Le rôle de l'architecture d'entreprise dans la transformation du secteur bancaire

Outre le Brexit qui engendre des incertitudes politiques et réglementaires, le secteur bancaire doit composer avec un environnement législatif en constante évolution et l'apparition de nouvelles technologies telles que les chatbots, la blockchain ou l'IA.

La banque telle qu’on l’a connue n’existera bientôt plus. Elle sera demain, complètement digitalisée et ultra-personnalisée. Les nouveaux entrants occuperont à terme certains segments de marchés jusqu’ici exclusivement réservés aux banques traditionnelles. D’ailleurs, une étude du groupe teknowlogy (CXP) estimait que 40 à 60 =% du marché de la banque de détail serait capté par ces acteurs d’ici 10 ans. Les attentes des consommateurs ont évolué. Ils recherchent aujourd’hui à disposer de solutions connectées qui leur permettent de contrôler et d’agir sur leurs finances quand ils le souhaitent en tout temps et en tous lieux.

Ainsi, depuis quelques années, le marché bancaire est bousculé par l’arrivée des néo-banques, qui ont placé l’expérience client au cœur de leurs modèles. D’ailleurs ces dernières connaissent un succès rapide dans l’Hexagone avec près de 4,4 millions de clients. Leur succès a plusieurs origines telles qu’une approche paneuropéenne ou encore une uniformisation de leur système d’information, leur donnant une grande liberté pour réinventer la banque.

Les néo-banques se sont construites autour d’un système d’information intégrant dès l’origine la nécessité d’avoir une cohérence. Elles dessinent un écosystème et une architecture ouverte pour se développer en maîtrisant les coûts d’investissement et s’assurer de conserver les partenaires les plus performants et les plus rentables. Elles peuvent ainsi offrir à leurs clients une expérience d’utilisation optimale… A l’inverse, les banques historiques se montrent incohérents en exposant d’un côté leurs dernières innovations sur smartphone et en utilisant de l’autre des technologies anciennes telles que le langage Cobol créé en 1959, ou l’AS/400, crée en 1988 ! Ces banques doivent ainsi supporter des coûts d’entretien et d’activité variables quand leurs concurrentes en ligne n’ont pas d’historique  (legacy) à gérer.

Pour autant, il est délicat pour les banques historiques de changer de modèle. Leurs systèmes sont éprouvés. Ils sont fiables et très stables lorsqu’il s’agit de traiter des données en masse.

Pour transformer les banques avec succès, trois leviers sont nécessaires : l’expérience client, la technologie et la donnée. Les clients d’aujourd’hui veulent interagir avec leur banque de manière simple et rapide, à n’importe quel moment. C’est pourquoi l’expérience client est au cœur de la transformation digitale du secteur bancaire. Des outils permettent de cartographier le parcours client et en particulier les points de contact entre l’organisation et le client. En reliant les points de contacts aux processus internes, il est possible de redéfinir complètement l’expérience client tout en ayant des processus internes qui supportent de façon optimale cette expérience.

Le deuxième point est la technologie. Les banques doivent intégrer des technologies émergentes plus rapidement que leurs concurrents tout en créant des nouveaux écosystèmes basés sur ces technologies. L'impact des technologies émergentes est si important que les banques doivent être en avance sur les technologies qui deviendront un jour utilisées par le plus grand nombre. Dans ce contexte, les architectes d'entreprise sont les mieux à même de repérer les nouvelles tendances technologiques, mais aussi de comprendre et d’analyser leur impact. Ils peuvent aider à aligner les efforts d'innovation avec la stratégie métier, faire des recommandations, évaluer les opportunités métier et comprendre leur impact sur les systèmes informatiques.

Le dernier point est la donnée. Les banques consomment un volume important de données, traitées par un système d’information qui, de fait, revêt un caractère stratégique. De plus, dans un contexte où les données personnelles sont de plus en plus régulées, il convient de se mettre en conformité avec les organismes de protection des données alors que l’amélioration de l’expérience client passe précisément par l’utilisation des données personnelles. Grâce à la cartographie de données, au lignage des données, mais aussi en reliant les données aux processus métier et aux applications qui les utilisent, l’architecture d’entreprise permet de faciliter la mise en conformité et fournit une vision claire des différentes transformations que subit la donnée.

Pour faire face aux nouveaux entrants, il est devenu essentiel de garantir la qualité de leurs services, améliorer l’expérience client, conserver leur part de marché - les banques historiques doivent sans arrêt innover. Cela suppose une refonte de leur système d’information afin de soutenir les objectifs stratégiques. L’architecture d’entreprise va permettre d’établir un plan pour répondre aux enjeux d’amélioration de l’expérience client, d’évaluer les opportunités technologiques et d’accroître la visibilité sur les données. C’est pourquoi, l’architecture d’entreprise est en train de devenir un instrument essentiel de la différenciation concurrentielle des banques.