GraphPath mise sur blockchain pour démocratiser le knowledge graph

GraphPath mise sur blockchain pour démocratiser le knowledge graph Le service cloud américain de graph s'adosse à la chaîne de blocs pour fluidifier l'échange de connaissances au sein d'une entreprise ou entre sociétés.

Le graphe de connaissances, ou knowledge graph, est l'un des secrets les mieux gardés des Gafam. En représentant graphiquement les relations entre internautes, les concepts qu'ils manipulent, les organismes ou lieux qu'ils fréquentent ou renseignent, Google a transformé son moteur de recherche en moteur de connaissances afin d'offrir des résultats encore plus pertinents. Avec son graph social, Facebook établit, lui, des connexions entre ses membres mais également avec les articles de sites web qu'ils consultent ou postent, ou encore avec les produits ou entreprises qu'ils suivent. Quant au graph de LinkedIn, il a été l'une des raisons du rachat du réseau social par Microsoft. Le géant du logiciel compte capitaliser sur cette brique pour enrichir son Microsoft Graph. Enfin, Slack et Box ont eux aussi dévoilé leurs technologies de graph d'entreprise.

Une start-up américaine tente de démocratiser cette technologie au sein des entreprises en recourant à la blockchain. Créée en 2017, GraphPath propose ni plus ni moins qu'un système d'exploitation orienté graph de connaissances (GraphOS) basé sur la technologie de la chaîne de blocs. Situé à Miami, l'éditeur entend ainsi livrer une solution clé en main pour motoriser une infrastructure de graph d'entreprise. L'environnement doit également donner accès à des fournisseurs de données ou des data scientists, la constitution d'un graph de connaissances nécessitant une masse critique d'informations. Celui de Google contient plus de 70 milliards d'éléments.

En termes de cas d'usage, GraphPath donne l'exemple d'un opérateur télécoms qui souhaiterait réduire le taux d'attrition de ses abonnés. "Il gagnerait à mettre en relation les informations qu'il possède, factures, journaux d'appels, frais d'itinérance, avec des données issues des profils sociaux de ses clients ou des données de géolocalisation", argue la jeune pousse. Pour le cabinet EY, les possibilités sont multiples. Au-delà d'une vue à 360° du client, un graph de connaissances peut servir à la détection des cas de fraude ou à la gestion de la chaîne logistique. Directeur des opérations de la start-up, Martin Enriquez vise "les secteurs d'activité qui souhaitent mieux comprendre leur activité par un pilotage global de la donnée". Aux côtés des télécoms, GraphPath cible la finance, le commerce de détail et le marché des produits de grande consommation.

Un Graal pour les entreprises

A ce jour, quinze entreprises ont testé le prototype de la plateforme dont The Home Depot, Pepsico et l'assureur MetLife. Que des entreprises américaines pour le moment. "Nous sommes en contact avec des prospects en Europe, mais pour l'heure aucun n'est français", confie Martin Enriquez. En termes de profil utilisateur, GraphPath s'adresse aux experts de la business intelligence, de l'innovation, du développement de produits et du marketing. 

En soi, le déploiement d'une base de données orientée graph n'est pas un problème. De Neo4j à TigerGraph, en passant par Datastax Enterprise Graph, JanusGraph ou Stardog, les solutions ne manquent pas. Les principaux fournisseurs de cloud dont Microsoft, IBM ou Amazon Web Services commercialisent également des solutions de "Graph as a Service".

GraphPath compte aller plus loin en déployant un graph de connaissances "prêt à l'emploi", disponible en mode SaaS ou déployable en interne (on-premise), et nécessitant le moins d'intégration possible. D'où le qualificatif de Knowledge as a Graph donné au produit. "Notre objectif est d'éliminer les frictions associées à l'intégration de tout nouveau client, grand ou petit, de manière à ce que le graph soit opérationnel en quelques heures, voire en quelques minutes", avance Demian Bellumio dans un billet. Le PDG et fondateur de GraphPath explique qu'il a été l'un des premiers utilisateurs de la base de données Titan Graph en 2013.

GraphPath permettrait par ailleurs aux entreprises de gagner en indépendance vis-à-vis des fournisseurs spécialisés. Dans un article du JDN, Bastien Le Lann, responsable du pôle d'analyse et création du cabinet de conseils français Lecko, regrette que des éditeurs comme Microsoft gardent la main sur leur graph "alors qu'il représente le capital social de l'entreprise".

"Une chaîne de blocs spécifiquement conçue pour la création et la gestion de réseaux d'actifs de connaissances"

GraphPath reste discret sur les technologies sous le capot, qu'il s'agisse de son moteur de calcul graphique ou de ses workflows de machine learning. Martin Enriquez indique seulement que la chaîne de blocs mise en œuvre, basée sur Ethereum, a été "spécifiquement conçue pour la création et la gestion du réseau où les actifs de connaissances sont échangés". GraphPath prévoit le lancement de la première version publique de son GraphOS d'ici la fin du deuxième trimestre 2019. La plateforme se veut indépendante des bases de données et compatible avec un certain nombre d'outils open source complémentaires.

Pour accélérer son développement, GraphPath a fait l'acquisition de Socialmetrix, une start-up américaine spécialisée dans le monitoring et l'analytique des médias sociaux. Sans communiquer sur le montant des fonds levés, la société indique avoir bouclé un deuxième tour de table. Aux investisseurs existants, NXTP Labs et Overboost sont venus s'ajouter pour l'occasion d'autres fonds américains et européens comme SPiCE VC, 11-11 Ventures, DG Global Ventures, ElevenYellow et Next Chance Group. GraphPath s'est en outre entouré de conseillers dont l'Américain Chris Boos et le Français Antoine Blondeau, respectivement dirigeants d'Arago et de Sentient Technologies et experts en IA reconnus.

GraphPath a, enfin, constitué un consortium chargé de développer et standardiser le protocole de GraphOS. Regroupant une communauté d'experts de l'IA ou de la blockchain, il est supervisé par Demian Bellumio en lien avec Andrew McLaughlin, un entrepreneur qui a travaillé avec l'Icann, Google, Tumblr et le gouvernement américain. Le modèle économique de GraphPath repose à la fois sur un abonnement et des prestations de services d'intégration.