fournisseur de solutions de bout-en-bout. Microsoft a développé le produit en grande partie comme référence, pour mettre en avant l'expérience utilisateur sous Windows 8. Tout ce que Microsoft développe pour soutenir rapidement l'adoption de Windows 8 est très bien perçu par Dell. Notre stratégie repose davantage sur la conception et la disponibilité des produits et solutions Dell que sur l'organisation de Microsoft. Nous restons un partenaire privilégié de Microsoft et nous continuons à développer une gamme complète de produits sous Windows 8.

Vous avez réalisé un grand nombre d'annonces depuis deux ans autour de produits pour bâtir des clouds privés, à la fois en matière de serveurs et de pilotage d'infrastructure. Cette stratégie porte-t-elle ses fruits, notamment en France ?

Nous sommes centrés sur le segment du cloud privé depuis déjà plusieurs années. Cette politique s'inscrit dans une stratégie plus large qui vise à transformer Dell, et le faire évoluer de sa position leader sur le poste client et la micro-informatique vers un groupe spécialisé dans l'infrastructure informatique d'entreprise au sens large, en couvrant à la fois le poste de travail et le datacenter. C'est dans cette optique que nous avons réalisé une série de rachats pour renforcer notre offre sur le stockage, le réseau et la sécurité. Nous améliorons aussi nos solutions sur le poste de travail. Nous sommes bien conscients que ce domaine redevient central pour les entreprises avec la montée en puissance de la mobilité et du BYOD, l'émergence des tablettes tactiles et de la virtualisation client.

"Avant de construire un datacenter en France, nous souhaitons prendre le temps de la réflexion"

Ces nouvelles offres de cloud marchent bien. L'activité de prestation de service que nous avons développée pour accompagner les clients dans le déploiement de clouds privés est aussi fondamentale pour nous, et se développe également plutôt bien. Nous avons récemment annoncé notre millionième serveur cloud livré au niveau mondial. Il s'agit de serveurs conçus pour nos clients souhaitant dimensionner des ressources informatiques pour des volumétries importantes.

Globalement, les projets que nous accompagnons s'inscrivent dans des chantiers de modernisation de datacenters. Les technologies standard que nous proposons sont synonymes de flexibilité et de rapidité de mise en œuvre. Nous avons beaucoup travaillé sur le dimensionnement pour permettre de commencer petit, et ensuite évoluer en fonction des besoins en nouvelles ressources machines. De même sur le front des coûts, notamment opérationnels. Nous optimisons le facteur énergétique de nos serveurs. Pour ce faire, nous travaillons à la fois sur la consommation d'énergie, mais aussi sur des machines capables de fonctionner à température élevée, voire sans nécessiter d'être refroidies, grâce notamment à des techniques de free cooling. Enfin, nous apportons également des solutions logicielles intégrées pour gérer les opérations informatiques du centre de données.

Où en est votre projet de construire un datancenter en France ?

C'est toujours en projet. Nous souhaitons prendre le temps de la réflexion avant de nous lancer, et faire bien attention aux attentes du marché. Nous constatons une importante demande sur des clouds privés, reposant sur des infrastructures dédiées, mais qui peuvent être hébergées à l'extérieur de l'entreprise chez un opérateur de centre de données. Nous constatons en outre qu'il existe un offre pléthorique sur le cloud public et une concurrence qui s'exacerbe. Avec, en plus, l'émergence d'acteurs français, comme Numergy et Cloudwatt qui seront opérationnels dans quelques semaines. Dans ce contexte, nous ne souhaitons pas proposer une énième offre qui ne soit pas suffisamment différenciante, et venir concurrencer des opérateurs qui figurent aussi parmi nos meilleurs clients.

L'alternative serait donc d'explorer la piste des partenariats avec les fournisseurs de datacenters, plutôt que de construire notre propre offre. Nous avons d'ailleurs commencé à nous rapprocher de certains acteurs de ce segment. C'est le cas avec Quadria. Nous avons bâti avec lui une offre d'hébergement et d'infogérance commune à destination des PME / PMI, que chacun commercialise, qui s'adosse aux infrastructures de centre de données de Quadria.

Mais la construction d'un datacenter est toujours possible. Nous ne nous fermons pas à la possibilité de choisir cette option, même si nous prenons le temps de la réflexion. Cette solution nous permettrait en effet d'être entièrement autonome, et de proposer une infrastructure opérée et certifiée par nous de bout en bout. Ce qui contribuerait à rassurer nos clients, tout en leur apportant l'avantage de bénéficier d'un guichet unique.

Thierry Petit est ingénieur diplômé de Sup'Aéro (1985) et titulaire du MBA de l'INSEAD (1992). Thierry Petit rejoint Dell France en 2003 en tant que directeur commercial pour le secteur public. Il dirige l'activité Solutions pour le secteur public de Dell EMEA entre 2007 et 2010. Thierry Petit est par ailleurs nommé directeur général de Dell France en janvier 2009. En février 2011 il est chargé de la création d'une organisation dédiée à la croissance des ventes de Dell EMEA dans les solutions de stockage de données, suite à l'acquisition de la société Compellent après celles d'EqualLogic, Exanet et Ocarina au cours des trois dernières années. Au 1er aout 2012, Thierry Petit prend la direction du business G500 pour la région Europe du Sud en plus de son rôle de directeur général Dell France.